Aude. Comment Port-la-Nouvelle veut devenir le « premier port de la transition énergétique en France »

Démarrés en 2019, les gigantesques travaux d’extension de Port-la-Nouvelle vont se poursuivre en 2024 après (déjà) plus de 234 millions d’euros d’investissements et une grosse ambition sur l’éolien en mer.

Les travaux vont se poursuivre en 2024 à Port-la-Nouvelle, notamment sur la partie marchandise. (Photo : Lydie Lecarpentier - Région Occitanie)

Les travaux vont se poursuivre en 2024 à Port-la-Nouvelle, notamment sur la partie marchandise. (Photo : Lydie Lecarpentier - Région Occitanie)

« On veut faire de Port-la-Nouvelle le premier port de la transition énergétique en France ». Telle est l’ambition assumée de Didier Codorniou, maire de Gruissan (Aude) et premier vice-président de la Région Occitanie. Actuellement premier port de pêche de la Méditerranée mais seulement 12e en France en termes d’activité globale, Port-la-Nouvelle (Aude) aspire sérieusement à changer de braquet ces prochaines années. La Région veut faire du port audois une plate-forme dédiée aux énergies renouvelables, en particulier de l’éolien flottant en mer et de l’hydrogène vert.

234 millions d’euros entre 2019 et 2023

Entre 2019 et 2023, la collectivité a déboursé 234 millions d’euros tandis que 124 millions d’euros d’investissement sont prévus en 2024 par la Semop (Société d’économie mixte à opération unique), composée de la Région Occitanie mais aussi de la Banque des Territoires, du consortium Nou Vela, associant des opérateurs privés comme Deme Concessions, Euroports, Epico et Qair, et de la CCI de l’Aude.

Avec 2 millions de tonnes de trafic par an, l’activité du port était en baisse. « Il était confronté à un manque de stockage, à une faible profondeur de bassin. Nous devons relever des défis économiques et énergétiques. Nous voulons faire de Port-la-Nouvelle un hub de la transition énergétique et de l’éolien », poursuit l’élu, qui vise 5 millions de tonnes annuels en 2035 et 6 à 12 millions de tonnes entre 2040 et 2050.

Travaux sur la partie marchandise

Deux digues ont été créées : l’une au sud longue de 600 mètres, et l’autre au nord de 3 km. Un quai de 7 ha pour accueillir les fermes pilotes d’éoliennes flottantes a été livré en 2022. Il compose la première phase d’un terminal « vert » dédié aux énergies marines renouvelables. 2023 a symbolisé le début de la deuxième phase du chantier avec les travaux d’infrastructure de la partie marchandise. « En l’occurrence, ce sont d’abord les travaux de terrassement du Mole Marchandise qui ont commencé début juin avec à terme 1 milliard de m3 de mouvements de matériaux sableux. Des matériaux issus du dragage du futur bassin portuaire pour assurer le tassement des assises par méthode dite de surcharge. Le sable utilisé pour le compactage des sols est ensuite placé sur le futur môle vert, destiné à accueillir des projets en lien avec la transition énergétique », explique NGE, l’entreprise retenue notamment pour assurer ces travaux.

En 2024, vers la fin du mois de mars, « la poutre de couronnement sera posée. Puis les équipes reviendront en septembre 2024 pendant un mois pour la mise en place d’équipements des quais », poursuit-on du côté de NGE.

Fermes pilotes en 2024

La Semop va poursuivre ces travaux d’extension avec la construction d’un nouveau poste navire pour vracs liquides et d’un terminal spécialisé dans le traitement des vracs secs, pour une livraison en 2025. Cette année, l’ambition de la Région sur l’éolien en mer va être plus visible via ses deux fermes pilotes. Le projet Eolmed devrait voir le jour fin 2024 alors qu’il était prévu pour être inauguré mi-2024, en raison de la lourdeur des flotteurs. Le nom du gestionnaire de ces fermes pilotes, qui devraient générer 250 MGw, sera dévoilé au mois de juin.

Port-la-Nouvelle est également au centre de la politique régionale en faveur de l’hydrogène vert. En juin 2023, les travaux de l’usine Hyd’Occ avaient débuté. Cette usine de production d’hydrogène vert d’une capacité de 6000 t/an par électrolyse de l’eau (50MW à terme) sera alimentée en électricité verte régionale. La production devrait démarrer fin 2024.

Enfin, l’Occitanie a demandé à l’Etat que le mégaprojet de gazoduc maritime entre Barcelone et Marseille (2000 mètres de fond et sur 400 km) soit connecté avec l’Aude et Port-la-Nouvelle. « Nous avons de l’ambition et la volonté d’accélérer et de répondre aux enjeux avec le hub de Port-la-Nouvelle », conclut Didier Codorniou.

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