Grâce à la technologie de Safra, les premiers cars à hydrogène d'Europe vont rouler dans le Tarn

Mercredi 17 avril 2024, la présidente de la Région Occitanie Carole Delga était chez Safra, à Albi, pour présenter les premiers cars à hydrogène qui circuleront dans le Tarn d'ici fin avril.

Au premier plan, Vincent Lemaire (PDG de Safra) et Carole Delga (présidente de la Région Occitanie) ont présenté les premiers cars à hydrogène rétrofités d'Europe, mercredi 17 avril 2024 à Albi, dans le Tarn. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Au premier plan, Vincent Lemaire (PDG de Safra) et Carole Delga (présidente de la Région Occitanie) ont présenté les premiers cars à hydrogène rétrofités d'Europe, mercredi 17 avril 2024 à Albi, dans le Tarn. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Méfiez-vous des apparences : le rétrofit n'est pas la dernière tendance des coachs dans les salles de sport mais l'opération consistant à remplacer le moteur thermique d'un véhicule en changeant la technologie. Un segment dans lequel l'Occitanie est à la pointe !

15 cars transformés

Mercredi 17 avril 2024, Carole Delga, la présidente (PS) de la Région Occitanie, était en déplacement à Albi (Tarn) au coeur de l'entreprise Safra pour présenter les premiers cars à hydrogène rétrofités d'Europe. Plutôt que de les mettre au rebuts, des cars diesel vont voir leur durée de vie prolongée grâce à cette technologie travaillée par Safra depuis 2020. "C’est dans le cadre du projet européen Corridor H2, visant à décarboner massivement le transport de voyageurs et de marchandises, que la Région Occitanie a engagé la transformation de 15 autocars diesel, en autocars alimentés par de l’hydrogène vert. Un projet rendu possible grâce au kit « H2-PACK® » imaginé par l’entreprise albigeoise Safra et ses salariés et soutenu par l’Ademe, dans le cadre de France 2030. Cette technologie révolutionnaire permet de prolonger la vie de véhicules diesel déjà en service, en rendant leur circulation totalement décarbonée puisqu’ils ne rejettent que de la vapeur d’eau. Ils pourront donc également circuler dans des Zones à Faibles Emissions (ZFE). 35 kg d’hydrogène vert sont stockés dans six réservoirs, permettant d’assurer une autonomie du car jusqu’à 500 km", explique la Région Occitanie. 

Chaque car comporte 35 kg d'hydrogène vert stockés dans six réservoirs. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
Chaque car comporte 35 kg d'hydrogène vert stockés dans six réservoirs. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Un investissement de plus de 7 millions d'euros

Si des projets similaires sont en cours dans d'autres territoires, l'Occitanie sera la première région à faire circuler des voyageurs dans des cars à hydrogène rétrofités, avec un investissement de 7,2 millions d'euros à la clé pour ces 15 premiers cars. Carole Delga précise :

"Les deux premiers cars seront mis en service sur les lignes liO 702 et 709 reliant Albi, Saint-Sulpice et Lavaur, tandis que les 13 autres seront mis en service d'ici la fin de l'année 2024. Le partenariat avec Safra est pour nous essentiel : c'est pour nous un défi et la preuve que l'on peut concilier l'industrie et l'écologie, avec zéro émission de CO2 sur un trajet longue distance et des véhicules qui ne font pas de bruit".

Vincent Lemaire, PDG de Safra, indique qu'une telle technologie permet de "prolonger l'exploitation des cars pour dix ans supplémentaires". Le dirigeant tarnais précise que "tous les éléments ont été constitués sur place par l'expertise de nos équipes. L'intérêt de ces rétrofits est le gain de temps : transformer un véhicule comme un bus prend moins de temps que d'en fabriquer un nouveau. Prolonger la vie de ces véhicules prend tout son sens". Le passage de chaque car du diesel à l'hydrogène coûte environ 300 000 euros et nécessite près de 500 heures de travail. "85 de nos 220 salariés ont travaillé exclusivement sur ce projet", poursuit Vincent Lemaire.

Imposer l'hydrogène dans le transport

Sur les 5000 véhicules qui circulent pour le compte de la Région Occitanie (dont 1100 sur les lignes régulières), 330 appartiennent en propre à la collectivité, le reste étant la propriété de transporteurs privés. Les 15 premiers cars qui rouleront à l'hydrogène font partie de ces 330 en question. L'idée pour la Région est d'imposer l'hydrogène pour les appels d'offres de ces prochaines années. "L'objectif est de rétrofiter plusieurs centaines de cars sur les prochaines années", confirme Carole Delga.

Une production assurée par l'usine Lhyfe

La Région Occitanie a fait l'acquisition d'une station mobile pour alimenter les cars à hydrogène. Cette dernière sera installée à Saint-Sulpice-la-Pointe, toujours dans le Tarn. En attendant, c'est l'usine Lhyfe de Bessières (Haute-Garonne) qui produit cet hydrogène, un site qui a été inauguré en décembre 2023 et qui a la particularité d'être le plus grand site de production d'hydrogène vert et renouvelable en France (jusqu'à deux tonnes par jour).

L'émergence d'une nouvelle filière

Ces projets autour de l'hydrogène (la ligne ferroviaire Montréjeau-Luchon qui doit revenir en service fin 2025 ou en 2026 fonctionnera à l'hydrogène) ont pour vocation de créer une nouvelle filière dans la région. "Pour Safra, il s'agit d'un marché opérationnel de suite. En France, on enregistre plus de 6000 nouvelles immatriculations de bus par an, et 40 000 en Europe. C'est un marché considérable, à nous de convaincre les clients de l'excellence de cette solution", estime Vincent Lemaire.

L'inauguration s'est déroulée également en présence de nombreux élus du Tarn et du préfet. (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)
L'inauguration s'est déroulée également en présence de nombreux élus du Tarn et du préfet Michel Vilbois (à gauche). (Photo : Anthony Assémat - Entreprises Occitanie)

Les messages de Carole Delga

Carole Delga, qui fonce sur l'hydrogène depuis notamment le vote en 2019 d'un Plan Hydrogène vert de 150 millions d'euros, lance des appels du pied... et envoie quelques messages politiques :

"La filière de l’hydrogène a besoin d’un soutien plein et entier du gouvernement. C’est pourquoi je m’associe aux acteurs du secteur pour demander une révision de la stratégie nationale hydrogène qui puisse notamment favoriser le développement des usages, pour le moment peu considérés bien que créateurs de valeur et d’emploi sur nos territoires. La France a raté de nombreux virages en matière de transition énergétique. Nous ne pouvons manquer celui-ci. Notre pays a tous les atouts pour devenir dès maintenant le leader mondial de l’hydrogène décarboné. L’Occitanie est au rendez-vous, l’État a le devoir de l’être également car c'est à la puissance publique d'impulser les nouvelles filières. C'est aussi dans cet esprit que je milite pour un Airbus du ferroviaire".

A lire aussi