Numérique en Occitanie : Digital 113 dévoile une feuille de route ambitieuse pour faire face aux turbulences de 2025

Entre accélération technologique, pressions réglementaires et tensions économiques, le cluster Digital 113 publie une note de conjoncture qui sonne comme un appel à l’action. Pour accompagner les filières d’Occitanie, il relance son programme “Digital is Future”, repensé et recentré sur les enjeux cruciaux de la transition numérique.

Lors de son point presse organisé à Toulouse, Digital 113, premier cluster numérique d’Occitanie (350 entreprises, 15 000 emplois et 1,6 milliard d'euros de budget global), a présenté sa note de conjoncture 2025.

Lors de son point presse organisé à Toulouse, Digital 113, premier cluster numérique d’Occitanie (350 entreprises, 15 000 emplois et 1,6 milliard d'euros de budget global), a présenté sa note de conjoncture 2025.

L’année 2025 s’ouvre sur un contexte délicat pour les entreprises du numérique en Occitanie. Fragilisé par les incertitudes politiques, la réduction des aides publiques (comme l’évolution du CIR ou du CII), et la montée des obligations réglementaires européennes, le secteur est à la croisée des chemins. Le ralentissement de la croissance – avec des prévisions à peine positives pour les ESN (+0,9 %), le conseil en technologies (+1,3 %) et les éditeurs (+9 %) – contraste avec les besoins croissants en innovation, sécurité et transition numérique.

« Le climat économique et réglementaire impose une remise en question permanente des modèles opérationnels. Il ne suffit plus d’innover, il faut désormais le faire dans un cadre contraint, éthique et conforme », analyse Amélie Leclercq, directrice générale de Digital 113.

Les pressions s’exercent également sur le plan humain : plus des trois quarts des entreprises déclarent rencontrer des difficultés à recruter, notamment sur les expertises les plus stratégiques comme la cybersécurité et l’IA. En parallèle, les salaires dans ces domaines ont progressé de 8 % en moyenne.

Un état des lieux sans concession : explosion des cyberattaques, IA sous-exploitée, cloud mal maîtrisé

Digital 113 révèle une augmentation inquiétante des cyberattaques : +24 % en un an selon l’ANSSI. Si la mise en conformité aux nouvelles normes comme NIS2, DORA ou le Cyber Resilience Act est désormais une nécessité, 70 % des structures concernées ne répondent pas encore aux exigences, s’exposant à des sanctions financières potentiellement colossales.

En matière d’intelligence artificielle, le décalage entre adoption et industrialisation demeure criant. Seules 23 % des entreprises ayant testé l’IA ont réussi à en tirer un réel bénéfice opérationnel. Le manque de gouvernance des données, de structuration des jeux d’entraînement et de compétences internes freine la mise en œuvre de solutions robustes et durables.

Le cloud, quant à lui, engendre une dérive budgétaire préoccupante. Avec une croissance annuelle des dépenses estimée à 15 %, les entreprises peinent à en maîtriser les coûts : 40 % ne disposent d’aucune stratégie FinOps, ce qui conduit à une surconsommation moyenne de 28 % des ressources cloud.

“Digital is Future” : une édition 2025 à la hauteur des nouveaux défis

Pour répondre à ces urgences, Digital 113 relance son programme “Digital is Future”, véritable pilier de la transition numérique en région. Après de nombreuses éditions qui ont permis de structurer l’écosystème, de favoriser les synergies et de faire émerger des solutions concrètes sur le terrain, l’initiative prend une nouvelle ampleur.

Désormais recentré sur six filières stratégiques – agri-agro, bâtiment, industrie, santé, transport et secteur public – le programme 2025 aborde de front les enjeux technologiques, écologiques et économiques. Il propose un accompagnement opérationnel allant des diagnostics à la mise en relation, en passant par des événements immersifs et des ateliers de formation.

« Nous croyons aux actions collectives adaptées. Pour être utile, un programme d’accompagnement à l’innovation doit s’aligner sur les réalités de terrain », insiste Christophe Saint Pierre, vice-président de Digital 113.

Santé, industrie, bâtiment : des filières à haute intensité numérique

Dans le secteur de la santé, les mutations sont particulièrement profondes. L’usage de l’IA pour l’analyse des données médicales, la structuration des entrepôts de données, ou encore les enjeux de souveraineté sur les plateformes de suivi patient sont au cœur des préoccupations.

Jean-Louis Fraysse, co-fondateur de Bot DesignSébastien Mangeruca, CEO de Pixience, témoigne : « nous participons au programme Digital is Future pour valoriser l’innovation numérique au service de la santé et renforcer la visibilité de nos technologies . »

L’industrie, portée par des leviers tels que l’IoT, les jumeaux numériques et la robotisation, connaît une croissance dynamique (+9,3 % prévue en 2025). Toutefois, la souveraineté technologique et la performance environnementale deviennent des priorités incontournables.

Le bâtiment, de son côté, s’ouvre à la réalité augmentée, à la géolocalisation, à l’automatisation des tâches administratives, tout en intégrant les enjeux de sécurité sur chantier. Rémy Toulouse et Sophie Dulac, pour la FFB Occitanie, soulignent : « l’innovation est pour nous, artisans et entrepreneurs, une force motrice dans la transformation continue de notre secteur. »

Des enjeux transversaux structurants : IA éthique, numérique responsable et scalabilité

Outre les secteurs, les défis sont transverses. La structuration de modèles d’IA plus robustes et éthiques, l’éco-conception logicielle, la gestion FinOps, ou encore l’adaptation aux infrastructures quantiques à venir sont autant de points d’attention pour 2025.

Le numérique responsable est désormais perçu non plus comme une option mais comme un impératif. Cela passe par la réduction de l’empreinte carbone, l’inclusivité des solutions, et la rationalisation énergétique des data centers. « Il est temps de concilier performance, durabilité et souveraineté », rappelle Betrand Serp, vice-président de Toulouse Métropole chargé de la transition digitale.

Le cluster s’appuie sur un réseau solide de partenaires : Sicoval, Aerospace Valley, Robotics Place, Eurobiomed, AD’OCC, UIMM, Vinseo ou encore Agropolis. Ce maillage territorial permet une action fine, adaptée à chaque bassin d’activité.

Le Sicoval, par exemple, illustre ce potentiel avec 516 entreprises numériques, 4 000 emplois et la Data Valley, lieu totem d’innovation numérique. « Le numérique constitue une filière prépondérante, à la fois levier d’expérimentation et réservoir de richesses », observe Anne-Claire Dubreuil, directrice de projet pour la collectivité.

2025 : l’année de l’internationalisation et de la reconquête de la compétitivité

Digital 113 souligne également le besoin d’internationalisation. Malgré la suppression de 30 % des aides régionales, le chiffre d’affaires à l’export représente déjà 22 % pour les entreprises du numérique. L’Europe, l’Amérique du Nord ou l’Asie offrent des relais de croissance indispensables, à condition d’adapter ses stratégies de go-to-market et de renforcer sa résilience face aux normes extraterritoriales.

En parallèle, les ESN et éditeurs de logiciels doivent affronter une conjoncture tendue : pression sur les marges, exigences accrues des clients, nécessité de fidélisation, scalabilité des offres et montée en puissance des modèles SaaS/AIaaS.

Portée par un budget consolidé de 1,6 milliard d’euros au sein de ses entreprises membres, une expertise renforcée par plus de 40 contributeurs et une approche de terrain sans équivalent, Digital 113 entend s’imposer comme un acteur de référence en matière de transformation numérique en France.

« Accompagner nos adhérents dans le développement de leur performance globale, en intégrant les transformations technologiques » : cette ambition exprimée par l’UIMM Occitanie résume l’ADN du cluster.

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