Ces entreprises d'Occitanie révèlent leurs idées pour recruter (et garder) les meilleurs talents

Lundi 16 octobre 2023, la Région Occitanie organisait, en duplex de Toulouse et Montpellier, une conférence-débat sur la façon dont les entreprises arrivent à garder leurs talents en interne, mais aussi à recruter. Témoignages.

A Toulouse, TAT Productions (250 salariés) a mis en place des leviers pour recruter mais aussi fidéliser les talents présents dans l'entreprise. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

A Toulouse, TAT Productions (250 salariés) a mis en place des leviers pour recruter mais aussi fidéliser les talents présents dans l'entreprise. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

"Attrape-moi si tu peux !" : c'est avec cet intitulé que la Région Occitanie a organisé, lundi 16 octobre 2023 en duplex de Toulouse (à la Cité) et à Montpellier (à la Cité de l'économie et des métiers de demain), une conférence-débat. Non pas pour apprendre à filer entre les doigts de la police comme Leonardo di Caprio le fait avec maestria face à Tom Hanks dans le film éponyme, mais pour recruter et garder ses talents dans l'entreprise.

Plusieurs entreprises de toutes tailles ont évoqué cette problématique durant deux heures. Il y avait là Jean-François Tosti (dirigeant de TAT Productions), Jean-Louis Ribes (DSI), Nicolas Jérez (Bulane), Céline Ménard (Biotope), mais aussi d'autres entreprises via des vidéos enregistrées. Voici les temps forts sur ces riches échanges. 

C'est quoi, un talent ?

Pour Jean-François Tosti, l'un des grands artisans du cinéma d'animation à la française (et à la Toulousaine), "un talent, c'est quelqu'un qui apporte quelque chose au collectif, qui fait quelque chose que ne sait pas faire le voisin. Et une entreprise, c'est une réunion de talents pour surmonter des défis gigantesques". "Le talent, c'est ce qui fait la différence", estime de son côté Jean-Louis Ribes, pour qui les salariés talentueux ne sont pas égoïstes, mais "entrepreneurs du collectif".

Pour le CEO de l'Héraultais Bulane, "un talent, c'est quelqu'un de singulier mais qui comprend l'environnement dans lequel il évolue". "Nous recherchons des personnalités qui ont envie de trouver une histoire, de donner un sens à leur action professionnelle et d'être force de proposition auprès de nos clients", indique pour sa part Céline Ménard pour Biotope.

Chez Connektica, start-up du New Space installée à Toulouse depuis 2022, le co-fondateur Jérémy Perrin observe "un bassin de talents incroyable en Occitanie". Mais détecter des talents ne tombe pas forcément sous le sens...

"On recrute d'abord des CV, cela reste le premier filtre. Les vrais talents sont difficiles à déceler lors du premier entretien. Sur le volet RH, attirer des talents demande une énergie incroyable. Et j'ai eu récemment une mauvaise expérience d'un talent qui nous a malheureusement échappés".

La conférence-débat a permis aux chefs d'entreprise d'échanger sur leurs bonnes pratiques en matière de recrutement de nouveaux talents. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
La conférence-débat a permis aux chefs d'entreprise d'échanger sur leurs bonnes pratiques en matière de recrutement de nouveaux talents. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Leurs idées pour garder (et fidéliser) leurs talents

"Les talents, tout le monde se les arrache !". Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie en charge de l'Economie, de l'Emploi, de l'Innovation et de la Réindustrialisation, est le premier témoin de la vitalité de l'emploi dans la région, et des règles du jeu qui ont changé entre employeurs et salariés. 

Afin de maintenir en éveil et en appétit un salarié dont on estime qu'il a du talent, quelles sont les bonnes pratiques des boîtes pour les recruter (et les fidéliser) ? "L'équilibre vie pro/vie perso est aujourd'hui au coeur des enjeux", estime sans ambages Nicolas Jérez. Il le confirme : les temps ont changé dans le milieu du recrutement. "Aujourd'hui, on recrute quelqu'un comme on cherche un partenaire. Pour les candidats, le travail est choisi en fonction de la vie que le salarié veut avoir. Chez nous, Bulane doit être un support de cet accomplissement".

"Les salariés recherchent du sens et du bien-être au travail : c'est à nous de séduire les candidats pour les attirer", explique Céline Ménard. Elle a mis en place chez Biotope une souplesse sur le temps de travail.

Elle explique :

"Notre activité est cyclique et varie selon la nature, avec une baisse d'activité l'hiver. Nous avons alors mis en place le temps de travail annualisé à 80%, ce qui fait que nous ne voyons pas certains salariés durant deux à trois mois dans l'année".

La dirigeante a également une "prime de condition extrême" pour les déplacements dans des terres où l'habitat est plus difficile, comme en Guyane. Elle est présente dans l'entreprise depuis 20 ans. Pourquoi cette longévité ? "Je change de poste tous les 5 ans et Biotope propose la montée en responsabilité. Nous avons aussi un système de parrainage pour créer du lien et un plan d'intégration et de formation".

L'autre atout dégainé par Biotope, c'est l'actionnariat salarié. Une initiative pas du tout frileuse mais bel et bien ambitieuse ! "Sur 400 salariés, 100 sont actionnaires", précise la dirigeante du bureau d'étude languedocien.

Dans la Ville rose, chez TAT Productions (250 salariés), Jean-François Tosti et ses co-gérants étaient tellement occupés par les sujets de RH qu'ils ont recruté... une recruteuse ! "Ce n'est pas une DRH mais quelqu'un qui, toute la journée, nous cherche des talents pour nos projets. Et ça marche !". Pour fidéliser ses nouveaux employés, il a créé un petit-déjeuner d'accueil chaque dernier vendredi du mois. "C'est un moment convivial mais on en profite aussi pour raconter l'histoire de la boîte. Cela incite à un autre engagement de la part du salarié. Car mieux les salariés sont dans le travail, mieux ils créent". 

Pour Jean-François Tosti, le salaire n'est pas "le premier moteur" chez les salariés. "En 23 ans, pas un salarié n'est parti en raison d'un salaire qu'il aurait jugé pas assez élevé. Chez nous, les candidats mettent en priorité les projets de l'entreprise, le bien-être et les possibilités d'évolution". 

A Béziers (Hérault), Genvia s'est positionné comme un géant français de l'hydrogène décarboné et durable. Il emploie une soixantaine de personnes et vise les 200 collaborateurs à fin 2024. Sa CEO, Florence Lambert, explique comment elle tente d'attirer les talents dans son entreprise et dans cette aventure de l'énergie de demain.

"Avec Eden, nous possédons un écosystème autour de l'hydrogène vert dans l'Hérault. Nous travaillons auprès des jeunes en Bac Pro et BUT, nous prenons 10 à 15 apprentis chaque année. Avec les salariés, nous échangeons régulièrement sur les projets, les rendez-vous dans l'année. Nous essayons aussi d'offrir des services à nos salariés comme la récupération de colis, la possibilité d'acheter des légumes sur place, l'organisation de conférences, d'expos d'artistes...".

Le mécénat d'entreprise reste un autre levier pour convaincre des salariés de rester. Jalil Benabdillah, élu régional mais également PDG du groupe SDTech, fait partie des partisans, tout comme Jean-François Tosti, qui met en avant en parallèle le partenariat signé avec le TFC ces derniers mois. L'élu gardois a mis en place un système dans lequel l'entreprise verse "une petite somme annuelle aux salariés pour qu'ils deviennent eux-mêmes mécènes".

C'est quoi, le dirigeant de demain ?

"L'entreprise doit être plus collaborative, il faut améliorer l'environnement du quotidien", estime sur cette question Jean-Louis Ribes, chez DSI. La transparence est tout aussi capitale selon le Toulousain Jean-François Tosti. "Il faut expliquer et communiquer ce que l'on fait et pourquoi".

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