La Fondation Toulouse Cancer Santé finance quatre nouveaux projets innovants en 2025, pour un total de 400 000 €, portés par des chercheuses toulousaines mobilisées pour faire avancer la compréhension, le diagnostic et les traitements du cancer.
En partant du haut, de gauche à droite : Estelle Espinos, Célia Delahaye, Roxana Khazen et Anne Montfort. (Photo CRCT)
Depuis près de vingt ans, la Fondation Toulouse Cancer Santé renforce son rôle moteur dans la recherche en cancérologie. La sélection de quatre nouveaux projets scientifiques, chacun financé à hauteur de 100 000 €, marque une étape décisive pour l’écosystème toulousain de l’Oncopole. Ces travaux, fondés sur des approches collaboratives et interdisciplinaires, s’inscrivent dans la dynamique d’innovation portée par la fondation, qui soutient en 2025 huit projets, deux chaires et quatre allocations doctorales.
« Pour ces équipes de grands talents, s’ouvre désormais la perspective de pouvoir mener sereinement des travaux difficiles et prometteurs pour le bénéfice des patients. » souligne Philippe Douste-Blazy, président de la fondation.
Une sélection rigoureuse dédiée aux projets les plus ambitieux
En septembre, les porteurs de projets ont été auditionnés par six membres du Conseil scientifique, mobilisés sous clause de confidentialité pour garantir une évaluation indépendante. Cette expertise, reconnue au niveau national, repose sur l’exigence de faisabilité, la qualité des équipes impliquées et la pertinence scientifique des approches.
L’appel à projets lancé en janvier 2025 ciblait spécifiquement des initiatives collaboratives innovantes pour mieux comprendre, diagnostiquer et traiter le cancer. L’ensemble des disciplines était concerné : biologie, intelligence artificielle, physique, imagerie, technologies de pointe. Les projets retenus appartiennent à cette catégorie dite “à risque”, essentielle pour faire émerger des ruptures scientifiques difficiles à financer autrement.
La fondation dévoile cette année un palmarès inédit, entièrement féminin, mettant en lumière l’expertise de Célia Delahaye, Estelle Espinos, Roxana Khazen et Anne Montfort, toutes quatre engagées dans des travaux associés au Centre de Recherches en Cancérologie de Toulouse (CRCT) et à plusieurs laboratoires toulousains.
MECA LUNG : comprendre la résistance du cancer du poumon
Porté par Célia Delahaye, en collaboration avec le LAAS-CNRS et le laboratoire RESTORE, le projet MECA LUNG s’attaque au cancer du poumon, première cause de décès liés aux cancers. L’enjeu est majeur : l’apparition de résistances aux traitements complique souvent la prise en charge.
Ce programme associe biologie, physique et intelligence artificielle afin de mieux détecter les cellules responsables de ces résistances. Les équipes mobilisent notamment l’imagerie à force atomique (AFM) pour analyser les signatures mécaniques des cellules et identifier les propriétés expliquant leur résistance. Cette approche multidisciplinaire ouvre la voie à une compréhension plus fine de l’évolution tumorale.
PIONEER : lever les freins aux immunothérapies
Dirigé par Estelle Espinos, professeure à l’Université Paul Sabatier, en partenariat avec une équipe de l’unité INFINITY de l’Inserm, le projet PIONEER explore le rôle du PD-L1, une protéine clé dans la résistance des cellules tumorales aux immunothérapies.
L’objectif est d’apporter une preuve de concept capable de faire évoluer les approches actuelles pour les cancers solides. En ciblant ce mécanisme précis, l’équipe souhaite ouvrir la voie à des stratégies thérapeutiques qui améliorent l’efficacité des traitements et prolongent la survie des patients.
MASK S : identifier les “super tueurs” parmi les lymphocytes T
Le projet MASK S, conduit par Roxana Khazen avec le laboratoire INFINITY, se concentre sur les immunothérapies appliquées au mélanome. À travers une combinaison d’imagerie moléculaire avancée et d’analyse computationnelle, les chercheuses travaillent à différencier l’organisation moléculaire de deux types de lymphocytes T cytotoxiques : ceux qui présentent une activité limitée et ceux qui se démarquent comme de véritables “super tueurs”.
Cette distinction pourrait permettre la conception de nouvelles stratégies optimisant les immunothérapies cellulaires en renforçant la capacité des cellules immunitaires à détruire les tumeurs.
B TACTIC : décrypter le rôle des anticorps anti-TNF dans le mélanome
Mené par Anne Montfort, en partenariat avec l’IPBS, le projet B TACTIC fait suite à deux essais cliniques montrant que l’association d’anticorps anti-TNF à des inhibiteurs de points de contrôle immunitaires améliore les résultats cliniques chez les patients atteints de mélanome.
L’objectif de cette nouvelle phase est d’expliquer précisément le mécanisme d’action de ces anticorps et de démontrer leur potentiel pour renforcer la réponse immunitaire. Ces travaux pourraient contribuer à faire évoluer les protocoles actuels dans les cancers cutanés avancés.
« Les dons en faveur de la fondation nous permettent de renforcer encore notre combat contre le cancer et je remercie chaleureusement les donateurs, toujours plus nombreux à soutenir ces équipes de chercheurs totalement engagés dans cette course vers la guérison. » explique Pr Gilles Favre, directeur de la Fondation Toulouse Cancer Santé.