À Passa, dans les Pyrénées-Orientales, Diam Bouchage a inauguré sa première plantation expérimentale de chênes-lièges. Objectif : préserver la ressource, sécuriser la filière française et innover face au changement climatique.

Sur le site de Mas Valette à Passa, les jeunes plants de chênes-lièges bénéficient d’un suivi hebdomadaire par les équipes techniques de Diam Bouchage, afin d’adapter en temps réel la ferti-irrigation selon les données hydriques du sol. Une approche de précision encore rare dans la culture du liège, testée ici pour la première fois en France. (Photo Diam Bouchage)
Sur les hauteurs de Passa, dans les Pyrénées-Orientales, un nouveau chapitre s’ouvre pour la filière liège française. Diam Bouchage, pionnier du bouchon technologique et premier acheteur de liège hexagonal, a inauguré le 17 juillet 2025 sa toute première plantation expérimentale de chênes-lièges en France. En présence de la présidente du Département, Hermeline Malherbe, et de la sous-préfète Clara Thomas, l’entreprise a lancé une suberaie de 8 hectares, où 3 600 arbres seront cultivés avec minutie et innovation.
Conçue comme un laboratoire à ciel ouvert, cette plantation n’est pas qu’un geste symbolique : elle incarne une stratégie de fond pour anticiper les mutations du climat et la raréfaction des ressources naturelles. Ici, les arbres pousseront en monoculture, avec un apport maîtrisé en eau et nutriments, dans une logique de fertilité mesurée et d’observation agronomique. Une partie de l’arrosage proviendra même des pluies hivernales récupérées.
Entre tradition et innovation : réenraciner l’avenir du bouchon
Depuis sa base de Céret, Diam Bouchage œuvre depuis des années à préserver l’équilibre délicat entre technologie et nature. Chaque année, l’entreprise consomme près de 15 % des 190 000 tonnes de liège récoltées dans le monde, tout en investissant dans la préservation des forêts de chênes-lièges – ces suberaies essentielles à l'écosystème méditerranéen.
« Cette plantation pilote illustre notre volonté d’allier rentabilité agricole et résilience environnementale », souligne Éric Feunteun, directeur général de Diam Bouchage. « Elle remplace une friche par une forêt cultivée, pensée pour durer. »
Les choix techniques y sont stratégiques : densité optimisée, élagage sélectif pour améliorer la qualité du liège, réduction drastique des besoins en eau (huit fois inférieurs à ceux d’une culture fruitière classique), et même polyculture en sous-bois pour valoriser chaque mètre carré.
Objectif affiché : accélérer le cycle de croissance du chêne-liège, espacé traditionnellement de plusieurs décennies, pour en faire une ressource renouvelable économiquement viable. Et, par la même occasion, améliorer la résilience des paysages méditerranéens face aux incendies, au stress hydrique et à la désertification.

Une action exemplaire au service de toute la filière
Ce n’est pas la première initiative de Diam Bouchage pour soutenir la filière liège française. En partenariat avec l’Institut Méditerranéen du Liège (IML) et des structures locales comme l’ASL Suberaie Catalane, l’entreprise a financé cette année la levée de 50 tonnes de liège mâle, un matériau peu utilisé pour les bouchons, mais crucial pour l’entretien et le renouvellement des suberaies.
« Lever ce liège peu attractif est un acte de mécénat pour la filière », affirme Éric Feunteun. « Cela permet de débroussailler les parcelles et de sécuriser l’avenir, à la fois pour la biodiversité et pour la prévention des incendies. »
Une action saluée par Renaud Piazzetta, directeur de l’IML : « après la sécheresse de 2023 et l’impossibilité de planter en 2024, la saison 2025 s’annonce sous de meilleurs auspices. Cette dynamique collective, portée notamment par Diam Bouchage, redonne espoir à toute une profession. »
Dans les Pyrénées-Orientales, le millésime 2025 s’annonce déjà comme un cru exceptionnel : 200 tonnes de liège sont espérées cette année, un sommet jamais atteint depuis une décennie.
Circuits courts et long terme : une stratégie à double ancrage
Outre la préservation écologique, cette suberaie permettra de renforcer les circuits courts, en offrant un liège local aux domaines viticoles du Roussillon, tout en devenant un outil pédagogique à proximité immédiate du siège de l’entreprise.
Par cette approche globale, Diam Bouchage ne se contente pas d’assurer son approvisionnement futur. Elle contribue activement à restaurer la vitalité d’un savoir-faire agricole millénaire, adapté aux nouveaux enjeux climatiques.
Peu d’essences peuvent se targuer de protéger autant sans jamais tomber. Le chêne-liège, espèce endémique de l’arc méditerranéen, agit comme un puits de carbone naturel. Contrairement à d’autres cultures, il n’est pas abattu mais simplement écorcé, ce qui permet au CO₂ absorbé de rester stocké dans l’arbre et son écorce pour des décennies. Chaque bouchon produit porte ainsi en lui une empreinte écologique réduite et un marqueur de durabilité. Avec plus de 2 milliards d’unités fabriquées chaque année, dont 55 millions en liège français, Diam Bouchage entend faire du bouchon un symbole de transition durable.