Hydrogène. Focus sur les projets marquants en Occitanie

Cartographie des projets candidats en Occitanie à l’Appel à manifestation d’intérêt pour des projets hydrogène d’envergure retenus par le Secrétariat général pour l’investissement.

Cartographie des projets candidats en Occitanie à l’Appel à manifestation d’intérêt pour des projets hydrogène d’envergure retenus par le Secrétariat général pour l’investissement.

Soutenus par la Région, portés par des industriels, ou retenus lors du dernier appel à manifestation d’intérêt national pour des projets d’hydrogène d’envergure, voici une sélection des projets ambitieux mais concrets made in Occitanie.

 

FresH2 : le projet de pile à combustible Bosch à Rodez est sélectionné
Le projet de pile à combustible FresH2 présenté par Bosch France a été sélectionné le 2 juillet par le Comité d’orientation pour la recherche automobile et mobilité (CORAM) dans le cadre du plan de soutien à l’automobile annoncé par le Président de la République le 25 mai dernier.  Ce système propose de délivrer l’énergie électrique nécessaire aux groupes froids des semi-remorques de marchandises réfrigérés (denrées périssables, médicaments…). Une solution zéro émission et qui réduit les nuisances sonores. Le système FresH2 est composé d’une pile à combustible alimentée par des réservoirs d’hydrogène et d’une électronique de puissance qui permet de convertir le courant continu délivré par la pile, en courant alternatif nécessaire au groupe froid. Ce projet s’inscrit dans l’écosystème régional.  Dans la phase actuelle de développement, le site de Bosch Rodez collabore avec la société EveerHyPole (située à Albi) pour les parties ingénierie, sécurité produit et test du système.  Il intègre le consortium Corridor H2 qui unit Espagne, France, Allemagne, Belgique et Pays-Bas. L’objectif affiché de ce projet est la mise en fabrication des premières séries dès 2023 à Rodez.

 

Nexeya : une barge à hydrogène multiservices pour le port de Sète
En septembre, la société toulousaine Nexeya France doit présenter son avant-projet de barge portuaire zéro émission. Elle fournira de l’électricité aux navires en escale (de type ferries ou transport de véhicules) grâce à des piles à hydrogène « vert », ainsi que des services environnementaux comme la collecte des déchets. La première barge doit voir le jour pour le Port de Sète Sud de France. Propriété de la Région Occitanie et engagé dans la démarche GreenHarbour®, le port a reçu deux trophées aux Assises du « Port du futur » fin 2019 pour ce projet. « Il veut introduire la technologie de l’hydrogène décarboné provenant d’énergies alternatives, indique Christophe Ginestet, directeur des ventes chez Nexeya. Nous privilégierons les énergies à forte implantation locale. » Comme l’hydrogène vert qui doit être produit par Qair à Port-la-Nouvelle (Aude), à partir de l’énergie de la future ferme éolienne flottante pilote au large de Gruissan. Labellisé par Pôle Mer Méditerranée et en cours de labellisation par le pôle Derbi, l’innovation a obtenu près de 240 000 € à l’appel à projets Avenir littoral de l’Etat et de la Région Occitanie. L’entreprise cherche encore des financements pour boucler son dossier.

 

Alstom Tarbes : un acteur clé des trains nouvelle génération
C’est à Tarbes qu’Alstom développe la traction à hydrogène avec une pile à combustible. Premier client : l’Allemagne, dans le land de Basse Saxe (Bremervörde). Après 530 jours et plus de 180 000 kilomètres parcourus, la phase pilote des deux premiers trains à hydrogène au monde s'est officiellement achevée ce printemps 2020. Alstom produira les trains à piles à combustible pour LNVG et sera responsable de la maintenance des véhicules sur son site de Salzgitter. La société LNVG a été la première à miser sur l'hydrogène, avec un contrat prévoyant la fourniture de 14 trains Coradia iLint. Le Coradia iLint est le premier train de passagers au monde alimenté par une pile à hydrogène, qui produit de l'énergie électrique pour la traction. Un train « à zéro émission » peu bruyant et qui émet uniquement de la vapeur d'eau et de l'eau condensée. Le Conseil régional Occitanie a opté pour sa version française Régiolis bi-mode, électrique et hydrogène. Cette propriété spécifique permettre à ces trains d’utiliser les lignes électrifiées dès que cela sera possible. Carole Delga, présidente de la Région annonçait en 2018 qu’elle espérait faire circuler la première ligne de transports de personnes en train à hydrogène entre Montréjeau et Luchon à partir de 2023.

 

Safra : une offre d’autocar h2 dès 2022
Safra prend le virage de l’hydrogène avec sa marque Businova : «  un autobus de rupture technologique avec un design, une motorisation multi-hybride et un châssis innovants », comme le définit Vincent Lemaire, le dirigeant de l’entreprise (228 salariés ; CA : 28,5 M€). La société albigeoise développe une nouvelle offre autocar électrique à hydrogène disponible dès 2022, avec pour ligne de mire les Jeux Olympiques de 2024. Safra ambitionne d’avoir une capacité de production de 1 600 véhicules sur la période 2020-2030, tout combiné, de bus et d’autocar électrique à hydrogène. Près d’une dizaine de ces bus nouvelle génération ont déjà été livrés (Artois-Gobelle, Le Mans, Versailles) et plus d’une quinzaine sont aujourd’hui dans le carnet de commandes du fabricant. Parmi ceux-ci, cinq sont destinés au transport à l’Aéroport de Toulouse Blagnac (dans le cadre du projet HyPort) et deux circuleront à Albi. Montpellier pourrait aussi faire partie de ses prochains clients.

 

Qair :  livraison d’hydrogène vert à Port-La-Nouvelle
Début 2023, Qair Premier élément (QPE) filiale du groupe montpelliérain ENR Qair, devrait pouvoir livrer de l’hydrogène vert à ses premiers clients (flottes de camions, stations-service, barge d’alimentation des bateaux à quai...). Le projet d’usine sur la zone portuaire de Port-La-Nouvelle (Aude) vise une zone de chalandise allant de Toulouse à Montpellier et Perpignan. QPE veut produire de l’hydrogène vert par électrolyse de l’eau à partir de l’électricité fournie par les centrales solaires et éoliennes de Qair, dont la ferme-pilote Eolmed d’éolien flottant au large de Gruissan. « 20 à 25 M€ vont être investis dans la première tranche qui devrait fournir 10 mégawatts (MW). Nous allons monter en puissance pour atteindre 50 MW à l’horizon 2050 avec un investissement à terme de plus de 50 M€ », explique Jérôme Billerey, directeur général France du groupe Qair. Ce projet innovant est lauréat du Programme d’investissements d’avenir (PIA) Etat-CDC, via le dossier « Littoral + » piloté par la Région Occitanie pour l’appel à projets Territoires d’innovation. Il a l’ambition d’accompagner la stratégie Région à Energie Positive (REPOS).

 

HydrOmer : projet de drague associant hydrogène et diésel
Le projet d’HydrOmer est une drague, un navire spécialisé, équipé d’outils lui permettant de prélever des sédiments dans les fonds marins afin de les déplacer, associant l’hydrogène avec le diesel. L’objectif est d’obtenir la capacité de fournir la totalité de la puissance nécessaire à l’exploitation du navire, avec deux génératrices diesel assorties d’un système de filtration des échappements. En complément, une pile à combustible approvisionnée en hydrogène vert réduira la consommation en énergie fossile.

 

MH2 : 51 bus à hydrogène pour Montpellier Méditerranée Métropole
3M, Montpellier Méditerranée Métropole, avec le projet MH2 (Montpellier Horizon Hydrogène, lauréat de l’appel à projet  Ademe fin 2019) veut investir dans une flotte de 51 bus à hydrogène pour compléter sa flotte de bus GNV actuelle (130 bus) à l’occasion du déploiement de 4 nouvelles lignes exploitées par TaM,  l’exploitant du réseau des transports en communs. 21 bus H2 seront mis en service en 2023 pour un total de 51 bus H2 en 2025. La station de distribution d’hydrogène, qui alimentera les bus, sera approvisionnée via un électrolyseur de 2MW, alimenté en majorité en électricité photovoltaïque d’une puissance de 2,8MW. Cette station sera également ouverte aux usages privés. Sont partenaires du projet : 3M, TaM, Hynamics, la filiale d’EDF dédiée à l’hydrogène et Énergies du Sud.

 

Engie : 1er PPA Greenfield dans l’Aude
La production électrique du parc solaire photovoltaïque de Fanjeaux dans l’Aude sera directement commercialisée par son constructeur, Engie dans le cadre d’un PPA Greenfield, un contrat d’achat direct d’électricité renouvelable, un des premiers lancés en France.  Les 25 GWh seront disponibles en juin 2021, les travaux démarrent en novembre 2020 sur un terrain de 27 ha qui accueillera simultanément un élevage ovin. Cette offre s’adresse aux industriels, aux collectivités pour la production distribution d’hydrogène, des réseaux de chaleur et froid urbain, la performance énergétique. Engie vise notamment des clients qui tout en ayant une visibilité à moyen terme, prennent en compte  la RSE. Les discussions sont en cours avec plusieurs acteurs dans le cadre de contrat sur mesure mais rien n’est encore signé.

 

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