Toulouse. « Nous n'allons pas nous laisser abattre ! » : 300 personnes réunies contre les violences urbaines

Le lundi 3 juillet, sur la place du Capitole à Toulouse, près de 300 personnes ont répondu à l’appel de l’association des maires de France (AMF) pour dénoncer les violences contre les élus, soutenir les forces de l'ordre et surtout faire un appel au calme.

Près de 300 personnes ont répondu à l'appel de l'association des maires de France pour dénoncer les violences urbaines. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Près de 300 personnes ont répondu à l'appel de l'association des maires de France pour dénoncer les violences urbaines. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Lundi 3 juillet 2023, dès midi, les Toulousains ont pu entendre retentir les sirènes. Il ne s’agissait pas pourtant du premier mercredi du mois mais bel et bien du cri d'alarme lancé par l'ensemble des élus touchés par cette vague de violences. Près de 300 personnes - citoyens et élus de tous bords politiques (et en présence du Medef de Haute-Garonne) -, se sont rassemblées sur la place emblématique du Capitole pour répondre à l’appel de l'association des maires de France (AMF).

Depuis le 27 juin 2023, la mort du jeune Nahel a provoqué des vagues de violences urbaines sur l’ensemble de l’Hexagone. Entre les dégradations des commerces, des écoles, des bibliothèques, des institutions, des pillages, le coup de grâce a été la voiture bélier enflammée lancée contre le domicile du maire de l'Haÿ-les-Roses, dans le Val-de-Marne. 

147 mairies ou bâtiments municipaux attaqués

Selon l’AMF, 147 mairies ou bâtiments municipaux ont été attaqués ces dernières heures, c’est une première dans l’histoire de la France. « Nous chiffrons à 150 personnes qui ont agi et tenté de détruire. Il s’agit dans 100 % des cas des garçons d’une tranche d’âge entre 13 et 20 ans », précise Pierre-André Durand, préfet de la Haute-Garonne.

Selon lui, on comptabilise moins de 80 véhicules brûlés, une grue touchée par un mortier, un magasin de moto qui a été vandalisé à l'aide d'une tractopelle

L’indignation des élus

« Nous devons amener des solutions collectivement pour qu’il y ait moins d’injustice dans ce pays. Il faut retrouver de la concorde républicaine. D’abord, il faut respecter l’ensemble de la société. On ne peut pas accepter la violence. On ne peut pas accepter la stigmatisation de certaines personnes », souligne Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.

Même son de cloche pour Jean-Luc Moudenc, le président de Toulouse Métropole et maire de Toulouse. Selon ses chiffres, 99 % des personnes habitant dans les quartiers politiques de la ville sont étrangères à toutes ces dégradations.

« Malheureusement, elles sont les premières victimes de ces saccages que ce soient les écoles, crèches ou autres… Mais nous n’allons pas nous laisser abattre et nous allons continuer à les aider. On n’est pas là pour punir 99 % de ces habitants qui n’aspirent qu’à la tranquillité et à la sérénité », affirme-t-il.

Une économie nationale et régionale impactée

Bien évidemment, avec ces manifestations, les commerçants se sont déplacés sur la place du Capitole. En effet, en déambulant dans les rues de Toulouse, de nombreux commerces se barricadent par peur de pillage. « Même si Toulouse fait partie des villes les moins touchées par ces extrêmes violences, le fait de voir sur les réseaux sociaux des images des saccages et pillages terrifient les commerçants. Ces voyous utilisent le drame de ce jeune pour piller et cela n’a strictement rien à voir avec l’épisode tragique à Nanterre », assure Jean-Luc Moudenc.

Que ce soit la présidente régionale ou le président de la Métropole, ils sont unanimes, ils ne laisseront pas tomber les quartiers politique de la ville. « La région donne des subventions majorées pour les commerces qui sont situés dans les quartiers politique de la ville et les petits villages. Nous allons continuer cette politique plus que jamais », affirme Carole Delga.

"Cela va se retourner contre le contribuable"

Quant à Jean-Luc Moudenc, il rappelle que les dégradations ne seront pas totalement prises en charge.

« Il y a toujours beaucoup de patrimoines qui ne sont pas assurables. Pour l’épisode des gilets jaunes, les dégradations se chiffraient à 8,5 millions d’euros non remboursés à la collectivité, pour la réforme des retraites, on a eu aussi des dégradations à hauteur de 450 000 euros non couverts par une assurance. Malheureusement, cela va se retourner contre le contribuable… En réalité, ils ne visent pas les institutions ou les lois ou autres, les seules touchées et qui payent la facture sont la collectivité et les contribuables. »

De plus, l’attrait touristique s'obscurcit. Les images d’instabilités et de violences qui règnent dans l’Hexagone exercent une forte influence sur la venue des touristes étrangers. De plus, à l’approche du 14 juillet, le préfet de la Haute-Garonne n’a pas donné de précisions sur les prochaines réglementations concernant la vente de feux d’artifice, armes des manifestants.

Un point sur les aides

Pour l’instant, le dispositif assurantiel est le seul moyen pour venir en aide aux personnes endommagées par ces actes. « Avec le préfet et les autres institutions, nous réfléchissons en ce moment sur des modalités d’indemnisation pour venir en aide aux victimes », exprime Jean-Luc Moudenc.

Dans la région, les Chambres de commerces et d’industries, dont celle de l'Herault, prospectent déjà sur des mesures de soutien et d’accompagnement face aux récentes émeutes qui ont durement frappées les commerces. Des premières mesures ont été annoncées, en concertation entre les CCI et Bruno Le Maire, ministre de l'Economie et des Finances, comme la prolongation de la période des soldes, un report de paiement des charges fiscales ou la demande auprès des assureurs de faire preuve "d’agilité, de réactivité et de simplicité".

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