Réseaux électriques : l’Occitanie muscle son offre de formation pour répondre à l’urgence de la transition énergétique

La région Occitanie, la Région académique et les industriels de la filière des réseaux électriques ont officialisé, ce 30 juin, deux conventions de partenariat tripartite. Objectif : anticiper les besoins massifs en compétences et en recrutement liés à la transition énergétique, en mobilisant l’ensemble des acteurs éducatifs et économiques.

La signature des conventions s’est tenue en présence des lycéens en formation, invités à partager leur vision de la transition énergétique aux côtés des représentants institutionnels et industriels. (Photo Marie Grandchamps)

La signature des conventions s’est tenue en présence des lycéens en formation, invités à partager leur vision de la transition énergétique aux côtés des représentants institutionnels et industriels. (Photo Marie Grandchamps)

Face à l’électrification croissante des usages, à l’essor des énergies renouvelables et à la digitalisation accélérée des infrastructures, la filière des réseaux électriques est confrontée à une mutation profonde. Cette dynamique, qui s’inscrit dans le cadre plus large de la transition énergétique, engendre une pression sans précédent sur le besoin en main-d’œuvre qualifiée. D’ici à 2030, près de 43 000 recrutements seront nécessaires à l’échelle nationale.

En Occitanie, ce sont plus de 5 300 emplois techniques et industriels qui devront être pourvus dans les années à venir, avec une tension marquée sur les postes de monteurs de réseaux, techniciens d’exploitation, chefs de chantier ou encore ingénieurs en génie électrique.

Former, insérer, attirer : les trois axes de la stratégie

Pour anticiper cette tension et préparer les compétences de demain, la région Occitanie, la Région académique et les principaux acteurs industriels, réunis au sein de l’École des Réseaux pour la Transition Énergétique, ont signé deux conventions de partenariat. Ces engagements visent à structurer un écosystème performant autour de trois leviers : l’adaptation de l’offre de formation, la valorisation des métiers et la diversification des viviers de recrutement.

« Cette convention que nous signons aujourd’hui est un pont bâti entre le monde de l’éducation et celui de l’entreprise, mettant en adéquation les aspirations de nos élèves avec les grands enjeux industriels et écologiques de notre époque », souligne Carole Delga, présidente de la Région Occitanie.

Parmi les priorités affichées, l’augmentation des capacités de formation, en particulier en BTS électrotechnique, figure en tête, tout comme la création de passerelles entre établissements scolaires, CFA, universités et entreprises. Une attention particulière est portée à l’insertion des jeunes, des femmes et des personnes en reconversion, avec l’ambition de rendre les métiers des réseaux plus attractifs dès le collège.

Une dynamique déjà engagée dans les lycées d’Occitanie

La structuration de cette filière passe notamment par le programme de "coloration" des formations professionnelles. Treize lycées professionnels de la région participent d’ores et déjà à ce dispositif, avec des cursus dédiés en Bac Pro Mélec, BTS Électrotechnique ou certificat de spécialisation Monteur Réseau. Parmi eux figurent les établissements Jean-Jaurès à Saint-Affrique, Charles de Gaulle à Muret, ou encore Joliot-Curie à Sète.

Ce déploiement régional s’inscrit dans une dynamique nationale plus large : en 2024, 40 nouveaux établissements ont rejoint le réseau des lycées partenaires, portant à 151 le nombre d’établissements impliqués, pour un total de 8 500 élèves engagés dans ces formations stratégiques.

Enedis, un acteur moteur du dispositif

Partenaire de premier plan, Enedis confirme son rôle structurant au sein de cette dynamique régionale. En 2024, l’entreprise a recruté 3 600 salariés au niveau national, soit 500 de plus qu’en 2023, dont près de la moitié en alternance. En Occitanie, le gestionnaire du réseau de distribution a franchi la barre des 4 000 salariés et prévoit 1 000 recrutements supplémentaires d’ici à 2027, dont environ 300 dès 2025.

« Nous sommes fiers de contribuer à la formation des jeunes et de favoriser l’insertion sur des métiers porteurs de sens et d’opportunités professionnelles », indique Bastien Toulemonde, directeur Enedis référent Occitanie. Enedis envisage aussi d’élargir l’offre de formations sur tout le territoire, en lien avec ses besoins prévisionnels.

Une stratégie pour conjuguer inclusion, emploi et souveraineté industrielle

Au-delà de l’enjeu éducatif, ces conventions tripartites répondent à un défi économique majeur. Il s’agit d’accompagner la transition énergétique sans négliger l’inclusion, en ouvrant ces métiers à des publics plus diversifiés, et en garantissant une réponse adaptée aux besoins des entreprises.

Pour Carole Drucker-Godard, rectrice de la région académique Occitanie, « adapter la carte des formations, c’est offrir à chaque jeune des perspectives d’avenir concrètes dans des secteurs en pleine transformation ». Elle insiste sur l’importance de faire de l’école « un levier d’émancipation et de cohésion territoriale ».

L’ensemble de cette mobilisation régionale illustre la capacité de l’Occitanie à anticiper les mutations structurelles de l’économie et à s’appuyer sur ses atouts éducatifs pour renforcer sa souveraineté industrielle. En plaçant la formation au cœur des enjeux de transition, la région entend transformer une contrainte nationale en véritable opportunité de développement local.

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