Toulouse. GTP Bioways accélère sur la production de biomédicaments et affiche ses ambitions à l'international

GTP Bioways, expert dans la fabrication de thérapies innovantes basé à Toulouse, ouvre deux lignes de production et veut doubler son chiffre d'affaires en 2028. Reportage.

La société GTP Bioways exploite quatre sites en France (dont deux en Haute-Garonne) et emploie 150 salariés. (Photo : GTP Bioways)

La société GTP Bioways exploite quatre sites en France (dont deux en Haute-Garonne) et emploie 150 salariés. (Photo : GTP Bioways)

Etre jeune, ambitieuse, innovante, en expansion et dans la mouvance actuelle de la relocalisation de la production en France : GTP Bioways coche toutes ces cases ! Créée en 2019 à Toulouse, l'entreprise (150 salariés, 8 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2023) s'est positionnée sur le créneau de la bioproduction de médicaments et soutient chaque étape du développement clinique d'un nouveau médicament, de la lignée cellulaire jusqu'au remplissage aseptique. Elle accompagne les entreprises biopharmaceutiques dans le transfert de leurs candidats médicaments de la R&D jusqu'à la clinique et la production commerciale.

Deux nouvelles lignes de production

Cinq ans après sa création, GTP Bioways exploite quatre sites en France : deux en Haute-Garonne (Toulouse et Labège, l'ancien nom était GTP Technology), une dans le Puy-de-Dôme (à Issoire) et une en Haute-Savoie (à Saint-Julien en Genevois). Dans la Ville rose, GTP Bioways a ouvert, en 2023, deux nouvelles lignes de production : l'une microbienne (pour un investissement de 9 millions d'euros) et l'autre mammalienne petit volume (pour un investissement de 3 millions d'euros). Plusieurs étapes sont nécessaires pour parvenir au résultat final.

Les explications avec Marielle Anger-Leroy, biologiste et manager de transition au sein de l'entreprise :

"D'abord, nous mettons en place un milieu de culture pour permettre aux cellules de se multiplier, grâce à la peptone et au sucre, par exemple. Dans une première phase, les bactéries vont se multiplier et nous éliminons les impuretés. Ces bactéries atterrissent dans une grande cuve de 350 litres. A la fin, les prélèvements sont envoyés au contrôle qualité et dans une dernière étape, les bactéries sont envoyées dans un tampon de formulation. Les stocks sont ensuite placés dans des congélateurs avec une température pouvant descendre jusqu'à -80°C".

De gauche à droite : Jean-François Rezeau (président de la CCI Occitanie), Alain Sainsot (président de GTP Bioways), Alain di Crescenzo (président de CCI France) et Laurent Saint-Martin (président de Business France). (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
De gauche à droite : Jean-François Rezeau (président de la CCI Occitanie), Alain Sainsot (président de GTP Bioways), Alain di Crescenzo (président de CCI France) et Laurent Saint-Martin (président de Business France). (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Les projets de l'entreprise

L'usine toulousaine se distingue en étant le seul CDMO (Contract Development Manufacturing Organization) en France à produire sur la partie microbienne, et même l'un des rares en Europe. Malgré un contexte post-Covid compliqué avec des difficultés de financement, le retrait d'investisseurs et une concurrence de plus en plus exacerbée avec les acteurs chinois, GTP Bioways est en pleine relance et poursuit de nombreux projets. "Nous avons un projet en cours avec Lovaltech à Tours sur un vaccin nasal contre le Covid, sur un vaccin contre le paludisme, une thérapie génique avec des clients européens et un projet encore confidentiel avec un acteur américain. Cela devrait repartir dans le courant du deuxième semestre 2024", explique Eric Devic, directeur général de la société.

Bioproduction : la France est en retard

GTP se positionne comme un acteur de la relance de la filière. Car la France est en retard dans le domaine de la bioproduction : en 2021, cinq médicaments étaient produits en France et l'objectif est de passer ce chiffre à 30 en 2030. En Europe, la France occupe seulement la 4e place des producteurs de nouveaux médicaments autorisés sur le marché (derrière l'Allemagne, l'Irlande et l'Italie). Et 80% de cette production concerne des médicaments chimiques.

La société a ouvert deux nouvelles lignes de production, pour un investissement total de 12 millions d'euros. (Photo : GTP Bioways)
La société a ouvert deux nouvelles lignes de production, pour un investissement total de 12 millions d'euros. (Photo : GTP Bioways)

"Avantage concurrentiel"

Alain Sainsot est le président de GTP Bioways. Volontariste, acteur de la relocalisation de la production en France, il loue le travail de ses équipes, dans un esprit de "rigueur, résilience et persévérance" et développe son "projet ambitieux" :

"Nous sommes peu nombreux à exercer ce métier en France et en Europe. Nos productions microbiennes, que l'on retrouve dans les vaccins et les immunothérapies, nous offrent un avantage concurrentiel. Nous sommes un acteur pré-industriel et sur les filières de formation : c'est important de le préciser car la France, qui s'est désindustrialisée, est dépendante à plus de 90% de ses livraisons en immunothérapie. On parle beaucoup de déserts médicaux : moi j'alerte également sur les déserts pharmaceutiques".

La santé, un facteur d'attractivité

Jean-François Rezeau (président de la CCI Occitanie), Alain di Crescenzo (président de CCI France et chef d'entreprise toulousain) et Laurent Saint-Martin (président de Business France) ont visité l'usine toulousaine, qui a des velléités à l'international. "Dans la souveraineté et la relocalisation, l'entreprise confirme l'attractivité de notre territoire sur la santé", s'est félicité Jean-François Rezeau. "Il faut saluer et reconnaître les entreprises qui répondent à ce grand rendez-vous de la production en France. L'export est un risque et c'est coûteux. La Corée du Sud, le Japon et les Etats-Unis sont des pays cibles pour GTP et nous menons avec eux des missions de prospection", a indiqué Laurent Saint-Martin. "Pour les 122 chambres de commerces du réseau consulaire, l'international fait partie de nos six priorités. Il faut savoir dérisquer dans un mode qui va très vite. La Team France Export (TFE) affirme un cap, c'est une véritable machine de réarmement. Et en Occitanie, on veut de l'industrie qui produit et se positionne", a martelé pour sa part Alain di Crescenzo.

Le Toulousain GTP Bioways veut passer sa part de CA à l'export à 75% dans les prochaines années. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Le Toulousain GTP Bioways veut passer sa part de CA à l'export à 75% dans les prochaines années. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Doubler le CA d'ici 2028

GTP Bioways, qui a recruté une vingtaine de collaborateurs en 2022-2023, vise un chiffre d'affaires de 15 millions d'euros à l'horizon 2027-2028. "Notre part à l'export est de l'ordre de 5 à 10%. Je vise les 75% pour les cinq à dix prochaines années. Chasser en meute à l'international nous permettra d'être bien meilleurs", conclut Alain Sainsot.

Quel budget pour Business France et les CCI à l'international ?
A l'heure des coupes budgétaires et du serrage de vis de Bercy dans de nombreux domaines pour ne pas laisser filer la dette publique, quelles conséquences pour les aides aux entreprises qui veulent se développer à l'international ? "Nous sommes le plus efficace possible avec l'argent public. Notre Conventions d'objectifs et de moyens (COM) 2024-2026 nous a dotés d'une capacité d'action inédite", a rassuré Laurent Saint-Martin, pour la partie Business France. "Le budget des CCI a été sécurisé pour les cinq prochaines années. Nous ne baissons pas d'ambition quand on parle d'international", a expliqué de son côté Alain di Crescenzo.

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