Toulouse. GPSO : 14 milliards d'euros pour réinventer les voies ferroviaires européennes

Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) se met enfin sur les rails et promeut une ère nouvelle pour les déplacements en Europe. Avec un financement colossal de 14 milliards d'euros pour sa première phase et l'implication de 24 collectivités territoriales partenaires, le GPSO promet une refonte intégrale des infrastructures ferroviaires.

De gauche à droite : Sébastien Vincini (président du Conseil Départemental de Haute-Garonne), Pierre-André Durand (préfet de la région Occitanie), Carole Delga (présidente de la Région Occitanie), Jean-Luc Moudenc (président de Toulouse Métropole) et Matthieu Chabanel (PDG de SNCF Réseau). (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

De gauche à droite : Sébastien Vincini (président du Conseil Départemental de Haute-Garonne), Pierre-André Durand (préfet de la région Occitanie), Carole Delga (présidente de la Région Occitanie), Jean-Luc Moudenc (président de Toulouse Métropole) et Matthieu Chabanel (PDG de SNCF Réseau). (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Dans la continuité de la ligne Sud Europe Atlantique Tours-Bordeaux, inaugurée en 2017, le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) se positionne comme une réponse aux défis de mobilité longue distance, de développement des transports quotidiens et du fret ferroviaire. Son objectif est clair : renforcer l'offre de services ferroviaires dans le grand Sud-Ouest français et faciliter les échanges avec la péninsule ibérique.

24 collectivités territoriales partenaires

Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie, coordonne ce projet d'envergure, tandis que SNCF Réseau et SNCF Gares & Connexions agissent en tant que maîtres d'ouvrage. Avec l'adhésion de 24 collectivités territoriales partenaires, le GPSO bénéficie d'un solide soutien local pour sa mise en œuvre.

"Une première brique du futur GPSO"

La première phase du GPSO, déclarée d'utilité publique, englobe la création de nouvelles lignes et gares sur les axes Bordeaux-Toulouse, Toulouse-Dax-Espagne et Bordeaux-Dax-Espagne, ainsi que des aménagements sur la ligne existante Bordeaux-Toulouse. Cette phase bénéficie d'un financement conjoint de l'État et des collectivités locales, avec une contribution significative de l'Union européenne, représentant un investissement total de 14 milliards d'euros. « C’est une première brique du futur GPSO qui se matérialise sur le terrain, avec à terme une desserte à grande vitesse des territoires des deux régions Occitanie et Nouvelle-Aquitaine. C’est enfin une contribution au futur Service express régional métropolitain toulousain, avec deux voies nouvelles aménagées aux côtés des voies existantes régénérées, des haltes modernisées et dotées de pôles d’échanges multimodaux. Fin 2031, nous aurons ainsi des capacités supplémentaires pour les trains du quotidien et les trains de marchandises, avec une qualité de service renforcée et fiabilisée », explique Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie et préfet coordonnateur du GPSO.

La seconde phase du projet, incluant la nouvelle ligne Dax-Espagne, représente un investissement supplémentaire de 4 milliards d'euros. Ces infrastructures modernes, totalisant 418 kilomètres de nouvelles lignes et comprenant trois gares nouvelles et deux haltes, contribueront à améliorer l'accessibilité et l'attractivité des territoires du Sud-Ouest, favorisant ainsi le développement économique et social de la région, et renforçant les liens avec l'Espagne.

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Signé le 14 mars 2022, le projet prévoit une participation de 40% par l’État, 40% des 24 collectivités. (Document : SNCF)

Le GPSO au carrefour des corridors européens

Le Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) ne se limite pas à une amélioration locale des infrastructures ferroviaires, mais s'inscrit dans une vision plus vaste de connectivité européenne. En reliant les corridors atlantique et méditerranéen, il favorise une mobilité durable pour tous les voyageurs, tout en renforçant le maillage national et européen.

Les liaisons entre l'Europe du Nord, la péninsule ibérique et les façades atlantique et méditerranéenne seront considérablement améliorées, offrant des temps de trajet comparables à ceux des axes ferroviaires majeurs tels que Paris-Lyon-Marseille. Les nouvelles lignes prévues contribueront ainsi à un réseau de transport plus cohérent et efficace à l'échelle nationale et européenne.

Un "New Deal ferroviaire"

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie et présidente de la société du GPSO, souligne :

« Le lancement des travaux des aménagements ferroviaires au Nord de Toulouse est une étape cruciale dans l’aboutissement du projet de ligne à grande vitesse Toulouse-Bordeaux-Dax. Dans quelques années maintenant, Toulouse et l’Occitanie seront enfin connectées à la grande vitesse. Vers Paris d’une part, mais aussi vers le Sud de l’Europe. Cette infrastructure nous permettra par ailleurs d’augmenter la fréquence des trains du quotidien sur l’axe Toulouse-Montauban, à la manière d’un RER. Le Grand Projet ferroviaire du Sud-Ouest comme la Ligne Nouvelle Montpellier-Perpignan illustrent clairement le new deal ferroviaire que j’appelle de mes vœux, en France comme au niveau européen »

En outre, le GPSO prévoit la création de dessertes intermédiaires, renforçant ainsi l'intermodalité et permettant des connexions fluides entre les différents modes de transport. Les gares nouvelles de Mont-de-Marsan (Landes), Agen (Lot-et-Garonne) et Montauban (Tarn-et-Garonne), ainsi que les haltes SRGV Sud-Gironde et côte Landaise joueront un rôle clé dans ce réseau intégré, offrant aux voyageurs des options de déplacement flexibles et pratiques.

Porter la part du fret à 25%

Le projet ne se limite pas aux passagers, mais intègre également une vision ambitieuse pour le transport de marchandises. En alignement avec la stratégie nationale de développement du fret ferroviaire, le GPSO vise à porter la part du fret transporté par train à 25 % d'ici 2050. Cette transition vers des modes de transport plus durables contribuera à réduire l'empreinte carbone globale tout en renforçant l'efficacité logistique à l'échelle nationale et européenne.

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La pose de la première pierre a eu lieu le mardi 7 mai 2024 et 10 000 emplois seront créés. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Le GPSO au service de l'environnement

En favorisant l'utilisation du train, le GPSO contribue activement à la décarbonation des déplacements, permettant ainsi de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Son bilan carbone devrait être neutre d'ici une dizaine d'années, soulignant ainsi son impact positif sur l'environnement à long terme. Dès sa conception, le GPSO a placé la limitation des impacts environnementaux au cœur de ses préoccupations, en adoptant une approche rigoureuse basée sur le principe "Éviter, Réduire, Compenser" (E.R.C). Cette démarche vise à éviter les zones sensibles, à réduire les effets néfastes en adaptant le projet, et à compenser les impacts résiduels significatifs.

Les explications avec Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole :

« L’arrivée de la Grande vitesse est un considérable progrès pour Toulouse et l’ensemble de la Métropole. Cette nouvelle ligne crée de nouvelles opportunités pour les Toulousains, en les rapprochant, tout à la fois, de Bordeaux, de l’Espagne et de Paris. Elle constitue une puissante alternative décarbonée à la voiture et à l’avion, dans des conditions confortables, propices au travail à bord pour ceux qui voyagent dans un cadre professionnel. Comme beaucoup d’entre nous le réclament, les aménagements qu’elle implique permettront un véritable bond en avant pour les trains du quotidien et le développement du fret. Je me réjouis de voir démarrer les travaux tant attendus des Aménagements Ferroviaires du Nord Toulousain (AFNT) et, avec eux, ceux du projet de Ligne à Grande Vitesse Toulouse -Bordeaux-Paris ».

Les principaux enjeux environnementaux du GPSO ont été identifiés et pris en compte tout au long du processus de planification et de conception. Parmi ces enjeux figurent la préservation des zones humides, la protection des ressources en eau superficielle et souterraine, la conservation des zones Natura 2000, la protection des espèces de faune et de flore, la préservation des terres agricoles et sylvicoles, la réduction des nuisances sonores et des vibrations, la qualité de l'air, ainsi que la limitation de l'artificialisation des sols.

Réduction du CO2

Grâce à une évaluation approfondie des impacts environnementaux, les équipes du GPSO ont pu définir des hypothèses de tracés optimales, minimisant ainsi les répercussions sur l'environnement. Cette approche a été menée en étroite collaboration avec les parties prenantes locales et les autorités gouvernementales, garantissant une prise en compte équilibrée des intérêts environnementaux et sociétaux.

Les retombées positives du GPSO en matière de réduction des émissions de CO2 sont significatives, avec 340 000 tonnes d'émissions évitées chaque année, ce qui équivaut à 680 000 allers-retours entre Toulouse et Bordeaux, selon les données de l'ADEME.

L'accueil chaleureux du GPSO dans une enquête
Le Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) suscite un fort engouement et une grande attente, tant en France qu'en Espagne. Près de 8 Français sur 10 et plus de 9 Espagnols sur 10 soutiennent le GPSO, reconnaissant ainsi son potentiel à renforcer la connectivité européenne et à améliorer les échanges entre les régions.
Les résultats d'une enquête révèlent que les trois-quarts des Français et plus de 9 Espagnols sur 10 sont convaincus des avantages que le GPSO apportera, que ce soit en facilitant les liaisons entre Toulouse et Bordeaux, ou en renforçant les échanges transfrontaliers entre la France et l'Espagne. Cette adhésion massive à la vision du projet témoigne de son importance perçue pour les citoyens des deux pays.
Pour une très large majorité des personnes interrogées, le GPSO représente une opportunité positive à plusieurs niveaux. D'abord, sur le plan environnemental, le projet est salué pour son encouragement des trajets en train, contribuant ainsi à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Ensuite, sur le plan des déplacements quotidiens, le GPSO est perçu comme un moyen efficace de gagner du temps, offrant des connexions rapides et fiables entre les différentes villes desservies par le réseau. Enfin, sur le plan économique, le GPSO est vu comme un catalyseur des échanges entre la France et l'Espagne, favorisant le commerce et les investissements transfrontaliers, ce qui stimulera la croissance économique des deux côtés de la frontière.

La métamorphose ferroviaire avec les AFNT

Les Aménagements Ferroviaires au Nord de Toulouse (AFNT), faisant partie intégrante du Grand Projet Ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO), sont conçus pour répondre aux défis croissants de desserte territoriale face à l'augmentation du trafic voyageurs et fret. Ces aménagements sont pensés en cohérence avec la future ligne nouvelle entre Bordeaux et Toulouse, visant à optimiser les connexions ferroviaires dans la région.

L'objectif principal des AFNT est d'améliorer les conditions d'accueil des circulations à grande vitesse (TGV) depuis l'extrémité de la LGV jusqu'à la gare de Toulouse-Matabiau. Cela permettra d'assurer un flux de voyageurs fluide et efficace, favorisant ainsi une expérience de voyage optimale pour les usagers du train.

Un bénéfice (aussi) pour les TER

En outre, les AFNT contribueront au développement de l'offre de service des trains du quotidien (TER). D'ici 2032, le nombre de trains TER devrait passer de 58 à 92, offrant ainsi une plus grande fréquence de service et une meilleure accessibilité pour les habitants de la région. Ces initiatives s'inscrivent dans le cadre des ambitions du Service Express Régional Métropolitain (SERM) de l'aire toulousaine, visant à renforcer les transports en commun et à améliorer la mobilité quotidienne des citoyens. « Nous devons lutter contre les bouchons et protéger les Hauts-Garonnais des pollutions atmosphériques. Développer le rail est un moyen efficace, durable, pour y parvenir et accélérer la nécessaire bifurcation écologique. Le démarrage du chantier des Aménagements Ferroviaires au Nord de Toulouse est une étape majeure qui acte le lancement des travaux du GPSO. Le Département est le deuxième plus gros financeur de ce projet en Occitanie. Un projet qui permettra de relier notre territoire au Réseau des lignes à grande vitesse mais également d’offrir aux Haut-Garonnais, ruraux comme métropolitains, une alternative de transport du quotidien compétitive et décarbonée. C’est en combinant un mix de solutions, le vélo, le covoiturage, le rail, les transports en commun, que nous parviendrons à réduire l’utilisation de la voiture individuelle », souligne Sébastien Vincini, président du Conseil départemental de la Haute-Garonne.

Les travaux pour l'expansion ferroviaire

La mise à 4 voies de la ligne ferroviaire entre Toulouse et Saint-Jory représente un projet d'envergure qui vise à moderniser et à sécuriser les infrastructures ferroviaires dans la région. Ce projet comprend plusieurs volets essentiels pour répondre aux besoins futurs de mobilité et pour assurer une intégration "harmonieuse" dans l'environnement local.

Tout d'abord, la création de deux voies rapides et deux voies lentes permettra d'optimiser la circulation des trains à grande vitesse et des trains régionaux, offrant ainsi des temps de trajet plus rapides et plus fiables pour les voyageurs. Ces nouvelles voies seront équipées d'aiguillages et d'installations de signalisation modernes pour garantir une gestion efficace du trafic ferroviaire. Pour assurer la sécurité des voies, notamment dans les zones à risques industriels comme le dépôt d'hydrocarbures de Lespinasse, une galerie couverte sera construite au-dessus des voies, offrant une protection supplémentaire contre les accidents éventuels.

Favoriser la biodiversité locale

En parallèle, plusieurs ouvrages seront adaptés ou reconstruits pour élargir la plateforme ferroviaire et faciliter l'accès aux quais de gare. Ces travaux incluent la construction de murs de soutènement sur 3 km pour minimiser l'impact sur le foncier et la mise en place de murs antibruit sur 7,7 km pour atténuer les nuisances sonores pour les riverains.

L'aspect environnemental est également pris en compte dans la conception de ces aménagements. Les installations seront réalisées en harmonie avec le paysage environnant, en intégrant des éléments paysagers et en favorisant la biodiversité locale. De plus, des équipements photovoltaïques seront installés pour réduire la consommation d'énergie et promouvoir les énergies renouvelables.

Enfin, dans le cadre de l'aménagement des gares pour les transports du quotidien, un effort particulier sera fait pour rendre ces infrastructures accessibles à tous, notamment aux personnes à mobilité réduite. Des ascenseurs et des passages dénivelés seront aménagés pour faciliter l'accès aux quais, et des mobiliers "confortables" seront installés pour assurer le confort des voyageurs en attente de leur train.

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Voici le planning du calendrier des travaux des aménagements ferroviaires du nord toulousain (AFNT). (Document : SNCF)

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