La fintech Lyra se positionne sur le paiement instantané

Anton Bielakoff, directeur général de Lyra.

Anton Bielakoff, directeur général de Lyra.

L’année 2020 sera dense pour le groupe Lyra. Ses solutions de gestion et de sécurisation des paiements continuent à se déployer, notamment à l’international, et de nouveaux services s’annoncent, notamment pour le paiement instantané.

 

Chez Lyra, 70 % des développeurs font de la R&D. Sans doute une des raisons pour lesquelles la FinTech se hisse au podium des acteurs français du marché du paiement en ligne. Cette PME basée à Labège (aux abords de Toulouse) met les bouchées doubles dans un marché prometteur et compétitif, celui de la gestion et de la sécurisation des paiements en ligne. Un marché lié à la croissance folle de l’e-commerce, où notre pays se place d’ailleurs plutôt bien, selon Anton Bielakoff, directeur général du groupe : « La France est la 6ème puissance mondiale en e-commerce, derrière la Chine, les Etats-Unis, le Japon, l’Angleterre et l’Allemagne. Et pour l’Europe, on prévoit une croissance du marché aux environs de 15 % ! »

 20 % de croissance et un service de paiement via WatsApp
Lyra est une entreprise familiale indépendante (détenue par son fondateur Alain Lacour et des membres du comité de direction) qui emploie aujourd’hui 340 salariés. De 60 M€ de chiffre d’affaires en 2018, la FinTech passe à plus de 70 M€ fin 2019, soit une croissance de 20 %. Leader sur le créneau des terminaux de paiement en France (activité qui représente 60 % de son activité), le groupe toulousain s’est fait aussi un nom à l’international, à travers ses deux filiales au Brésil et en Inde et ses bureaux en Europe, en Algérie, en Argentine, au Pérou, en Colombie, au Chili. 

Ses métiers ? « On est là pour outiller toutes les solutions d’acheminement des transactions et pour les sécuriser », résume Anton Bielakoff qui annonçait il y a quelques mois un partenariat avec Facebook pour le développement d’une offre de paiement par WatsApp. Deux mois après ce lancement, 150 clients ont recouru à ce nouveau service : « on s’attendait à plus de succès en France, mais c’est surtout en Amérique Latine et en Allemagne que cela prend », commente le dirigeant qui reste confiant, ayant déjà pu observer un certain temps d’adaptation avant que les nouveaux outils de paiement soient acceptés et adoptés par tous.

Renforcement des positions à l’export
Les perspectives de développement du groupe Lyra prennent plusieurs chemins. Le premier est le renforcement commercial à l’export, avec l’objectif de dépasser les 50 % de ventes à l’international en 2020 : Anton Bielakoff évoque un renforcement des positions déjà en activité avant de viser de nouvelles extensions géographiques dans l’immédiat.

Deuxième chemin de développement : densifier le catalogue des solutions innovantes en s’adaptant aux nouveaux besoins des utilisateurs. L’obtention de l’agrément d’établissement de paiement par la Banque de France au printemps 2017 donne aussi au groupe de belles opportunités de développement. Lyra peut maintenant proposer une offre globale auprès des e-commerçants que ce soit dans l’étendue des moyens de paiement proposés, dans les devises ou le domaine des marketplaces. Dans ce dernier domaine, un fort développement en Europe et en France est attendu dans le BtoC avec le passage de 30 Mds à plus de 40 Mds€ de CA à horizon fin 2021. 

Cross canal et paiement instantané
L’un des enjeux actuels de la FinTech est l’usage du paiement en cross canal, qui combine les paiements en ligne et en magasin.  Exemple : les clients d’un commerce qui ont fait un achat dans un magasin physique mais qui souhaitent recevoir un remboursement en ligne ou encore payer en plusieurs fois, la première dans un magasin puis sur internet... »

Autre enjeu, l’arrivée en France de la réglementation européenne DSP2 qui impose le 3DS avec progressivement une authentification forte pour la plupart des paiements en ligne : « nous sommes en avance dans ce domaine et notre système a été agréé au niveau international. Je rappelle que ces travaux sur l’authentification ont représenté un travail de 10 personnes pendant trois ans ! » commente Anton Bielakoff qui se penche déjà sur d’autres sujets stratégiques comme l’instant paiement : permettre un virement de dizaine de milliers d’euros en quelques secondes sur un compte en banque. Autrement dit passer du J+1 au virement à l’instant T. Lyra multiplie les interfaces avec les banques et prévoit de répondre progressivement à ces nouveaux besoins dès 2020.

De nouveaux murs et des recrutements
Un déménagement s’organise ce début d’année. Toujours à Labège, à côté du siège de 2000 m², un building de 4000 m² est sorti des murs début 2020 (budget de plus de 5 M€) pour accueillir les équipes de Lyra qui n’en finissent pas de grandir. L’immeuble de 5 étages est la propriété du groupe et veut contribuer à l’essor de la marque employeur : convivialité, aménagements favorisant le travail collaboratif, workcafé à tous les étages (5 niveaux), douches et vestiaires pour les sportifs, salles de détente et de sport, restaurant en pleine lumière au dernier étage…

L’entreprise détentrice du label exigeant HappyAtWork cherche à attirer les talents et à fidéliser ses employés. Elle recrutait 50 personnes en 2019 et embauche encore cette année (près d’une quarantaine d’annonces sur le site). « Nous sommes bloqués par le trop faible nombre d’ingénieurs disponibles sur le marché », regrette Anton Bielakoff qui, avec d’autres acteurs de la FinTech en Occitanie, travaille à l’attractivité de la filière. Lyra fait partie, avec Toulouse place financière, Bankapart, Fin-avenue.com et le cluster Digital 113, du collectif Occitanie Fin Tech. Son ambition : faire jouer les synergies pour structurer et faire évoluer la filière en associant banques, universités et écoles à l’écosystème des FinTech régionales.

 

Chiffres clés
340 salariés, CA 2019 (prévision)  : 70 M€ (croissance de 20 % par rapport à 2018)
+ de 20 milliards de paiement sécurisés et transmis en 2018 dans le monde
+ de 55 000 e-commerçants
+ de 4 000000 de terminaux de paiement dans le monde
Quelques utilisateurs des solutions de paiement (PayZen, solutions mobiles…) : Société Générale, Banque Populaire / Caisse d’Epargne (BPCE), Crédit du Nord, La Banque Postale, Tour Eiffel,  CAF, Just Eat, Alinéa, Truffaut, Eram, Aéroport de Toulouse…

 

 

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