Toulouse. CGEM fête ses 80 ans et prépare la 4ᵉ génération

Créée en 1945, la Compagnie Générale d’Entreprise Moderne (CGEM) a célébré ses 80 ans autour d’une soirée qui a marqué un tournant. PME indépendante ancrée route de Launaguet à Toulouse, l’entreprise revendique une identité de constructeur polyvalent, mêlant gros œuvre, menuiserie bois, métallerie désamiantage et déconstruction, avec un chiffre d’affaires annuel d’environ 15 millions d’euros et une centaine de collaborateurs.

La direction de CGEM mise sur l’innovation et la transmission pour préparer l’arrivée de la 4ᵉ génération. (Photo CGEM)

La direction de CGEM mise sur l’innovation et la transmission pour préparer l’arrivée de la 4ᵉ génération. (Photo CGEM)

L’histoire de CGEM commence au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. En 1945, Lucien Monier fonde l’entreprise à Toulouse, d’abord centrée sur le gros œuvre et la maçonnerie. Très vite, la société s’impose sur des chantiers emblématiques de la ville, comme le Monument à la gloire de la résistance, la piscine olympique ou encore des équipements culturels et sportifs qui ont contribué à façonner le paysage urbain toulousain.

En 1975 Le flambeau est ensuite transmis à son fils, Pierre Monier, qui poursuit le développement de l’entreprise et amorce une première diversification des métiers. À partir de 2005, une nouvelle étape s’ouvre avec la prise de fonctions d’Anne-Marie Vial (née Monier), présidente et de Raphaël Vial, directeur général. Le duo structure l’entreprise pour l’adapter aux exigences contemporaines du bâtiment, tout en préservant son indépendance et son ancrage territorial.

En 2025, lors de la soirée anniversaire des 80 ans, la famille annonce l’entrée en scène de Maxime Vial, représentant de la 4ᵉ génération. Ce dernier, ingénieur diplômé a intégré l’entreprise il y a trois ans. Il complète sa formation technique initiale par un parcours à l’École des jeunes dirigeants de la Fédération française du bâtiment, pour se préparer à reprendre progressivement la direction.

« Si l’entreprise est toujours là en 2025, c’est grâce au travail de toutes les générations, mais aussi de l’ensemble des collaborateurs, du compagnon de chantier jusqu’aux fonctions de direction », insiste Raphaël Vial.

De trois métiers à quatre pôles complémentaires

À l’origine focalisée sur le gros œuvre, CGEM a progressivement construit un modèle fondé sur la polyvalence. Sous l’impulsion de Pierre Monier, l’entreprise ajoute d’abord une menuiserie bois puis une serrurerie-métallerie. Ces ateliers, d’abord pensés pour servir les chantiers internes, gagnent peu à peu en autonomie.

L’entreprise compte aujourd’hui quatre pôles d’activité :

  • le gros œuvre
  • la menuiserie bois intérieure et extérieure,
  • la métallerie-serrurerie,
  • la démolition et la déconstruction, adossées aux compétences en désamiantage.

Cette organisation donne naissance à une PME de construction intégrée, capable d’intervenir sur un chantier en gros œuvre seul, en menuiserie ou serrurerie, désamiantage uniquement, ou en combinant les quatre métiers selon les besoins. Pour le gros œuvre, l’activité reste concentrée sur Toulouse et l’ex-Midi-Pyrénées, tandis que les autres activités interviennent sur un périmètre plus large, jusqu’en Occitanie et en Nouvelle-Aquitaine, avec des réalisations à Bordeaux, Marseille ou Montpellier.

« CGEM reste une PME indépendante, polyvalente, proche de ses clients. Cette proximité, combinée à la capacité de mobiliser rapidement des équipes pour des travaux de confortation, de dépannage ou de rénovation lourde, fait partie de l’ADN de l’entreprise », souligne la présidente.

Une PME indépendante, proche de ses équipes et de son territoire

CGEM revendique une culture très affirmée de PME familiale toulousaine. Le choix de ne pas multiplier les agences en France est assumé : l’objectif n’est pas de courir après la croissance à tout prix, mais de pérenniser une entreprise rentable, ancrée sur son territoire, avec un bassin de clientèle solide dans la région toulousaine.

Cet ancrage local s’accompagne d’un management que la direction décrit comme rigoureux mais accessible. La proximité avec les équipes de chantier est revendiquée, avec une volonté d’appliquer des règles claires sans « cas particulier », tout en cultivant un esprit de relation gagnant-gagnant entre l’entreprise et ses salariés.

La formation et la transmission des savoir-faire constituent un autre pilier majeur. L’entreprise accueille régulièrement des apprentis, souvent recrutés à l’issue de leur stage ou période en alternance, et met en place des plans de formation adaptés aux souhaits d’évolution comme aux besoins stratégiques de la société.

« Certains compagnons sont devenus conducteurs de travaux, puis responsables de service. L’idée est de permettre à ceux qui ont démontré leur savoir-faire technique et leurs capacités d’encadrement de monter en responsabilité, avec des formations ciblées pour les accompagner », détaille Raphaël Vial.

Lors de la soirée des 80 ans, la direction a tenu à placer les collaborateurs au centre de la célébration : un hommage appuyé à celles et ceux qui, sur les chantiers, œuvrent chaque jour avec sérieux et savoir-faire auprès des clients.

Digitalisation précoce et innovation constructive

CGEM se distingue par son approche proactive de la digitalisation, ayant intégré les outils numériques dès ses débuts pour optimiser la production et la gestion interne. L'entreprise utilise des logiciels métiers interconnectés pour faciliter le traitement des données et éviter les doubles saisies, tout en améliorant l'efficacité des équipes. Elle a également digitalisé des processus clés, comme la gestion des factures fournisseurs, afin de réduire les tâches administratives et améliorer la fluidité des opérations.

Parallèlement, CGEM teste régulièrement de nouvelles approches constructives. L’entreprise a récemment été distinguée pour un chantier en béton de terre porteur, un matériau encore marginal qui combine enjeux patrimoniaux et performance environnementale. Elle investit également dans les fenêtres bois et mixtes bois-aluminium sur mesure, un segment exigeant mais porteur, où la performance thermique et la durabilité constituent de solides arguments commerciaux.

« Sortir de la zone de confort fait partie de la philosophie maison : accepter de se lancer sur des techniques nouvelles, sur des chantiers complexes, c’est une manière d’ouvrir de nouveaux créneaux de marché tout en enrichissant les compétences internes », résume les dirigeants.

Recrutement, modèle économique et transmission : les grands défis

Comme nombre d’acteurs du bâtiment, CGEM se heurte à une difficulté récurrente : la recherche de compétences qualifiées. Les besoins portent autant sur des compagnons de haut niveau que sur des profils capables de prendre des responsabilités d’encadrement dans les années à venir. Dans un contexte où le secteur devient « de plus en plus technique », la direction insiste sur l’importance de la montée en compétences en interne et de l’attractivité des métiers.

Au-delà des ressources humaines, l’entreprise identifie un défi économique de fond : dans un marché où la pression sur les prix reste forte et où certains segments sont « tirés vers le bas », le modèle de la PME de construction doit être réinventé pour rester viable sur le long terme. CGEM entend répondre à cette équation en concentrant ses efforts sur des marchés à forte valeur ajoutée : rénovations lourdes, interventions sur immeubles en péril, chantiers patrimoniaux complexes, agencement sur mesure, services de maintenance et petits travaux structurés.

« La transition énergétique, les nouvelles réglementations, l’innovation sont des évolutions logiques du secteur. Le vrai défi, c’est d’imaginer un modèle d’entreprise qui reste rentable dans ce contexte tout en respectant les exigences de qualité et de sécurité », analyse Raphaël Vial.

La transmission à la 4ᵉ génération constitue enfin un enjeu majeur des prochaines années. L’entreprise prépare le passage d’une gouvernance à deux têtes vers une direction confiée à Maxime Vial, ce qui suppose de repositionner certains cadres, de structurer davantage l’organigramme et de consolider les relais de management.

Rester « moderne » à 80 ans

Derrière l’acronyme CGEM – Compagnie Générale d’Entreprise Moderne – se joue un équilibre entre héritage et modernité. À l’heure de fêter 80 années de chantiers, l’entreprise toulousaine revendique autant ses racines familiales et son ancrage local que sa volonté de continuer à évoluer, investir et se transformer.

Entre structures innovantes, menuiseries bois à haute performance, désamiantage, digitalisation des process et montée en puissance de la 4ᵉ génération, la PME entend rester fidèle à ce que son nom promet depuis 1945 : une entreprise « moderne » qui regarde loin devant, sans renier le travail des générations qui l’ont construite.

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