Émeutes en Occitanie : plus d'un million d'euros de dégâts à Montpellier

Depuis la mort du jeune Nahel, les violences urbaines ont impacté tout l’Hexagone. Les dégradations constatées sont considérables en France. On fait le point sur la région Occitanie avec la CCI Occitanie et le Medef 31.

De prochaines annonces sera dévoilées pour venir en aide aux commerçants touchés, comme ici à Montpellier. (Photo : Twitter/CCI Hérault)

De prochaines annonces sera dévoilées pour venir en aide aux commerçants touchés, comme ici à Montpellier. (Photo : Twitter/CCI Hérault)

Depuis la mort du jeune Naël a mis le feu aux poudres dans les banlieues. Entre les véhicules brûlés, les dégradations publics, le pillage des commerces, ces émeutes violentes ont provoqué des dégâts considérables en seulement une semaine. 

Un milliard d’euros estimé par le Medef France

Dans les colonnes de nos confrères du Parisien-Aujourd’hui en France, Geoffroy Roux de Bézieux, le patron du Medef, évalue les dégâts à un milliard d’euros pour les entreprises. Pour le dirigeant du syndicat, « il est trop tôt pour donner un chiffre précis mais on est à plus d’un milliard d’euros, sans compter les dégâts au niveau du tourisme. Les vidéos des émeutes, qui ont circulé dans le monde, dégradent l’image de la France ». Il compte plus de 200 commerces pillés, 300 agences bancaires détruites, 250 bureaux de tabac touchés.

"L'asphyxie devient réalité"

Dans un contexte déjà très tendu de baisse de pouvoir d’achat et d’inflation, les commerçants sont touchés de plein fouet et cet épiphénomène violent impacte le secteur après la crise des gilets jaunes, la pandémie liée au coronavirus, l’augmentation des prix des matières premières et l’envolée des tarifs de gaz et d'électricité́.

« Les commerçants, les hôteliers et les restaurateurs, déjà à bout de souffle, connaissent une désertification de leurs commerces et établissements et donc une baisse de leur activité. L’asphyxie d’un secteur annoncée depuis quelques mois devient petit à petit réalité », déclare Thomas Fantini, restaurateur du Groupe Esprit Pergo et vice-président du Medef 31.

Le restaurateur ne dément pas son inquiétude notamment avec la venue prochaine de la coupe du monde de rugby. « Les derniers événements dégradent l’image de la France et si la crise perdure il y aura un impact fort sur la saison estivale avec une baisse de chiffres d’affaires au moment même d’une période cruciale qui permet de constituer des réserves de trésorerie. » poursuit Thomas Fantini. Ainsi, le Medef 31 redemande d’examiner la question d’un délai dans le remboursement des Prêts garantis par l'État (PGE) accordés pendant la crise sanitaire. 

Plus d’un million d’euros sur Montpellier

Même si les violences n’ont pas eu autant d’ampleur que dans d’autres villes (Nanterre, Marseille…), la région Occitanie n’a pas échappé aux émeutiers. Pour la CCI Occitanie, il s’agit d’une injustice vis-à-vis des commerçants. « Il va falloir les soutenir massivement puisque l’ensemble des secteurs est fragilisé depuis près de cinq ans. »

Effectivement, l’enquête Obséco, menée en mars/avril 2023 par les CCI d'Occitanie, a permis de recueillir le témoignage de 3 673 chefs d’entreprises (industrie, construction, commerce, services, hôtels-cafés-restaurants) sur leur situation. Hormis l’évolution des effectifs salariés, tous les autres indicateurs présentent soit une évolution défavorable en tendance (chiffre d’affaires, trésorerie, marge commerciale, confiance en l’avenir de l’entreprise), soit une tendance étale (prévisions de chiffre d’affaires, carnets de commandes). Tendance défavorable du chiffre d’affaires et dégradation de la trésorerie sont les points communs à tous les secteurs d’activité. « A la suite de ces événements, il est important pour la CCI Occitanie que l’ensemble des acteurs se mobilise pour faire redémarrer les commerces impactés le plus rapidement », poursuit la Chambre.

Globalement sur la région Occitanie, pour les entreprises touchées, sans compter le mobilier urbain, la première estimation s’élève à plus d’un million d’euros. L’Hérault est le plus touché avec une trentaine de commerces touchés au-délà des dégradations.

« Un premier bilan des dégâts a été estimé à plus d’un million d’euros à Montpellier avec 16 entreprises touchées, on compte également cinq entreprises à Béziers… On a commencé à comptabiliser près de 80 salariés mis en chômage technique dans l'Hérault. La plus grande difficulté maintenant est les stocks totalement vides pour commerces… donc leur saison est déjà terminée » déplore-t-elle. Dans le Gard, deuxième département le plus touché, l’estimation s’élève, pour le moment, à une dizaine d’entreprises. La Haute-Garonne n’a eu qu’une seule entreprise touchée. « En général, les opticiens, les magasins de sport, les boutiques ayant des articles technologiques ont été les plus impactées » détaille-t-elle.

 

« Nous restons tout de même dans le flou pour les prochaines semaines et mois à venir. Ce genre d’événement génère un impact négatif sur le tourisme. Durant les émeutes de 2005, 30 % des touristes avaient annulé leur déplacement… Nous sommes la 4e région la plus touristique de France et la saison estivale est un moment fort dans l’année. On ne cache pas notre inquiétude de voir une vague d’annulation des réservations… », affirme la Cci Occitanie. 

Cellule de crise et assurances

Bien évidemment, la CCI Occitanie a mis en place des cellules de crises dans les départements les plus impactés « On travaille avec une cellule psychologique, Apesa, pour venir en aide aux commerçants. Nous nous déplaçons très régulièrement auprès des entreprises touchées pour pouvoir remonter des informations et récolter les besoins des entreprises », déclare la Chambre. La CCI Occitanie propose également un accompagnement administratif dans toutes les démarches juridiques et auprès des assurances.

Bruno Le Maire, ministre de l'Économie et des Finances, en concertation avec CCI France, avait annoncé des mesures de soutien et d’accompagnement face aux récentes émeutes qui ont durement frappé les commerces. Sur le territoire sont concernées, par exemple, les villes de Montpellier et de Béziers. Cette série de mesures vise à apporter une aide concrète aux commerces touchés par les émeutes, en les accompagnant dans leur processus de rétablissement et en leur offrant un soutien de proximité pour faire face aux défis auxquels ils sont confrontés.

A l’heure de l’écriture de cet article, le gouvernement planifiait de nouveaux dispositifs d’assurances pour indemniser les commerces touchés par ces violences urbaines.

A lire aussi