Jean-Claude Henri : « en un mois, j’ai fait plus d’embauches que je n'en ai jamais fait»

Chaque mois, nous proposons à un chef d’entreprise adhérent du Medef de commenter le contexte politique, social ou économique. Dirigeant de l’entreprise toulousain Alu-Sud, Jean-Claude Henri a récemment proposé la semaine de 4 jours à ses employés, qui l’ont adoptée. Seulement un mois après, il nous explique en quoi cette initiative est bénéfique. Entretien.

Jean-Claude Henri, dirigeant d'Alu Sud

Jean-Claude Henri, dirigeant d'Alu Sud

Pourquoi avoir pensé à mettre en place cette semaine de quatre jours ?

Cela faisait deux ans que j’y pensais. C’est un sujet qui, dès qu’il a commencé à faire parler, m’a trotté dans la tête pour deux raisons. La première c’est que dans notre métier, les produits sont de plus en plus lourds, et de plus en plus complexes. Cela demande davantage d’efforts aussi bien physiques qu’intellectuels à mes collaborateurs/collaboratrices. La deuxième, c’est que j’ai de gros problèmes de recrutement. Donc je cherchais un moyen d’être attractif d’une part, mais aussi de fidéliser les équipes.

Et donc, est-ce que ça a fonctionné ?

Et bien les chiffres parlent d’eux-mêmes : j’ai mis en place le dispositif début janvier, et j’ai déjà recruté 2 personnes, et une troisième qui devrait suivre. En un mois, j’ai eu plus d’embauches que je n’en ai jamais eu, et on me l’a dit lors des entretiens : c’est clairement la semaine de quatre jours qui a fait pencher la balance. Et je parle bien de CDI, pas d’intérim. Et pour mes collaborateurs déjà présents dans l’entreprise, chacun a l’air très satisfait, et ce qu’il y a de bien c’est que ça les incite à se motiver entre eux pour garder l’avantage : j’ai dit, une fois que l’initiative était votée, qu’on faisait un point à l’horizon 6 mois pour voir si on continuait, si ça marchait, et que ce n’était pas moi qui ai les cartes en mains. Car l’objectif c’est que l’entreprise soit gagnante aussi. Et cette responsabilisation marche très bien, ce qui me ravi et me conforte dans la conception que je me fais du management.

Quelles sont les conditions/paramètres que vous avez mis en place ?

Au début je ne savais pas s’il fallait prioriser un « jour flottant » ou un « jour tournant », car je voulais quand même garder tous les magasins ouverts sur les cinq jours. Puis j’ai réalisé que j’allais confronté à des problèmes d’inégalité, et j’ai finalement décidé de fermer les enseignes le vendredi, et de le donner à tous mes employés. Que j’ouvre l’entreprise pour deux personnes ou pour 15, je voyais ça pareil. En pratique, ils travaillent trois quart d’heure de plus par jour et par personne, du lundi au jeudi, et en échange ils peuvent profiter du vendredi comme ils le veulent, et souvent ils en profitent pour réaliser leurs tâches ménagères etc. Comme ça ils profitent d’un vrai week-end en famille. Et on gardé les 35H.

Le côté « business » n’en paye pas le prix ?

Pour le moment, rien ne va dans ce sens. La seule chose « négative » que j’observe, c’est que j’ai les transferts d’appels sur mon téléphone personne le vendredi, donc je réponds à tout et ça me rajoute une charge de travail. Mais je l’assume. Je ressens même les clients sont heureux de faire des deals avec des entreprises comme ça, et les fournisseurs nous félicitent également ! ça fait vraiment l’unanimité autour de nous pour l’instant. Après je garde les pieds sur Terre, ce n’est que le début, mais je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas. J’estime que mes équipes le méritent.

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