Bruno Bergoend : « le dispositif de formation des compétences connaît des failles inquiétantes »

 Le président de l’UIMM Occitanie Bruno Bergoend résume les propositions concrètes des industriels pour répondre aux enjeux majeurs de l'emploi dans son secteur. 

Bruno Bergoend, président de l'UIMM Occitanie.

Bruno Bergoend, président de l'UIMM Occitanie.

Pour se développer, monter en gamme, mener à bien sa transformation technologique et numérique, prendre sa part dans la transition environnementale, améliorer sa compétitivité dans une économie mondialisée, l’industrie française doit disposer sur le marché du travail de personnes qualifiées et compétentes pour innover, créer et produire. Or, le dispositif de formation des compétences connait des failles inquiétantes.

Apprentissage : bilan contrasté
Le rebond d’activité actuel, qui nous réjouit, met plus que jamais en avant les fragilités dans ce domaine. L’enseignement professionnel reste dévalorisé : les jeunes sont orientés dans les filières techniques et professionnelles par défaut, lorsqu’ils ne sont pas jugés aptes à suivre la filière générale. Le système d’orientation scolaire ne fait pas assez suffisamment coïncider les souhaits et les aptitudes des élèves. Pour pallier ces difficultés, les entreprises industrielles s’impliquent fortement dans l’apprentissage et la formation professionnelle de leurs salariés.
Si la dynamique de croissance de l’apprentissage est incontestable en 2020, avec notamment plus de 30 200 apprentis formés dans le réseau des CFAI de l’UIMM en France dont près de 2 000 en Occitanie, elle recouvre une réalité contrastée. Elle s’opère en partie grâce à un basculement des contrats de professionnalisation (qui enregistre une baisse de près de 50 %) vers les contrats d’apprentissage au niveau de prise en charge financière plus attractif. Et, surtout, en raison de la très forte croissance du nombre des contrats en apprentissage dans l’enseignement supérieur. Malheureusement, l’apprentissage au niveau Bac ou infra Bac ne progresse que faiblement. Il y a donc une déformation de l’alternance en faveur des diplômes supérieurs. Or les difficultés de recrutement actuelles de nos ETI, PMI et TPE concernent au premier chef des postes d’ouvriers qualifiés (chaudronnier, soudeur, tôlier, opérateur de ligne de production, technicien … dans la métallurgie), de niveau bac professionnel, voire CAP.

Cinq propositions concrètes aux candidats aux élections présidentielles 
Face à ces constats, l’UIMM propose de partager quelques-unes de ses réponses à l’enjeux capital des compétences en cette période électorale :
- Mettre en place dès le primaire, un plan volontariste de promotion de la culture scientifique à l’école, pour sensibiliser les jeunes, améliorer la qualité de l’enseignement des matières scientifiques.

-Confier le pilotage de l’orientation aux régions en coordination avec l’État (rectorats) et les universités en associant l’ensemble des acteurs (collèges, lycées, universités, Pôle Emploi, Apec, Cap emploi, missions locales, branches professionnelles)

-Confier la responsabilité des lycées professionnels sur les filières industrielles au ministère de l’Industrie. L’objectif est d’associer plus étroitement l’industrie à l’évolution de l’enseignement professionnel, de développer l’apprentissage et d’assurer une vraie complémentarité entre lycées professionnels et centres de formation d’apprentis

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