Toulouse. Le Stade Toulousain teste l'arrosage avec la réutilisation des eaux usées traitées

Mercredi 31 mai 2023, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, a officiellement lancé Val'Réu, le projet de réutilisation des eaux usées traitées de l'usine d'épuration de Ginestous, en présence des partenaires du projet.

"On pompe 50 millions de m3 dans la Garonne chaque année, on rejette dans le fleuve 40 millions de m3 d’une eau traitée a minima", détaille Robert Médina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'eau à gauche). (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

"On pompe 50 millions de m3 dans la Garonne chaque année, on rejette dans le fleuve 40 millions de m3 d’une eau traitée a minima", détaille Robert Médina, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l'eau à gauche). (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

L’amoureux de l’eau, Jean Claude Van Damne, l’avait prédit en 2010 : « Dans 20/30 ans, il n’y aura plus d’eau. J’espère que non ! ». Le constat est indéniable : l’eau n’est pas une ressource illimitée, et avec le dérèglement climatique, elle pourrait se faire de plus en plus rare au fil des décennies. L’Occitanie n’échappe pas au constat du manque d’eau notamment avec la canicule de l’an passé. Conjointement avec le plan eau du gouvernement, ce sont 10% de l’eau prélevée qu’il faudra économiser en France d’ici 2030.

"D'autres pays arrivent à le faire"

« Aujourd’hui, nous sommes à 0,01% mais l’objectif est réaliste car d’autres pays arrivent à le faire. Alors que l'eau se raréfie, la réutilisation des eaux traitées (REUT) de station d'épuration, est l'une des solutions alternatives à l'eau potable pour certains usages : nettoyage des rues, lavage des véhicules ou encore arrosage d'espaces verts. Le recours aux eaux usées traitées est strictement encadré pour rester compatible avec les exigences de protection de la santé et de l'environnement », présente Jean Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole.

C’est là que le projet Val’Réu sort la tête de l’eau. Ainsi, il a pour objectif de développer de nouveaux usages de l'eau usée traitée, issue de l'usine de dépollution de Toulouse-Ginestous-Garonne, et ainsi contribuer à économiser les ressources en eau potable. Mais aussi d'initier un programme participatif d'actions innovantes en matière de réutilisation des eaux usées traitées. Cela va également permettre la mobilisation des acteurs du territoire pour créer une dynamique autour de l'économie circulaire de l'eau et d'accompagner l'évolution réglementaire sur les usages des eaux usées traitées.

Un projet de longue date

Mise en service 2020, son unité de REUT est composée d'un traitement tertiaire membranaire par ultrafiltration avec désinfection par chloration. Appelée Néophil, cette membrane présente des avantages uniques comme la résistance aux oxydants (chlore, ozone...), perméabilité élevé et durable, une excellente résistance mécanique face à la rupture et à l'élongation, sans Bisphénol A et S (nocif pour la santé). La production actuelle est de 60 m3/h d'eaux usées traitées (extensible à 90 m3/h) de qualité A. L'utilisation est pour le moment autorisée pour l'arrosage des espaces verts de la station d'épuration et du golf de Garonne.

Tisséo et le Stade Toulousain se mettent à l'eau

Les partenaires de Val'Réu coopèrent autour de quatre expérimentations, dont deux ont déjà démarré. La première est la construction d'une station-service d'eaux usées traitées pour l'alimentation en eau de camions hydrocureurs, en charge du nettoyage et du curage des canalisations d'assainissement, et citernes pour l'arrosage des jardins et espaces verts et le nettoyage de la voirie. La deuxième concerne des essais d'arrosage sur des parcelles tests de gazons du Stade Toulousain, en collaboration avec le Stade Toulousain et les universités toulousaines.

« Depuis plusieurs mois, le Stade Toulousain s’engage sur l’économie légitime que ce soit l’électricité et le gaz. Désormais, on s’attaque à la consommation de l’eau ! Ce projet pilote est surveillé par la Ligue national de rugby. Le monde du sport nous attend au tournant », exprime Franck Belot, membre du Stade Toulousain.

« Des tests sont déjà mis en place pour analyser la quantité d’eau mais aussi la fréquentation d’arrosage avec de l’eau réutilisée », poursuit-il.

Des petites plateformes d'essais pour l’arrosage des stades.
Des petites plateformes d'essais pour l’arrosage des stades. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie) 

Le défi de l'acceptation de l'opinion

Les autres actions sont en cours de définition. Il s'agit d'une expérimentation d'usage d'eaux usées traitées pour les WC, en collaboration avec les universités toulousaines et le Stade Toulousain. Et d'une étude de faisabilité d'utilisation pour le lavage des rames de métro dans le garage-atelier de Daturas, site de maintenance et remisage des rames de la ligne C du métro, et notamment pour le lavage des rames de métro. Cela serait prévu pour 2028. Mais le défi le plus important est l’acceptation par le grand public.

« On n’est pas dans l’utilisation de l’eau de pluie mais bel et bien des eaux traitées venant de nos eaux d’épuration. Il va falloir mettre un point d’orgue sur la qualité et la surveillance de cette eau pour une réacceptabilité de nos concitoyens », ajoute Sébastien Vincini, le président du Conseil départemental de Haute-Garonne.

Sur le plus long terme, la diversification des usages des eaux usées sera déployée malgré le fait qu’elles ne seront jamais potables. Concernant le prix ? Au vu des effets écologique positifs non négligeables, traiter les eaux usées, ce n’est pas gratuit. Mais cela reste certainement moins cher », répond Jean-Luc Moudenc.

Val'Réu, un projet coopératif
En 2021, l'agence de l'eau Adour-Garonne porte l'appel à projets Ec'Eau (Economie circulaire de l'eau). Toulouse Métropole rassemble un consortium local pour y répondre avec le projet Val'Réu, et la réutilisation des eaux usées traitées de Ginestous. Le montant total du projet est estimé à 830 00 euros (500 000 euros pris en charge par Toulouse Métropole, 155 000 par Astéo, 61 500 par Polymen, 36 200 par le laboratoire de l'eau de la Haute-Garonne, 7800 par le CNRS et 7200 par le Stade Toulousain). Val'Réu est financé à 80 % par l'agence de l'eau Adour-Garonne.
Toulouse, la métropole de l’eau
Toulouse Métropole compte 17 stations d'épuration, l'usine de Ginestous-Garonne est l'une des plus grandes de France.
- 88 % de l'eau potable arrive bien au consommateur (80 % au niveau national)
- 540 fuites résorbées en 2022
- 1,5 millions de m3 d'eau économisés en 2022, soit l'équivalent de 600 piscines olympiques
- 24 millions d'euros dédiés aux canalisations chaque année.

 

 

 

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