Cryptomonnaies : en Occitanie, la prudence domine malgré une adoption plus élevée que la moyenne nationale

Un rapport révèle les perceptions contrastées des habitants d’Occitanie face aux cryptomonnaies, entre curiosité, méfiance et aspirations à l’indépendance financière.

Loin de l’effervescence mondiale autour des cryptomonnaies, les Français restent majoritairement spectateurs : un sur huit seulement a tenté l’aventure. (Photo Pixabay)

Loin de l’effervescence mondiale autour des cryptomonnaies, les Français restent majoritairement spectateurs : un sur huit seulement a tenté l’aventure. (Photo Pixabay)

Alors que les cryptomonnaies peinent encore à s’imposer dans les usages courants des Français, la région Occitanie se démarque par une sensibilité légèrement plus forte à ces actifs numériques. C’est ce que révèle une enquête menée par Selvitys pour le CJ Research Hub, dont les résultats ont été analysés spécifiquement pour la région et publiés début mai 2025. Menée auprès d’un échantillon représentatif de plus de mille Français, l’étude offre un regard inédit sur les usages, les blocages, les ambitions et les motivations profondes qui animent les détenteurs – ou les réfractaires – de cryptomonnaies en Occitanie.

Une adoption en légère hausse, mais encore marginale

Dans un paysage national où seulement 12,45 % des Français affirment avoir déjà acheté des cryptomonnaies, l’Occitanie se hisse à 15,63 %, traduisant un intérêt légèrement supérieur pour cette nouvelle forme d’investissement. Pourtant, la prudence reste de mise. La part de la population régionale n’ayant pas franchi le pas pour cause de méfiance ou d’incompréhension reste importante. Près de 26 % déclarent ne pas suffisamment comprendre le fonctionnement des cryptomonnaies, tandis que 21 % indiquent ne pas leur faire confiance. Mais c’est surtout la perception d’un mauvais placement qui freine les intentions : 37,5 % des répondants estiment que les cryptomonnaies ne constituent pas un bon investissement.

Entre spéculation et stratégie à long terme

Sur les motivations des investisseurs, l’Occitanie affiche une répartition équilibrée entre deux logiques bien distinctes. Un tiers des répondants considèrent les cryptomonnaies comme un investissement à long terme, au même titre que l’épargne classique, tandis qu’un autre tiers y voit avant tout un outil spéculatif de court terme. Cette ambivalence traduit une appropriation encore en construction, où la recherche de rendement rapide cohabite avec une volonté d’anticiper l’évolution des marchés.

Une part non négligeable, 13,33 %, considère également la crypto comme une protection face à l’inflation ou à l’instabilité économique, signe d’une inquiétude diffuse vis-à-vis du système monétaire traditionnel. Pourtant, rares sont ceux à lui consacrer une part importante de leur patrimoine. Pour plus de la moitié des répondants, la crypto ne dépasse pas 5 % de leurs avoirs, et un tiers seulement y alloue entre 5 % et 10 %.

L'usage reste dominé par les plateformes centralisées

Sur le plan pratique, les habitants de la région privilégient encore massivement les plateformes d’échange pour stocker leurs actifs numériques. Six détenteurs sur dix y ont recours, contre deux sur dix qui optent pour des portefeuilles matériels ou logiciels. Cette préférence traduit une recherche de simplicité et d’accessibilité, quitte à s’éloigner des principes d’auto-garde prônés par certains puristes du secteur.

La prudence des Occitans se reflète également dans leurs choix d’investissement. Une large majorité (73,33 %) privilégie les cryptomonnaies établies comme le Bitcoin ou l’Ethereum, réputées moins risquées. Seulement 13,33 % s’orientent vers des actifs émergents à forte volatilité. Ce choix traduit une volonté de sécurisation plus que de prise de risque, dans un environnement encore perçu comme mouvant.

Relations bancaires sous tension, mais moins conflictuelles en région

L’un des freins souvent évoqués dans les débats autour des cryptomonnaies concerne les relations avec les établissements bancaires. Si, au niveau national, près de 30 % des investisseurs ont rencontré des difficultés – allant du blocage de comptes à des retraits suspendus – les Occitans semblent en partie épargnés par ce phénomène. Dans la région, 80 % des personnes interrogées affirment n’avoir jamais connu de problèmes avec leur banque à cause de leurs transactions liées aux cryptomonnaies. Un chiffre qui tranche avec certaines tendances nationales, et pourrait refléter soit une utilisation encore modérée, soit des pratiques plus discrètes.

L’idée que les cryptomonnaies pourraient constituer une alternative crédible à la finance traditionnelle ne fait pas consensus. En Occitanie, seuls 9,38 % des sondés y adhèrent pleinement, tandis que plus de 40 % se disent neutres, et près d’un tiers rejettent cette affirmation. Ces résultats laissent entrevoir une fracture culturelle entre les usages numériques émergents et les fondements encore puissants de la banque classique.

Tentation de l'exil fiscal et rêves de liberté

La question d’un éventuel déménagement en cas de gains importants liés aux cryptomonnaies révèle des aspirations intéressantes. Si plus de la moitié des Occitans assurent vouloir rester en France, 27 % y réfléchissent, et 7 % y sont même fermement décidés. Contrairement aux idées reçues, l’argument fiscal n’est pas toujours central. Certes, 21 % évoquent des impôts plus avantageux et de meilleures opportunités financières, mais c’est avant tout la quête d’une meilleure qualité de vie qui prédomine (57,58 %). Pour d’autres, l’environnement économique ou politique apparaît comme un facteur décisif, notamment dans un contexte international incertain.

Ces données révèlent un paysage en transition. L’Occitanie ne fait pas figure de pionnière absolue dans l’adoption des cryptomonnaies, mais ses habitants semblent plus ouverts que la moyenne nationale à ces actifs numériques. Loin des élans spéculatifs ou de la radicalité libertarienne, leur approche mêle curiosité, prudence et pragmatisme. Un équilibre qui pourrait évoluer dans les années à venir, à mesure que les usages se normalisent et que l’écosystème gagne en maturité.

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