Occitanie. Les Ateliers A+ dessinent le littoral de demain entre mer et culture

Entre Méditerranée et Massif des Albères, le littoral catalan se dote d’un nouvel emblème : la Maison de la Mer d’Argelès-sur-Mer. Cet édifice-paysage conçu par les Ateliers A+ incarne la volonté de la commune de réconcilier urbanisme et nature dans un espace portuaire réinventé. Plus au nord, à Sète, le même cabinet s’apprête à livrer un autre lieu phare : la salle Georges Brassens, pensée comme une respiration culturelle au pied du Mont Saint-Clair.

Les Ateliers A+ ont collaboré avec l’artiste Stéphane Villafane pour apporter une identité marquée à ce bâtiment-paysage. (Photo Atelier A+)

Les Ateliers A+ ont collaboré avec l’artiste Stéphane Villafane pour apporter une identité marquée à ce bâtiment-paysage. (Photo Atelier A+)

Sur l’ancien parking des Plaisanciers, la Maison de la Mer se dresse comme une extension naturelle du paysage. Pensée comme un parc public ouvert sur la mer, elle relie la ville au port par une promenade végétalisée. Ce bâtiment de 1 682 m², d’un montant global de 5,9 millions d’euros HT, accueille depuis l’été 2025 le siège du Parc naturel marin du golfe du Lion et la Capitainerie du port. Sa toiture accessible, ondulant tel un jardin suspendu, culmine à huit mètres pour offrir un belvédère à 360° sur la côte Vermeille.

Les architectes ont imaginé une architecture-paysage frugale et poétique, inspirée du mouvement des vagues et du vent. « Le bâtiment s’élève sans dominer, il s’inscrit dans son environnement comme une voile dans la brise », explique l’équipe des Ateliers A+ dans un communiqué. Labellisée Bâtiment Durable Occitanie niveau Argent, la construction repose sur une conception bioclimatique : toiture végétalisée, géothermie, panneaux photovoltaïques, et matériaux issus du réemploi — jusqu’à l’enrobé de l’ancien parking transformé en pas japonais.

Les chiffres traduisent cette ambition environnementale : 295 m² de panneaux solaires pour une puissance de 71 kWc, 87 000 kWh produits chaque année pour une consommation estimée à 61 000 kWh. Les essences méditerranéennes, les paillages en coquilles d’huîtres et les matériaux recyclés soulignent un retour à la sobriété. Le projet est également labellisé BEPOS niveau E3C1, confirmant sa performance énergétique positive.

À l’intérieur, la lumière du sud structure les espaces. Un hall vitré de 100 m², dominé par un lustre monumental signé Designheure, s’ouvre sur un espace d’exposition et un accueil partagé entre le Parc marin et la Capitainerie. À l’étage, une salle panoramique de 480 m², modulable en trois espaces, peut accueillir jusqu’à 450 personnes. Entre les patios, bureaux et zones de coworking, le dialogue entre mer et montagne est constant.

Un dialogue entre architecture et art

Les Ateliers A+ ont également confié à l’artiste catalan Stéphane Villafane la création de drapeaux monumentaux animant la façade, symboles d’un phare reliant terre et mer. « Je peins des espaces méditatifs qui invitent à la contemplation », confie l’artiste. Son travail accompagne une programmation culturelle annuelle : expositions, parcours pédagogiques et tables d’orientation permettant de lire le paysage, la faune et la météo marine.

Ce projet d’écoconception collective, mené avec la Ville d’Argelès-sur-Mer, la Capitainerie et le Parc naturel marin, marque une nouvelle étape pour le littoral. L’ancien parking a laissé place à une esplanade paysagère ouverte à tous, conçue comme un lieu de rencontre et de détente, entre végétation locale, aires de jeux et cheminements doux. Pour les Ateliers A+, cette approche traduit une conviction : « L’architecture doit être utile, sensible et ambitieuse, en plaçant le vivant au centre. »

À Sète, la salle Georges Brassens se pare d’une fresque signée Robert Combas

Quelques kilomètres plus loin, à Sète, un autre chantier orchestré par les Ateliers A+ illustre cette même volonté d’unir art, architecture et territoire. La salle Georges Brassens, lovée dans la pente du Mont Saint-Clair, redonne souffle au centre-ville. Son parvis redessine l’espace public et crée une continuité fluide avec la médiathèque et l’esplanade Aristide-Briand. Le bâtiment, de 1 140 m² pour un budget global de 3,8 millions d’euros HT, s’efface dans le paysage pour mieux dialoguer avec la ville.

Sa façade principale accueille une fresque monumentale en céramique, œuvre du peintre sétois Robert Combas, dont les couleurs flamboyantes s’admirent aussi bien depuis le parvis que de l’intérieur du hall vitré. L’artiste, figure du mouvement de la Figuration Libre, offre ici une œuvre totale : « Cette fresque, c’est un chant d’amour à Sète, à la musique et à la mer », explique-t-il. Visible depuis la rue Casanova, elle fait du bâtiment un signal culturel fort, prolongeant l’imaginaire du port et de Georges Brassens lui-même.

Le toit, végétalisé et visible depuis les immeubles alentour, participe à l’intégration du projet dans le paysage. L’ensemble, dessiné avec sobriété, se veut un lieu de partage, d’expression artistique et de convivialité. Lauréate du concours en 2019, l’équipe de maîtrise d’œuvre réunit les Ateliers A+, Egis (structure) et Acoustic Technologies Midi, avec une livraison prévue en 2027.

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La livraison est prévue 2027. (Photo Atelier A+)
Les Ateliers A+ : une architecture du lien
Nés de la fusion en 2024 de plusieurs entités – A+ Architecture, Arteba, L’Écho et Celsius Environnement – les Ateliers A+ rassemblent aujourd’hui plus de 100 collaborateurs répartis entre Montpellier, Nîmes, Toulouse et Paris. Leur approche transversale, mêlant architecture, urbanisme, paysage, design, ingénierie et environnement, s’exprime pleinement dans ces deux projets méditerranéens. « Nos bâtiments sont des lieux de vie avant d’être des objets architecturaux », résume l’équipe dirigeante. Entre Argelès et Sète, ces réalisations traduisent une même vision : une architecture du vivant, ancrée dans le territoire et ouverte à l’art. 

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