Frédéric Amoros-Routié, Président de Nexio

Par Jean-Luc Bénédini

Frédéric Amoros-Routié, Président de Nexio

Frédéric Amoros-Routié, Président de Nexio

Créée en 2003 par Frédéric Amoros-Routié, Nexio est devenue une belle PME régionale dans son cœur de métier, la CEM, la compatibilité électromagnétique. En tant que société d’ingénierie, elle accompagne les entreprises dans la conception et la qualification de leurs systèmes électroniques. En parallèle elle a développé une activité produits propres, d’édition de logiciels, dans l’automatisation des essais (BAT-EMC) et la simulation électromagnétique (Capitole-EM), commercialisés dans le monde entier auprès de toute une série d’entreprises, des majors comme des PME.

Comment s’est déroulé ce confinement ?

Par chance nous avions commencé à déployer un plan de transition numérique en novembre 2019 prévoyant tous les outils pour le télétravail. Le Covid a accéléré le mouvement et dès le 1er   jour du confinement, l’ensemble des salariés avait basculé. Nexio emploie 95 salariés à Toulouse, Paris et Grenoble. Nous avons continué à aider des clients, à les former,  on a développé la formation en interne, du personnel de l’ingénierie a travaillé avec les équipes de développement des produits. J’ajoute que le télétravail a des avantages comme des inconvénients. En particulier, il est inopérant, inefficace lorsqu’il s’agit d’innover, de partager rapidement des informations, de progresser ensemble. L’entreprise est aussi un lieu de sociabilité et d’échange.

Quel est l’impact sur votre activité annuelle ?

L’an dernier, nous avions réalisé un chiffre d’affaires de 6,5 millions d’euros. Début 2020 Nexio était partie sur un nouveau palier de croissance à deux chiffres. On a procédé à quelques embauches. D’avril à mai, le chiffre d’affaires a chuté de près de 70%. Néanmoins, en restant optimiste, Nexio pourrait limiter le recul de son activité à 20% en 2020. Nous avons quelques atouts. Nexio est très diversifiée dans différents secteurs d’activité, le médical, le ferroviaire, l’énergie, l’automobile... L’aéronautique ne représente qu’environ 30% du chiffre d’affaires du groupe, près de la moitié pour nos activités à Toulouse. Dès le départ, nous avions la volonté de ne pas dépendre seulement de l’aéronautique et d’Airbus avec qui les relations contractuelles ont démarré il y a seulement trois ans. On a eu aussi de la chance de se renforcer récemment dans l’aéronautique de défense et le spatial, avec des projets. Notre diversification géographique nous aide car on travaille à Toulouse, à Paris, à Grenoble avec le tissu local, les grands groupes, des PME, des start-up. Avec notre expertise, on aide les grands groupes à rester des leaders. A l’export, qui représente entre 25 et 30 % du  chiffre d’affaires, nous venons de signer avec un grand laboratoire international pour développer nos activités aux USA, en Inde, au Japon…En Allemagne, les entreprises avec qui nous sommes présents comme Bosch, choisissent de travailler avec des outils identiques pour le monde entier. Nous allons saisir les opportunités du rebond industriel comme dans l’automobile ou ailleurs. On veut éviter de brûler nos réserves financières.

 

Vous venez de lancer une nouvelle activité de test de DAS, de débit d’absorption spécifique, pour les objets connectés et les smartphones, à Paris ?

 

En effet. C’est pendant le confinement que Stéphane Pannetrat le dirigeant d’ART-Fi m’a contacté pour mettre en place une offre de test de DAS à partir de sa technologie de rupture 100% made in France, déjà utilisée à l’étranger mais pas sur le territoire. Le partenariat a été signé juste avant la fin du confinement. Il y avait urgence car la loi Abeille impose depuis le 1er juillet 2020 une nouvelle réglementation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques des équipements qui contiennent un ou plusieurs émetteurs d’ondes électromagnétiques, Bluetooth, wifi, 3G/4G/5G, réseaux bas-débits type Sigfox ou Lora. C’est la première fois en France qu’un laboratoire dédié effectue des tests et des évaluations EMF et DAS en temps réel sur ces équipements afin d’aider les fabricants et les équipes R&D à améliorer les performances des antennes, à se conformer au règlement sanitaire international et aux nouvelles obligations de la loi Abeille.

 

Le laboratoire est opérationnel à Paris pour mesurer les DAS sur les smartphones, les tablettes… ?

 

Le laboratoire est opérationnel et reçoit ses premiers clients. La technologie ART-Fi avec son scanner Art-Man rapide et précis permet de capturer les radiations, mesurer le champ électromagnétique ainsi que les valeurs du DAS. On est capable de réaliser les tests dans la journée. La loi Abeille s’applique aux fabricants, aux importateurs et distributeurs de produits sans-fils et/ou connectés avec l’obligation de publier les valeurs DAS de leurs produits et équipements. La loi vise tous les équipements dont la puissance totale dépasse 20 mW dès lors qu’ils sont à une distance inférieure à 20 cm du corps humain ! On mesure les valeurs au niveau de la tête, du corps et des membres. Le marché est donc énorme en France et à l’international.  Les smartphones, les tablettes, les objets connectés sont partout, de plus en plus présents. Deux instances sont chargées de surveiller l’application de la réglementation, la DGGGRF pour l’affichage et l’Agence Française de Fréquences (ANFR). Les contrôles sont bien réels. La France est réputée dans le monde pour la qualité de ses normes. Nous avons organisé un webinaire international pour les constructeurs de téléphone afin de leur expliquer la loi Abeille qui a de fortes chances d’être répliquée à l’échelle du marché européen. Les tests de DAS nous ouvrent le marché des télécommunications, une diverfication qui n’était pas du tout prévue dans la stratégie de Nexio, tombée du ciel pendant le confinement !  Ce laboratoire est destiné à devenir le centre français d’excellence de la mesure DAS.  Nous comptons bien l’ouvrir en parallèle des tests, afin d’y développer des expérimentations et le savoir-faire. C’est sûrement une première étape pour de futures synergies avec notre équipe de logiciels de test et de simulation.

L’Acemip, l’Atelier CEM Midi-Pyrénées est toujours en activité ?

Oui, j’en suis le gérant. Le principe n’a pas changé depuis sa création initiée par Jean Leroy qui avait posé les bonnes règles. Des entreprises régionales mutualisent des moyens pour réaliser des test CEM en garantissant la qualité de leurs produits et la conformité aux normes. Nous sommes aujourd’hui 8 PME associées, Cirtem, Elta, Leroy Automatique, Microsystèmes, Microtec, Midi Ingénierie, Nexio et Sterela. Installé à Labège, Acemip n’a pas d’employé, on se répartit les tâches entre nous. Cet équipement permet d’accompagner et d’aguerrir de nombreuses entreprises et startup, à la manière d’un fablab de la CEM. La plupart des jeunes start-up se concentrent d’abord sur la preuve de concept, avant de devoir ensuite revoir leur copie pour certifier leur produit notamment au regard de la CEM.

 

Publié par Jean Luc Bénédini le 01/09/2020