Occitanie. Parité hommes/femmes et pouvoir : des défis persistants malgré les avancées législatives

Dans le paysage éducatif, professionnel et social d'Occitanie, les chiffres révèlent un portrait complexe des inégalités persistantes entre hommes et femmes. Du choix des filières scolaires à l'accès au pouvoir politique, en passant par l'impact de la parentalité sur la carrière, l’Insee révèle les multiples facettes des disparités de genre dans la région.

 Les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, même à catégorie socio-professionnelle et temps de travail identiques. (Photo d'illustration : Pixabay)

Les salaires des femmes sont inférieurs à ceux des hommes, même à catégorie socio-professionnelle et temps de travail identiques. (Photo d'illustration : Pixabay)

Les parcours scolaires des femmes et des hommes divergent dès le lycée, marqués par des choix d'orientation qui les orientent vers des filières distinctes. En Occitanie, les statistiques révèlent des disparités significatives, avec une prédominance féminine dans le lycée général, une minorité en lycée technologique, et une présence notable dans certaines filières professionnelles. Ces orientations impactent non seulement les chiffres bruts mais également les domaines d'études choisis par les deux sexes.

En détaillant les données, on constate que 56,5 % des femmes optent pour le lycée général, tandis que 48,3 % se dirigent vers le lycée technologique, et 40,5 % vers le lycée professionnel. Cette séparation se reflète également dans le choix des spécialités. Les femmes dominent dans les domaines liés aux sciences humaines, aux arts, et aux sciences sociales en filière générale. En revanche, leur présence est nettement moindre dans les disciplines scientifiques et techniques, à l'exception des sciences de la vie et de la terre.

Parité dans les filières technologiques

En filière technologique, la série management et gestion attire autant les femmes que les hommes, rassemblant en moyenne un étudiant sur deux. Cependant, des disparités persistent, avec une forte représentation féminine dans les domaines de la santé, du social, et des arts appliqués, contrastant avec leur faible présence dans l'industrie et le développement durable.

Les chiffres soulignent également une ségrégation dans les filières professionnelles, avec une nette prédominance féminine dans les spécialités de l'esthétique et du soin. À l'inverse, les femmes sont quasi absentes des filières mécaniques et techniques, mettant en lumière des choix d'orientation genrés qui persistent tout au long du parcours scolaire.

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Dans la région, parmi les 87 familles professionnelles qui décrivent l’ensemble des métiers, celles le plus souvent occupées par les femmes sont « Agents d'entretien » (6,8 % des femmes en emploi), « Aides soignants » (5,6 %) et « Enseignants » (5,5 %), tandis que les hommes sont plus souvent « Conducteurs de véhicules » (5 %), « Ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment » (3,8 %) ou « Agriculteurs » (3,2 %) (Document : Insee)

Le panorama des femmes sur le marché du travail

Bien que les femmes en Occitanie se distinguent par des études plus longues que leurs homologues masculins, l'accès aux opportunités professionnelles demeure marqué par des disparités significatives. Les statistiques révèlent un paysage complexe, où la réussite académique ne se traduit pas toujours par des opportunités égales sur le marché du travail.

En 2020, la région voit 28 % des femmes de 15-24 ans quitter le système scolaire avec un diplôme du supérieur, comparé à 21 % chez les hommes. Cependant, des écarts se creusent dans certaines zones telles que l'Aveyron et la Lozère, où les femmes surpassent largement les hommes en termes de diplômes du supérieur, mais demeurent moins nombreuses parmi les peu ou non diplômées.

La nouvelle génération accentue ces différences, avec un écart de dix points de pourcentage chez les 25-34 ans. Cela contraste avec les plus de 50 ans, où l'accès à l'enseignement supérieur était moins répandu, créant des écarts plus modestes entre les sexes. Cependant, l'absence de diplôme impacte plus durement l'emploi des femmes. Parmi les peu ou non diplômées, 41 % des femmes déclarent être en activité, comparé à 56 % des hommes.

Des disparités dans certains départements

Les femmes sont moins présentes sur le marché du travail, expliqué en partie par leur scolarisation prolongée, mais également par des taux de chômage généralement inférieurs à ceux des hommes dans la plupart des départements de la région. Toutefois, des disparités persistent, notamment dans les Pyrénées Orientales, l'Hérault, le Lot, et le Gers.

Lorsqu'elles travaillent, les femmes sont plus souvent à temps partiel, avec des variations régionales. Les différences de métiers s'accentuent également, les femmes occupant plus fréquemment des postes d'employées, tandis que les hommes se retrouvent souvent dans des métiers d'ouvriers, de conducteurs de véhicules, ou dans des domaines tels que la maintenance, l'armée, la police, ou les pompiers.

Malgré des niveaux de diplômes comparables, les salaires des femmes restent inférieurs à ceux des hommes, créant une disparité persistante. En moyenne, les hommes gagnent 17 % de plus que les femmes à temps de travail égal. Les écarts salariaux sont plus prononcés chez les cadres et atteignent des sommets dans la Haute-Garonne. Les inégalités salariales s'accroissent en fin de carrière, avec un écart de 28 % entre les femmes de 50 à 64 ans et leurs homologues masculins.

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À temps de travail équivalent, le salaire annuel net moyen des femmes travaillant dans la région, dans le privé ou dans une entreprise publique, atteint 24 936 euros en 2021 contre 29 279 euros chez les hommes. (Document : Insee)

Le poids des responsabilités familiales sur les femmes 

L'impact de la parentalité accentue les disparités professionnelles entre les femmes et les hommes en Occitanie. L'arrivée du premier enfant se révèle être un tournant majeur, où la part des femmes inactives ou au chômage est près de deux fois plus importante que celle des hommes. Cette disparité s'accentue même trois fois lorsque les femmes ont au moins trois enfants, alors qu'elle demeure similaire entre les sexes en l'absence d'enfants.

Dans les familles nombreuses, la situation est frappante : plus de huit hommes sur dix ont un emploi, comparé à moins de six femmes sur dix. La maternité entraîne souvent le recours au temps partiel, un phénomène qui s'intensifie avec le nombre d'enfants. Parmi les mères de familles nombreuses qui travaillent, plus d'une sur trois adopte le temps partiel. À l'inverse, les hommes ayant des enfants ont moins fréquemment recours au temps partiel que ceux sans enfant.

Les réalités des familles monoparentales accentuent ces inégalités, avec huit familles sur dix dirigées par des mères en charge des enfants en Occitanie et au niveau national. Élever seules leurs enfants expose davantage les femmes à la pauvreté. Dans les familles monoparentales, 36 % des femmes vivent sous le seuil de pauvreté, contre 25 % des hommes. Ces chiffres grimpent même à 40 % dans les départements du littoral.

Familles monoparentales et pauvreté

Les femmes à la tête d'une famille monoparentale sont particulièrement exposées à la pauvreté dans les départements principalement urbains, tels que les Pyrénées-Orientales, le Gard, l'Hérault, et la Haute-Garonne. Les pères seuls, en revanche, maintiennent un niveau de vie comparable à celui des hommes seuls sans enfant. Cependant, les femmes élevant seules leurs enfants sont confrontées à des niveaux de vie très en deçà, la moitié d'entre elles disposant d'un revenu inférieur à 1 360 euros par mois dans la région.

Retrouvez la totalité de l'étude menée par l'Insee ici

Le paradoxe de l'engagement des femmes en Occitanie
Bien que les femmes s'investissent presque autant que les hommes dans la vie publique, un paradoxe persiste en Occitanie : elles sont moins souvent à la tête des municipalités. Grâce au cadre législatif imposant des règles de parité, 42 % des membres des conseils municipaux sont des femmes. Cependant, malgré ces avancées, seulement 20 % des maires de la région sont des femmes. 
La participation aux pratiques sportives accentue davantage les disparités entre les sexes. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes à être licenciés dans un club sportif. Cette tendance se confirme dans les fédérations de football de la région, où les femmes ne représentent que 11 % des licenciés, en contraste avec les fédérations d'équitation où elles constituent la grande majorité, atteignant 86 %
Ce paradoxe souligne la nécessité de repenser les barrières qui limitent l'accès des femmes aux postes de pouvoir, que ce soit dans le domaine politique ou sportif en Occitanie. Malgré l'implication active des femmes dans la vie publique et leur engagement sportif, la route vers la parité et l'égalité continue d'être semée d'obstacles.

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