L'Occitanie veut convertir 25 % de ses surfaces agricoles en agriculture bio en 2027

Le développement de l’agriculture biologique est au cœur de forts enjeux d’une part en Occitanie au regard de l’importance de la bio sur le secteur agri régional, et des enjeux nationaux au regard du 1er rang qu’occupe la région au niveau français. Spécificités, objectifs chiffrés et montants financiers du plan : on fait le point.

Pour promouvoir la conversion à l'agriculture biologique en Occitanie, d'importants moyens budgétaires sont mobilisés, totalisant environ 60 millions d'euros par an. (Photo d'illustration : Pïxabay)

Pour promouvoir la conversion à l'agriculture biologique en Occitanie, d'importants moyens budgétaires sont mobilisés, totalisant environ 60 millions d'euros par an. (Photo d'illustration : Pïxabay)

« À l'heure du changement climatique, de la récurrence d'épisodes météorologiques intenses, et de difficultés économiques au sein de la filière, il est plus que jamais nécessaire de soutenir les agricultrices et agriculteurs engagés ou en passe de l'être en agriculture biologique », explique Pierre-André Durand, préfet de la région Occitanie et de la Haute-Garonne.

Pour répondre aux nouveaux défis du secteur, l'État, la Région Occitanie, les Agences de l'eau et l'Interbio Occitanie collaborent pour renforcer la position de la région en tant que leader de l'agriculture biologique en France et en Europe.

Objectifs ambitieux pour l'agriculture bio

Les professionnels de l'agriculture biologique font face à des défis sans précédent, notamment une baisse de la consommation de produits bio due aux inquiétudes des consommateurs concernant leur pouvoir d'achat. Pour répondre à ces enjeux, un plan a été élaboré pour renforcer la production bio en Occitanie

L'objectif principal de ce plan est de renforcer la production en Occitanie, qui est déjà la première région bio de France et la meilleure région bio d'Europe. Pour ce faire, les partenaires ont fixé des objectifs ambitieux, notamment la conversion de 25% des surfaces agricoles régionales en agriculture bio d'ici 2027, soit une augmentation par rapport aux 20% atteints en 2022. De plus, ils visent à porter la part des produits bio dans la consommation alimentaire des ménages à 12% d'ici 2027, en hausse par rapport aux 6,1% de 2022.

Pour atteindre ces objectifs ambitieux, le plan repose sur six axes d'actions clés : soutenir la consommation de produits bio dans tous les circuits, faire de l’agriculture biologique un atout pour les territoires, favoriser l’accès à l’agriculture biologique pour tous, consolider la filière bio et structurer ses filières pour garantir un juste partage de la valeur ajoutée, développer l’offre de formation et de recherche-expérimentation et consolider l’animation et la gouvernance de la filière Agriculture Biologique régionale.

Parmi les mesures phares de ce nouveau plan, il est spécifié la mise en œuvre des aides à la conversion, le prolongement de l'aide au maintien en bio en 2023, le soutien à la recherche-expérimentation, l'organisation d'une semaine de l'agriculture bio en Occitanie en automne 2023, l'augmentation de la part du bio dans les cantines, et l'accompagnement des projets d'investissements dans les exploitations et entreprises engagées en bio avec une bonification d'aide de 10%.

Investissement majeur dans l'agriculture biologique

L'État est l'autorité de gestion des fonds destinés à l'agriculture biologique, mobilisant 300 millions d'euros de crédits FEADER et État sur la durée du plan, soit 60 millions d'euros par an. De plus, la Région s'engage à consacrer 134 millions d'euros de crédits régionaux et de fonds européens FEADER pour soutenir les projets en faveur du développement de l'agriculture biologique.

Ce plan ambitieux vise à renforcer la position d'Occitanie en tant que leader de l'agriculture biologique, tout en répondant aux préoccupations des consommateurs et en soutenant le développement durable de la région.

Soutien massif de l'Union Européenne et de l'État pour l'agriculture en Occitanie
L'agriculture en Occitanie bénéficie d'un soutien financier substantiel de l'Union européenne et de l'État. En effet, ces deux entités consacrent environ 1,5 milliard d'euros par an à cette région agricole. Ce financement se répartit comme suit :
- Environ 900 millions d'euros sont alloués au premier pilier de la politique agricole commune (PAC), qui comprend des aides découplées, l'écorégime, des aides couplées, et l'organisation commune des marchés agricoles.
- Le deuxième pilier de la PAC reçoit environ 400 millions d'euros, soutenant des initiatives telles que l'indemnité compensatoire de handicaps naturels, les aides à la conversion à l'agriculture biologique, les mesures agroenvironnementales et climatiques, les crédits d'impôt, la prévention des risques, le pastoralisme, etc.
- Environ 150 millions d'euros sont dédiés à des aides conjoncturelles, couvrant divers domaines, notamment l'action sociale, les crises sanitaires, climatiques et économiques.
- Environ 6 millions d'euros sont investis dans la recherche, l'expérimentation et le développement.
- Environ 5 millions d'euros sont destinés aux dispositifs d'animation et de conseil, notamment pour la structuration des filières (y compris la filière bio), les groupements d'intérêts économiques, les projets alimentaires territoriaux, l'installation et la transmission, etc.

Le bon, le bio et l’Occitanie

L'agriculture biologique va bien au-delà d'un simple label. Elle représente une approche de production qui offre de nombreux avantages tangibles en matière de biodiversité, de santé, de bien-être animal, de préservation des paysages et de création d'emplois. Voici quelques-unes des vertus de l'agriculture biologique : un sol vivant et fertile, une eau de qualité, une biodiversité préservée, un atout pour le climat, une alimentation de qualité.

Soutien Spécifique à l'Agriculture Biologique
Parmi ces aides de l'État et de l'UE, certaines sont spécifiquement destinées à l'agriculture biologique en Occitanie, reflétant ainsi l'engagement en faveur de la transition vers des pratiques agricoles plus durables :
- Aide à la conversion à l'agriculture biologique. Cette aide représente un budget d'environ 60 millions d'euros par an pour la région Occitanie. Elle est financée conjointement par le ministère de l'agriculture et de la souveraineté alimentaire (15 millions d'euros), les agences de l'eau (10 millions d'euros) et le Fonds Européen Agricole pour le Développement Rural (FEADER) (35 millions d'euros). Son objectif est de promouvoir la conversion vers des pratiques agricoles biologiques.
- Crédit d'impôt bio. L'Occitanie bénéficie d'un budget d'environ 20 millions d'euros par an pour ce crédit d'impôt, qui vise à encourager les producteurs à adopter des méthodes biologiques.
- Aides à l'animation et au développement de la filière bio d'Occitanie. Ces aides totalisent environ 700 000 euros par an, contribuant à structurer et à soutenir la filière bio dans la région.
- Fonds Avenir Bio (Agence bio). Chaque année, ce fonds accompagne plusieurs projets structurants pour la filière bio régionale, contribuant ainsi à son développement.

Leader de l'agriculture bio en France

« Élue meilleure Région bio d’Europe l’année dernière, l’Occitanie s’est toujours démarquée par la qualité de son agriculture, la capacité des agriculteurs à s’adapter aux besoins des consommateurs et la durabilité de ses systèmes agricoles. Pour conserver cette excellence, nous devons construire des politiques publiques offrant des solutions à nos agriculteurs pour s’installer plus facilement, mieux accompagner leurs changements de pratique et accéder plus simplement aux aides. C’est ce que nous faisons avec nos contrats agriculture durable, ou encore la création de notre foncière agricole régionale », souligne Carole Delga, présidente de la région Occitanie.

En Occitanie, l'agriculture biologique est en plein essor avec plus de 20% des surfaces agricoles régionales, soit 600 000 hectares, dédiées à la culture biologique. La région compte 13 500 producteurs engagés, et depuis 2019, près de 400 installations en agriculture bio bénéficient d'un soutien chaque année. L’Occitanie se distingue en étant la première en viticulture, grandes cultures, surfaces fourragères, ovins lait et viande, et la deuxième en fruits, apiculture et bovins viande. Elle se classe également en troisième position en ce qui concerne les plantes à parfum, aromatiques et médicinales (PPAM) et les légumes frais.

Un budget agricole en hausse

L'agriculture est confrontée à des défis majeurs tels que le changement climatique et la demande croissante d'une alimentation saine et de qualité. Entre 2016 et 2022, la Région Occitanie a considérablement augmenté son budget dédié à l'agriculture, atteignant 90 millions d'euros, soit 12 euros d'investissement par habitant, comparé à la moyenne nationale de 5 euros. Cette initiative vise à améliorer les conditions de vie des agriculteurs et à les aider à adapter leurs méthodes de travail.

Le premier plan régional B’iO, déployé de 2018 à 2022, a propulsé l'Occitanie en tête des régions françaises en matière d'agriculture biologique. La Région a reçu le 1er prix européen de l'agriculture biologique de la Commission européenne en 2022. De plus, la Région Occitanie a mis en place le contrat agriculture durable. Ce dispositif offre un accompagnement individuel et personnalisé pour aider les agriculteurs à appréhender leurs projets de manière transversale et sécuriser les changements nécessaires.

En juin 2023, la Région a également lancé un nouveau plan d'installation et de transmission des exploitations, doté de 190 millions d'euros sur 5 ans, pour faciliter l'installation de nouveaux agriculteurs. Ce plan inclut une aide à la transmission, la dotation nouvel agriculteur (DNA) pour les plus de 40 ans, la dotation jeune agriculteur (DJA), ainsi qu'un bonus pour les agricultrices. Dans le cadre du plan stratégique national (PSN) 2023-2027, la Région a regroupé plusieurs dispositifs régionaux en trois nouveaux mécanismes d'aide à l'investissement dans les exploitations agricoles. Cela vise à soutenir des modèles de production plus durables et simplifier les demandes d'aides pour les agriculteurs.

A lire aussi