Enquête conjoncturelle de la CCI de Toulouse : Les voyants sont passés du vert au rouge

La CCI de Toulouse.

La CCI de Toulouse.

Philippe Robardey, président de la CCI de Toulouse, et Stéphane Latouche, directeur régional de la Banque de France en Occitanie, ont présenté ce mercredi 8 avril l’enquête annuelle de conjoncture des entreprises de la Haute-Garonne. Les perspectives annoncées en début d’année ont complètement changé et toutes les prévisions sont revues à la baisse. 

La CCI de Toulouse et la Banque de France Occitanie ont présenté le bilan 2019 et les perspectives 2020 de l’activité des entreprises haut-garonnaises. Dans un contexte inédit, la confiance des entrepreneurs pour 2020, basée sur une bonne année 2019, a pris une grande claque. L’Occitanie subit la crise du Covid-19 et suit la tendance nationale de repli d’activité, aujourd’hui estimée à un tiers de l’activité. 

Repli national de l'activité de 32 % 
Sur le plan national, la Banque de France annonce une baisse de 6 % du PIB au premier trimestre 2020, un chiffre record depuis la seconde guerre mondiale. Ce résultat est directement lié au repli de l’activité qui atteint les 32 %. Autrement dit, l’économie française tourne aux deux-tiers de son potentiel et Stéphane Latouche pressent la même tendance pour l’Occitanie.

Depuis l’annonce du confinement, l’industrie française a eu une perte d’activité de 42 %. Les  secteurs du transport et de l’habillement sont parmi les plus affectés. Les services marchands ont aussi connu une baisse importante de 37 %. Pour ce qui concerne la construction, le repli atteint les 75 %. Durant cette même période, la consommation des ménages a baissé d’environ 30 %. 

Changement de scénario en mars
Environ 700 chefs d’entreprise haut-garonnais ont été interrogés pour réaliser l’enquête classique de conjoncture sur 2019 et début 2020. L’enquête présente une belle année 2019 avec 84 % des entreprises affichant une situation financière saine et de la création d’emplois dans tous les secteurs. Pour 2020,  70 % des dirigeants présentaient des perspectives positives. Aujourd’hui, ces positions ne sont évidemment plus d’actualité. L’enquête a été réactualisée par un deuxième sondage mené du 20 mars au 6 avril. Et le scénario n’est plus du tout le même.Après un début de crise marqué par des fermetures administratives et des arrêts d’activité, Philippe Robardey a rappelé que les entreprises ont entamé un "redémarrage progressif en mode très dégradé", les contraintes étant d’ampleur : difficultés à respecter les règles de sécurité sanitaire, à disposer d’un effectif disponible suffisant, à gérer les retards d’approvisionnement, la non visibilité sur les carnets de commandes… « De façon générale, la trésorerie des entreprises s’est dégradée, et ça va continuer en avril », commente-t-il.

Tourisme et aéronautique : deux fleurons devenus points d'inquiétudes
 Les secteurs les plus touchés sont d’ailleurs des secteurs comprenant habituellement beaucoup de TPE : les transports (-71% de CA au 2nd trimestre), les services aux particuliers (-68%), l’hôtellerie-restauration (-66%), les services opérationnels, les industries des biens de consommation, les industries des équipements électriques et électroniques, les commerces vente-réparation automobile, les commerce d’équipement du foyer, le commerce de détail d’équipement de la personne. Le BTP, le tourisme, l’événementiel font aussi partie des activités les plus touchées. L’agroalimentaire et la grande distribution sortent plutôt bien leur épingle du jeu pour le moment. Côté aéronautique, Philippe Robardey fait état de grandes interrogations sur le réajustement des cadences de production suite aux difficultés que vivent les compagnies aériennes aujourd’hui. Airbus vient d'annoncer une baisse d'un tiers de ses cadences. 

Un CA divisé par deux pour 56 % des entreprises interrogées
Déjà 51 % des entreprises ont engagé des procédures pour obtenir l’accompagnement des pouvoirs publics et des collectivités territoriales. Ce chiffre a s certainement augmenté depuis la fin de l'enquête. Les trois-quarts des entreprises sont impactées par une baisse de chiffre d’affaires et cet impact sera quasi-généralisé au second trimestre. « Le CA est divisé par deux, voir plus de deux, pour 56 % des entreprises », indique le président de la CCIT. Le directeur régional de la Banque de France en Occitanie Stéphane Latouche conseille aux entrepreneurs de se focaliser sur la préservation de l'outil de production, et pour cela de ne pas hésiter à se renseigner pour "actionner tous les leviers mis à disposition par les banques, l'Etat, les collectivités". 31 % des entreprises interrogées pourraient réduire leurs effectifs au second trimestre.

 

 

 

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