Conférence de rentrée du Medef 31. « Les chefs d’entreprise sont inquiets mais pas pessimistes »

Denis Lafon (CDC), Luc Marta de Andrade (Syntec numérique), Pierre-Marie Hanquiez (Medef31), Philippe Frey (Syntec ingénierie), Emile Noyer (FBTP31), Bruno Bergoend (UIMM Occitanie).

Denis Lafon (CDC), Luc Marta de Andrade (Syntec numérique), Pierre-Marie Hanquiez (Medef31), Philippe Frey (Syntec ingénierie), Emile Noyer (FBTP31), Bruno Bergoend (UIMM Occitanie).

A l’occasion du lancement du Top Economique Occitanie 2021, le président du Medef Haute-Garonne Pierre-Marie Hanquiez a présenté ce jeudi 10 septembre les résultats du dernier sondage réalisé auprès de ses adhérents. Les présidents locaux des principales fédérations professionnelles sont intervenus pour présenter les premiers effets de la crise sanitaire dans leur secteur.

 

Dans le contexte économique particulier actuel, le traditionnel rendez-vous de rentrée du Medef 31 autour du lancement du Top Eco Occitanie a pris une tournure différente. Ce guide annuel qui classe les entreprises de la région (1400 en tout) par chiffre d’affaires reflète la santé des entreprises. Mais il s’agit des chiffres 2019. « 2019 est loin derrière nous, nous parlerons plus de la situation actuelle », a annoncé le président Pierre-Marie Hanquiez qui a tout d’abord annoncé que la soirée de lancement sera reportée au 30 novembre. Le philosophe Raphaël Enthoven interviendra à ce grand rendez-vous de l’écosystème local. 

Un sondage révélateur des effets de la crise sanitaire
Un sondage a été adressé aux chefs d’entreprise adhérents au Medef Haute-Garonne. Les 140 réponses obtenues ce début de septembre viennent d’entreprises de tous secteurs et de toutes tailles, soit un panel bien représentatif. Seulement 29 % des entreprises sondées déclarent avoir une activité égale à l’an dernier. « Des chiffres qui traduisent le tsunami provoqué la crise du coronavirus », commente Pierre-Marie Hanquiez qui observe aussi que 35 % d’entre elles ont dû réduire leur effectif. Et demain ? " L’effet Covid-19 ne sera pas tout à fait en forme de V, du moins dans notre région "  observe le président en analysant une perte d’activité plus durable dans certains secteurs, notamment dans l’aéronautique. Au second semestre 2020, plus de 29 % des entreprises se déclarent réticentes à l’investissement.
La baisse des commandes est la principale inquiétude évoquée par les chefs d’entreprise interrogés. Au final, Pierre-Marie Hanquiez décrit chez les chefs d’entreprise un état d’esprit " réaliste et combatif, mais de l’inquiétude face au manque de visibilité et aux incertitudes. Les chefs d'entreprise sont inquiets mas pas pessimistes." Malgré ce contexte, sur le plan social, les relations ont été jugées bonnes pour une très grande majorité des dirigeants.

Ingénierie et numérique : renversement des tendances
Les entreprises de l’ingénierie ont été massivement touchées par la crise, affichant une baisse d’activité parfois supérieure à 50 %, notamment dans les secteurs de l’aéronautique, de l’automobile et du numérique.  Au total, la baisse d'activité est de 15 % pour l’ensemble des entreprises en 2020. « C’est historique : ce premier semestre 2020, il n’y a pas eu de croissance d’effectifs ! », commente Phillippe Frey, délégué régional Occitanie Syntec-ingénierie, qui, les années précédentes évoquait surtout des difficultés de recrutement.

Pour le Syntec numérique Occitanie, regroupant les ESN, les activités de conseils en technologie et les éditeurs de logiciels, Luc Marta de Andrade, en charge des relations avec le Medef indique que 10 000 personnes sont inoccupées (licenciements, départs en retraite, chômage partiel) suite à la crise,  ce qui représente 30 % des effectifs de la profession. Les problématiques de maintien des compétences et de l’attractivité de Toulouse sur cette filière sont à l’ordre du jour et Luc Marta de Andrade a évoqué des discussions avec Airbus sur le sujet, ou encore la piste de créer une « zone franche du numérique » à Toulouse (avec des allégements fiscaux).

Commerce. Baisse des fréquentations et hausses des coûts
44 % des commerces sont restés fermés toute la durée du confinement. La reprise d’activité a ensuite été au rendez-vous mais les freins sont encore là  avec des problèmes de fréquentation (39 % des commerces observent une baisse de fréquentation), une hausse des coûts liée à l’équipement en  produits sanitaires, à de nouvelles organisations logistiques, et des problèmes d’approvisionnement (des retards de livraison par exemple). 58 % des entreprises pensent retrouver un niveau normal d’activité à fin 2020. « La confiance des ménages sera déterminante pour l’activité des commerces de détail », observe Denis Lafon, président du conseil départemental du commerce (CDC) de Haute-Garonne.

UIMM. L’aéronautique en très forte turbulence sur le court terme
Une baisse d’activité de 35 à 40 % s’annonce pour la métallurgie en Occitanie. En prévision de croissance en 2019, l’aéronautique était le terrain de gros investissements, y compris chez les PME de la supply chain. La crise sanitaire a brutalement changé la donne et ces mêmes entreprises dotées d’un stock de 3 à 4 mois ont vu, pour certaines, leur chiffre d’affaires baisser jusqu’à 50 à 60 %. « L’Occitanie représente un tiers de l’aéronautique européen, rappelle Bruno Bergoend, président de l’UIMM Occitanie, et la relance est attendue pour 2023-2024. Il va falloir sur le court terme s’habituer à travailler avec une activité réduite ». Les coupes dans les frais de fonctionnement, la R&T et le chômage partiel sont les nouvelles donnes de cette situation.

Pour la R&T, Bruno Bergoend a évoqué les différentes voies en faveur de la transition énergétique encouragées aujourd’hui à l’échelle européenne et nationale. « Il va falloir se fixer sur la voie à suivre, pour vite concrétiser en créant des filières. Il y aura un seul standard international sur l’aviation verte, et nous devrons y être ! » A côté de l’avion plus vert, les rebonds et passerelles sont aussi dans la diversification, notamment vers les secteurs de la santé, de l’énergie, etc. « Nous pouvons faire migrer les talents vers d’autres filières » propose le président qui estime que 10 % des effectifs de l’industrie sont menacés aujourd’hui.  D’un autre côté, l’agroalimentaire, la santé, le textile, le bois, la plasturgie ont repris le même niveau d’activité qu’auparavant.

BTP. Des inquiétudes sur  le logement neuf et les travaux publics
Les projets de logement neuf inquiètent les acteurs de la filière BTP : « Le plan de relance orienté vers le bâtiment durable nous donne l’espoir que l’activité redémarre, mais nous regrettons l’absence de mesures en faveur du logement neuf » explique Emile Noyer, président de la FBTP31. En Haute-Garonne, le BTP représente 34 000 salariés et pèse 9,7 Mds € (construction, promotion immobilière, travaux publics). 44 % de l’activité est dans le neuf. 11 000 logements ont été réalisés en 2019, et ce chiffre baisse à 9 300 en 2020, suite à l’arrêt de l’activité pendant deux mois. Le confinement a aussi eu pour effet le ralentissement des instructions de permis. Sur les autres types de constructions, bâtiments d’entreprise ou administrations publiques, Emile Noyer constate que l’on construit deux fois plus en hors logement en Gironde qu’en Haute-Garonne.  Les travaux publics sont aussi très affectés par cette crise sanitaire.  A côté du métro, quels seront les autres grands programmes à venir ?

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