2023, année noire pour le logement social en Occitanie : les chiffres qui alarment

Les chiffres de 2023 confirment la crise du logement en Occitanie, avec une diminution dramatique de la programmation et une demande croissante. Habitat Social en Occitanie (HSO) lance un appel urgent à une politique gouvernementale robuste pour éviter une crise sociale dévastatrice en 2024.

Au cours des 10 prochaines années, 26 000 logements classés E, F et G devront être traités dans la région pour l’atteinte d’une étiquette D a minima. (Photo d'illustration : Pixabay)

Au cours des 10 prochaines années, 26 000 logements classés E, F et G devront être traités dans la région pour l’atteinte d’une étiquette D a minima. (Photo d'illustration : Pixabay)

Alors que l'année 2023 a laissé des cicatrices profondes sur le paysage du logement social en Occitanie, les chiffres révèlent une crise persistante, mettant en lumière la nécessité d'une action immédiate. La baisse drastique de la programmation, l'augmentation continue de la demande et la stagnation des attributions créent un cocktail explosif qui menace de paralyser davantage le secteur. Selon Michel Calvo, président de Habitat Social en Occitanie (HSO), "plus que jamais, le logement, ce besoin essentiel, devient une inaccessible étoile en Occitanie. Nous ne pouvons nous résoudre au désastre social qui s'annonce." La crise, évoquée comme une "année noire pour le logement social en Occitanie," souligne la nécessité de mesures concrètes pour inverser la tendance.

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L’Aude, le Gers, la Lozère, le Tarn et le Tarn-et-Garonne ont vu la construction d’habitat social régresser en 2023. (Illustration : HSO)

Les combats d'Habitat Social en Occitanie

Habitat Social en Occitanie (HSO) se positionne en tant qu'acteur central dans la défense du logement à loyer modéré. Leur engagement pour les 12 prochains mois vise à proposer des solutions dans le débat public, avec une priorité claire : "Redonner à nos organismes les moyens financiers pour construire les logements qui font défaut, rénover notre parc et soutenir les ménages les plus modestes," déclare Jean-Michel Fabre, vice-président de HSO.

Les chiffres de 2023 révèlent un écart croissant entre l'offre et la demande, créant une crise structurelle majeure. La demande a augmenté de près de 10 % entre 2022 et 2023, tandis que les attributions ont diminué de près de 6 % sur la même période. La courbe des demandeurs continue de monter de manière constante depuis une décennie, avec une augmentation de 62 %. "La situation actuelle résulte d'un effondrement du taux de rotation et d'une baisse de la programmation, notamment due à l'impact de la RLS (Réduction du loyer de solidarité)," explique Michel Calvo. En 2023, seulement 9241 logements locatifs sociaux ont été programmés en Occitanie, marquant une baisse de plus de 12 % par rapport à 2022.

Le défi de la réhabilitation des logements

Alors que la performance énergétique du parc social d'Occitanie est actuellement supérieure à la moyenne nationale, la nécessité de réhabiliter les logements se fait sentir. Un rythme moyen de 4500 logements rénovés par an est observé depuis 5 ans, mais les premières données de 2023 indiquent une stabilisation autour de cette moyenne. Les explications avec Jean-Michel Fabre :

"Pour atteindre les objectifs de décarbonation d'ici 2050, une accélération à hauteur de 10 000 logements par an, à compter de 2034, est nécessaire. Le besoin financier sur cette période est estimé à 6,4 milliards d'euros".

Les chiffres clés 2024 du logement social en Occitanie
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63 organismes de logement social (OLS)
- 325 000 logements sociaux, dans 1600 communes
- 690 000 personnes vivent dans le parc locatif social, soit 11 % de la population régionale
- 9200 nouveaux logements sociaux financés en 2023
- 30 000 bénéficiaires d’attribution de logements en 2023
- 2 milliards d’euros investis chaque année dans l’économie régionale
- 35 000 emplois directs ou induits

Des disparités inquiétantes entre les territoires

La programmation de logements sociaux en 2023 montre des disparités significatives entre les territoires. Les deux grandes aires urbaines, Montpellier (Hérault) et Toulouse (Haute-Garonne), ont des dynamiques différentes. Montpellier voit une baisse de 15 %, tandis que Toulouse connaît une chute de 51 %. Ces tendances se reflètent également au niveau départemental, exacerbant la crise de l'offre.

Montpellier Méditerranée Métropole compte 33 500 demandeurs d'un logement social. Leur âge moyen est de 37 ans, avec une forte représentation des moins de 40 ans (52 %). 45 % sont des personnes seules, et plus de 11 % sont en situation de handicap. Le délai d'attente moyen est de 20 mois, supérieur à la moyenne régionale de 14 mois.

"Un sursaut est nécessaire"

Dans le contexte de cette crise sans précédent, Michel Calvo souligne que le logement social n'est plus en mesure de jouer son rôle d'amortisseur traditionnel, en raison du manque de financements et de politiques publiques adaptées. La demande en Occitanie atteint un chiffre record de 190 000 demandeurs début janvier 2024, en augmentation de 10 % en douze mois et de 62 % en dix ans. "Seule une inversion des courbes pourrait éviter la crise sociale majeure qui se profile en France comme en Occitanie," explique Jean-Michel Fabre.

HSO appelle à des mesures d'urgence, massives et ambitieuses, soulignant la nécessité d'un réel engagement financier de l'État. Les propositions concrètes d'HSO, notamment l'abrogation de la RLS, la réduction de la TVA, et l'accès facilité aux ressources foncières de l'État, cherchent à débloquer les freins à la construction des logements manquants.

Les propositions d'Habitat Social en Occitanie
- Abroger la RLS pour permettre aux organismes de logement social de retrouver des capacités de financement.
- Revenir à une TVA à 5,5% pour tous types de travaux.
- Favoriser l'accès aux ressources foncières de l'État, à prix maîtrisé, pour les organismes de l'habitat social.
- Ouvrir une partie du dispositif MaPrimeRenov’ au logement social.
- Expliciter les modalités d'accès aux 1,3 milliard d'euros dédiés à la réhabilitation sur 3 ans.
- Maintenir une diversité de soutiens financiers pour les organismes, y compris les fonds européens via les Régions.
- Revaloriser les APL en tenant compte de l'inflation.

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