Inflation, croissance... Ce qu'il faut savoir sur la santé économique de l'Occitanie en 2023

Mercredi 13 septembre 2023, la Banque de France a fait le point de mi-année 2023 sur la conjoncture économique en Occitanie. Malgré une certaine résilience, des points de vigilance demeurent. 

Pour la Banque de France Occitanie, "2023 est véritablement l'année de la résilience" sur le plan économique. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Pour la Banque de France Occitanie, "2023 est véritablement l'année de la résilience" sur le plan économique. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Les enquêtes régulières de la Banque de France permettent de prendre le pouls de l'activité économique et du moral des chefs d'entreprise. La dernière enquête réalisée en Occitanie, en juillet-août 2023, s'est déroulée auprès d'un échantillon de 1392 entreprises et établissements de la région et ce, dans les domaines de l'industrie (58% des entreprises), du BTP (25%) et des services marchands (24%). Un échantillon, certes, mais qui pèse quand même 178 500 salariés et 47 milliards d'euros de chiffre d'affaires !

Cette étude "montre une bonne résilience de l'économie régionale et une augmentation des prévisions d'investissement dans un climat général de modération de la consommation des ménages, d'une inflation encore marquée sur l'année, de l'augmentation des taux d'intérêt et de la poursuite des difficultés de recrutement. En France, un chef d'entreprise sur deux déclare des difficultés de recrutement", résume la Banque de France Occitanie.

Voici les cinq points pour tout savoir sur la santé économique de notre région.

Sur la croissance et le chiffre d'affaires

"Les difficultés de recrutement se poursuivent mais le deuxième trimestre 2023 a été excellent. Nous allons réviser la croissance à la hausse, de 0,7 à 0,9 voire 1%", révèle Christine Bardinet, la directrice de la Banque de France en Occitanie. La progression du chiffre d'affaires est revue à la hausse et le montant des investissements est plus soutenu dans tous les secteurs. Seul bémol, dans l'industrie, avec une progression plus modérée (+4,2% contre +6,9% début 2023). La moitié des chefs d'entreprise expliquent cette variation par une baisse d'activité. "Nous ne sommes pas en récession mais en croissance", pointe Christine Bardinet.

Malgré des tensions dans les transports, l'hébergement et les équipements électroniques, les trésoreries sont globalement à l'équilibre. "2023 est véritablement l'année de la résilience", rappelle Christine Bardinet, qui annonce un bon mois de septembre 2023 sur le front du tourisme, notamment en raison de la Coupe du monde de rugby et du phénomène des "septembristes", ces salariés qui prennent leurs vacances durant le mois de la rentrée.

Quid de l'inflation ?

"On va vaincre l'inflation et on a les moyens". Voici ce que disait Christine Bardinet lors du dernier point de conjoncture économique, en mai 2023. La directrice occitane a rappelé, comme au printemps, le rôle capital joué par les différents boucliers tarifaires, notamment sur l'énergie, et annonce une (petite) bonne nouvelle sur le sujet de l'inflation :

"Les prix n'augmentent plus, ou alors ils augmentent moins vite. Mais nous n'assistons pas à une baisse de l'inflation ! Les prévisions sont de +4,8% pour fin 2023, contre 5,1% actuellement"

La hausse des salaires (+6,1%) dépasse désormais l'inflation. Quant au taux de chômage, une stabilisation est prévue d'ici la fin 2023 dans une région Occitanie où le chômage est toujours plus haut par rapport à la moyenne nationale (7,2% en France hors Mayotte et 6,9% en France métropolitaine)

Le détail par secteur

Dans l'industrie, le secteur est essentiellement porté par l'aéronautique, "malgré un petit trou d'air en janvier-février", comme l'a observé la Banque de France. La branche a recruté (+7,9%) pour répondre à la montée en cadence amorcée en 2022 et ce, dans un contexte marqué par l'inauguration de la nouvelle ligne d'assemblage à Blagnac, dans l'usine Lagardère. Seule l'aéronautique maintient ses prévisions sur l'évolution des effectifs à +4,3% (contre 1,1% pour l'ensemble du secteur industriel). "L'objectif de 700 livraisons d'avions est maintenu", précise Christine Bardinet.

Les nuages sont plus menaçants dans l'agroalimentaire, affectée par les changements de consommation liés à l'inflation galopante. La Banque de France précise :

"L'épizootie sur le canard gras et des phénomènes météo extrêmes entraînant une moindre récolte céréalière et laitière font réviser à la baisse le CA. C'est la baisse la plus marquée du secteur industriel (6,9%, soit moins 5 points)".

Du côté des services marchands, l'information-communication enregistre la plus forte augmentation (+15,1%). L'institution financière assure que "la croissance des effectifs serait désormais plus marquée qu'en 2022 même si les embauches demeurent entravées par le déficit persistant de profils adaptés à la demande". 

Enfin, dans le BTP, la croissance est portée par le second oeuvre et les opérations de rénovation énergétique. "25%des entreprises du BTP déclarant une amélioration de leur rentabilité en début d'année prévoient désormais une stabilité", indique la Banque de France régionale. Les investissements ont connu un beau regain (-5% à +11%) et ce, malgré des difficultés de divers ordres (difficultés pour conserver ses effectifs, réduction des appels d'offres, hausses des coûts des matières premières, baisse de la construction de logements neufs...). "Dans le BTP, les professionnels commencent à sélectionner leurs appels d'offres et ont tendance et les chantiers les plus rentables", observe Vincent Foussal, responsable du service des études à la Banque de France Occitanie.

61% des entreprises industrielles maintiennent leur rentabilité et s'appuient sur des bilans de CA 2022 très bons. "Mais cela ne présage en rien de ce qui va se passer pour l'année 2024", conclut Christine Bardinet.

Un point sur le surendettement
L'inflation et le contexte économique pèsent fortement sur le budget (et le moral) des ménages. Une situation qui rejaillit sur le nombre de dossiers de surendettement déposés auprès de la Banque de France occitane... " 6400 dossiers ont été déposés depuis le début de l'année 2023, dont 900 au mois d'août. Nous constatons une hausse de 10% par rapport à l'année 2022 mais nous restons en-dessous des chiffres de 219", explique Christine Bardinet, directrice de la Banque de France en Occitanie.

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