La Patrouille de France survole le Cnes et le Commandement de l'espace

« La Patrouille de France ne passe pas tous les jours ! » Philippe Adam, nommé Commandant de l’espace en juillet dernier, était au Cnes à Toulouse ce jeudi 22 septembre. Le passage des avions au dessus de son équipe en uniforme, sur le parvis à l’entrée du site avait une forte symbolique :  Il s’agissait de marquer l’installation du CDE à Toulouse, sa montée en puissance et celle du spatial militaire au sein de l’écosystème spatial local.

Un nouveau bâtiment pour 2025
Avec 1700 personnes sur place, le Cnes à Toulouse regroupe toute l’expertise technique de l’activité spatiale et c’est sur ce site, de l’autre côté de l’avenue Latécoère par rapport à l’entrée Sud, qu’un bâtiment dédié au Commandement de l’espace sera construit. Avec une livraison prévue en 2025 (premiers coups de pioche annoncés pour les mois qui viennent), cet établissement coûtera plusieurs dizaines de millions d’euros de budget : le bâtiment comprendra une salle technique pourvue de supers calculateurs et d’autres aménagements de télécommunications pointus.

Intensification des missions et des effectifs
Au total, ce sont 500 personnes, des civils et des militaires formés ensuite intra-muros, qui seront employées par le Commandement de l’espace. Annoncé il y a trois ans dans la continuité de la stratégie spatiale de défense accompagnée d’un budget de 5 Mds€ (sur 6 ans), le CDE emploie déjà près de 300 personnes et une centaine d’entre eux travaillent dans des algecos au Cnes à Toulouse, en attendant le futur building. Le CDE porte déjà de nombreux projets sous son aile comme le programme Ares (Action et Résilience Spatiale), le démonstrateur Yoda( engin de protection des satellites militaires français annoncé pour 2025), le radar Graves (Grand Réseau Adapté à la Veille Spatiale) qui détecte les satellites espions, et d'autres. Le hackathon DefinSpace est aussi impulsé par cette unité militaire, de même qu' un laboratoire d’innovations spatiales des armées (Lisa), qui est hébergé dans le bâtiment B612, à quelques mètres du centre spatial toulousain, en bordure de rocade.  

 Un retentissement international
L’annonce de l’installation du Centre d’excellence pour le domaine spatial de l’Otan vient conforter la place militaire spatiale de Toulouse : "Le CDE et le COE (Centre d'excellence espace de l'Otan) s’épauleront mutuellement, l’expertise du COE provenant en partie du CDE, et le CDE renforçant sa crédibilité internationale à travers les synergies instaurées avec le COE. Ce dernier sera, de fait, un important vecteur d’influence française dans l’Otan ", explique-t-on au service communication du CDE. "La coopération est vitale pour l’harmonisation des opérations", commentait Philippe Adam. Ainsi donc, le retentissement du spatial à Toulouse n'est pas seulement sur le plan économique, environnemental, logistique ou dans les domaines de la surveillance, mais aussi sur le plan militaire.

Une guerre spatiale ?
Sur les enjeux militaires dans l'espace, le commandant Philippe Adam ne mâche pas ses mots : "Même pas visible, la guerre spatiale existe dès maintenant". D'après lui, la compétition internationale monte en tension et l'absence de régulation sur l'utilisation de l'espace (zone dépourvue de territorialité) conduit à des "tensions, des dissimulations ou des stratégies évasives de certains acteurs". Un des rôles du CDE est justement de veiller et de contrôler ces déviances possibles. 

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