Emmanuelle Parache : « La reconquête de la biodiversité passe par les entreprises »

Emmanuelle Parache a fondé Biocénys, coopérative spécialisée dans le conseil aux entreprises et collectivités sur les questions de biodiversité.

Emmanuelle Parache a fondé Biocénys, coopérative spécialisée dans le conseil aux entreprises et collectivités sur les questions de biodiversité.

Emmanuelle Parache est l'intervenante dans notre dernière Tribune Libre, parue dans l'édition de décembre du magazine Entreprises Occitanie. Pour la fondatrice de Biocénys les entreprises ont un rôle clé à jouer dans la préservation de la biodiversité.

« La crise sanitaire de la Covid a créé une accélération sensible de la prise de conscience des entreprises au sujet de leurs impacts et de leurs dépendances à la biodiversité. Pour autant les actions tardent à venir et le premier semestre a plus été consacré à des annonces qu’à des mesures concrètes.

J’en profite pour préciser que la biodiversité ce ne sont pas seulement les espèces, les milieux, leur diversité et leurs interactions mais aussi les services écosystémiques indispensables à la vie : filtration de l’eau, formation des sols, production de dioxygène, matières premières, régulation du climat, pollinisation, atténuation des îlots de chaleur, etc..

90% des zones humides, propices à la biodiversité ont été asséchées, 70% des prairies où vit une riche diversité de pollinisateurs ont disparu, 10% des forêts où 75% de la biodiversité est présente, ont été détruites depuis 2001, les oiseaux des milieux agricoles ont perdu près du tiers de leurs effectifs.

Négliger la responsabilité des entreprises à cette perte vertigineuse reviendrait à se tirer une balle dans le pied, ou plutôt dans le cœur.

L’impact des entreprises est réel sur la perte dramatique de la biodiversité : appauvrissement de la diversité des écosystèmes et régression en termes de surface, pollution, surexploitation des ressources naturelles, dérèglement climatique, introduction d’agents pathogènes ou invasifs.

Trop loin des préoccupations des chefs d’entreprises ? Pas assez d’informations ? D’outils ? Peut-être.

C’est l’occasion de rappeler ici que les modèles économiques des entreprises vont être profondément impactés par la crise écologique qui est déjà là. Réinventer son modèle à l’aulne des enjeux de transition est une évidence, la bio-inspiration peut d’ailleurs être une voie. « Va prendre tes leçons dans la nature, c’est là qu’est notre futur » Léonard De Vinci, ce n’est pas tout jeune !

La future stratégie nationale biodiversité qui sortira, après la 2ème partie de la COP15 biodiversité, mi-2022, fixera les objectifs pour les 10 prochaines années. Parmi ceux-ci, un renforcement accru des attentes vis-à-vis des entreprises mais aussi la possibilité d’incitations fiscales pour atteindre ces objectifs.

Les acteurs de l’aménagement seront les premiers contributeurs avec une ambition de zéro artificialisation nette et zéro perte nette de biodiversité à 2040 pour la Région Occitanie. Nous pourrions même imaginer, et cela s’imagine dans certaines régions, que les aménageurs/promoteurs pourraient être payés (ou exonérés) pour le maintien des services écosystémiques. Cela suppose d’évaluer ceux de la parcelle avant la cession du foncier, la céder à l’aménageur s’engageant à recréer le plus de services écosystémiques et mesurer ensuite le gain.

Pour les autres, cela pourrait être une révision de la fiscalité foncière qui valoriserait les efforts fait par l’entreprise pour faire contribuer son site à la préservation et au développement de la biodiversité.

Bien sûr, au-delà des aspects financiers, la sensibilisation des chefs d’entreprise est aussi un levier important qui leur permettra d’évaluer leurs impacts et leurs dépendances à la biodiversité puis concevoir une véritable stratégie biodiversité qui minimise les uns et analyse le risque pour les autres.

Le dispositif Entreprises Engagées pour la Nature, porté par l’Office Français de la Biodiversité est un bon moyen de structurer sa démarche et mettre en place un plan d’actions.

Alors, on y va ? »

 

Biocénys au chevet des entreprises
En mars prochain, la société coopérative Biocénys fêtera ses 10 ans. A la tête d’une équipe de 7 personnes (CA : 300 K€), Emmanuelle Parache est derrière cette société pionnière sur les sujets biodiversité et entreprise. Après quelques années de marketing et communication, cette titulaire d’un master marketing et diplômée d’école de commerce a fait le choix de se tourner vers le développement durable. La biodiversité était un concept très éloigné des entreprises en 2012… un vaste champ d’actions s’ouvre à cette entrepreneuse engagée et convaincue qui a démarré par une formation d’apicultrice et un premier service d’installation de crèches dans les entreprises. Les solutions se développent progressivement avec du conseil en ingénierie, de la biosurveillance, de l’écopâturage, l’installation d’hôtels à insectes, de la sensibilisation ou de la valorisation des actions déjà menées, ou encore une solution de financement de la gestion de forêts françaises en compensation de l’empreinte carbone de l’entreprise (service Alséide). Ses clients ? Des grands groupes comme Veolia, Suez, des industriels comme ATR, Imerys, Danone, etc. Les promoteurs, PME de service, retail, ou dans la santé font aussi appel à ses services. En 2022, Biocénys prévoit un fort développement, notamment sur le conseil aux entreprises et la solution Alséide.

 

 

 

 

 

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