Jean Jouzel, paléoclimatologue : "Il faut accélérer et c'est l'affaire de tous"

Le paléoclimatologue Jean Jouzel  était l'invité de marque du Medef Haute-Garonne lors de la soirée de lancement du Top Eco 2023 qui a eu lieu ce mardi 13 septembre à l'espace Diagora de Labège. Que retenir de l'intervention de ce scientifique de renom qui s'adressait à un large public d'entrepreneurs ? quelles sont ces constats et ces propositions face à l'évolution de la situation climatique ? 

Jean Jouzel, paléoclimatologue. © Alain Le Coz

Jean Jouzel, paléoclimatologue. © Alain Le Coz

Avec 700 participants, la grande soirée de lancement du Top Eco 2023 du 13 septembre dernier a nettement marqué la rentrée toulousaine. Traditionnellement organisé par le Medef Haute-Garonne à l’occasion du lancement du guide annuel des entreprises Top Eco Occitanie, ce rendez-vous annuel est l'occasion pour l'ensemble de l'écosystème local de se retrouver et d'échanger. A côtés des entrepreneurs et acteurs gravitant autour de la vie de l'entreprise, des élus politiques étaient présents : Jalil Benabdillah, vice-président de la Région Occitanie en charge de l'Economie, Patrick Piedrafita, président de la CCI de Toulouse, Bertrand Serp, vice-président transition digitale Toulouse Métropole et bien d'autres. Cette année, une soixantaine de représentants de l’éducation nationale ont aussi participé à la conférence.

Jean Jouzel : « accordons de la crédibilité aux projections ! »
Jean Jouzel  est mondialement reconnu pour ses analyses sur l’évolution du climat et ses travaux sur le réchauffement climatique. Médaillé d’or au CNRS, il collabore au CEA depuis 55 ans. Il a été vice-président du Giec (prix nobel de la paix)  et obtenu les plus grandes distinctions scientifiques mondiales. Dans son intervention, ce scientifique de renom a adressé des messages inspirants : « Nous avions anticipé ces phénomènes depuis une trentaine d’années. Depuis 2001, nous redisons que ces phénomènes étaient à prévoir. Il y a plus d’écoute aujourd’hui et c’est mon regret. On a perdu du temps. Il aurait fallu accorder de la crédibilité à la parole de la communauté scientifique. Accordons de la crédibilité aux projections ! »

Quelle justice climatique demain ?
Jean Jouzel a estimé que les effets climatiques liés au réchauffement sont déjà joués au moins pour les 10 années qui viennent. Mais pour 2050 et après, on peut encore agir selon lui car « il faut s’attendre à une amplification de ce que l’on vit. ». Il faudra compter un degré de plus aujourd’hui en moyenne, et moins de précipitations l’été dans notre région du sud de la France. Dans le Nord, celles-ci resteront au niveau actuel mais un phénomène d’évaporation est à prévoir et donc une disposition en eau moins évidente. Il faudra s’attendre à des pics de 45 degrés sur cette région. Conséquences directes sur ce qui nous entoure : le bétail souffre et cherche l’ombre ; une perte de biodiversité qui risque de s’accroitre. « Humainement, il y a des pays où ça devient invivable (Inde, Pakistan, Chine). Et cette situation nous amène à travailler sur la justice climatique :  il y a un réel risque d’accroissement des inégalités.

« Les entreprises ont un rôle essentiel à jouer »
 Ne pas accepter la neutralité carbone c’est accepter que le dérèglement climatique se fera indéfiniment » exprimait Jean Jouzel au sujet de la nécessaire transition énergétique. Celle-ci présente de nombreux défis mais le scientifique a pointé les opportunités d’innovation que cette transition impulse. Il affirme que « les entreprises ont un rôle essentiel à jouer, y compris dans l’effort de pédagogie auprès de ses salariés.» L’éducation au développement durable mais aussi le recours aux énergies renouvelables, la finance verte sont essentiels selon le scientifique. « Il n’y a plus d’initiatives qui n’ait pas d’opposants. Il faut accélérer et c’est l’affaire de tous. »

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