Les entreprises sensibilisées face à "la probable pénurie d'eau cet été" à Toulouse et en Haute-Garonne

Jeudi 16 mars 2023, le Medef de Haute-Garonne a organisé une réunion de sensibilisation des acteurs économiques aux enjeux de l'eau à la CCI de Toulouse, en présence notamment du Directeur départemental des territoires de la préfecture.

Le monde économique de Toulouse et de la Haute-Garonne a été sensibilisé à la gestion de l'eau en prévision de l'été 2023. (Photo : Medef de Haute-Garonne)

Le monde économique de Toulouse et de la Haute-Garonne a été sensibilisé à la gestion de l'eau en prévision de l'été 2023. (Photo : Medef de Haute-Garonne)

"La situation est plus grave qu'en 2022. Il y aura une pénurie probable de l'eau cet été. Tout le monde doit faire l'effort pour anticiper les risques de tension sur l'eau potable". C'est par ces mots forts qu'Yves Schenfeigel, le directeur de la Direction départementale des territoires (DDT) de la préfecture de Haute-Garonne, s'est adressé aux chefs d'entreprise à l'occasion d'une réunion qui s'est tenue à la Chambre de commerce et d'industrie de Toulouse (CCIT), jeudi 16 mars 2023. Réunion organisée à l'initiative du Medef de Haute-Garonne et à laquelle assistaient Jean-Michel Fabre, vice-président PS du Conseil Départemental de la Haute-Garonne en charge de la gestion de l’eau, et président du Syndicat mixte d’études et d’aménagement de la Garonne (SMEAG), et plusieurs chefs d'entreprise, les branches professionnelles, la CPME de Haute-Garonne, la CMA et la CCIT, en présentiel et en visio.

Une "situation inédite"

"Objectiver le risque", "préparer à cette situation", "trouver un équilibre entre le maintien des activités et la gestion de l'eau" face à "une situation inédite depuis ces 100 dernières années" : les entreprises sont face à un défi majeur.

Car la crise de l'eau était très nette déjà en 2022 avec 14 arrêtés de restriction d'eau pris par la préfecture de Haute-Garonne et un soutien d'étiage record sur la Garonne.

Jean-Michel Fabre va plus loin :

"C'est une crise quasi continue depuis un an avec des déficits d'eau et des records de sécheresse. En février 2023, la Garonne a atteint son plus bas niveau depuis le début des mesures. Les réserves sont en-dessous de la normale et s'il a neigé à temps pour les skieurs, cela reste en-dessous de la normale. En 2022, à cette même période de mi-mars, tous les signaux étaient au vert avec de la neige dans les Pyrénées et des nappes phréatiques au plus haut... Nous sommes dans un moment de bascule : ce qui était exceptionnel les 30 dernières années ne le sera plus dans les 30 années à venir".

"Il faut embarquer tout le monde"

Après la "sobriété énergétique" de l'hiver, qui a permis une économie de près de 10% en France, la sobriété sur l'eau se profile. "Les entreprises sont soumises aux mêmes restrictions que les usagers", a rappelé la préfecture, qui s'alarme du "stock très faible" de la retenue de Montbel, en Ariège, et de la retenue "extrêmement basse" des Cammazes, dans le Tarn, à la lisière de l'Aude et de la Haute-Garonne. Un site qui alimente en eau potable 178 000 personnes, dont 92 000 en Haute-Garonne. "Les industriels devront faire attentions aux rejets, sinon on ne pourra pas encaisser le choc", a prévenu Jean-Michel Fabre, qui veut "embarquer tout le monde "sur cette problématique de l'eau, "malgré des situations différentes dans les entreprises".

Ainsi, la DDT a demandé aux entreprises "d'anticiper la situation. Chacun a un rôle à jouer car chaque goutte d'eau va compter cet été".

Les interrogations des entreprises

Les acteurs économiques ont ensuite questionné la DDT. Maguelone Pontier, directrice du MIN Grand Marché de Toulouse, a relayé les inquiétudes des grossistes - "ils se demandent s'ils pourront acheter des produits locaux" - et des agriculteurs qui ne sont pas équipés de systèmes d'irrigation automatique. "Pourquoi ne pas envisager des aides d'accompagnement pour installer des systèmes de récupération d'eaux de pluie ?", s'est interrogée Maguelone Pontier. "Nous sommes preneurs de vos idées", a répondu Yves Schenfeigel, qui a rappelé le "régime d'exception des maraîchers. Ce seront les derniers à subir des restrictions".

De son côté, Thomas Fantini, gérant du groupe Esprit Pergo, a demandé s'il fallait "craindre des restrictions dans les métiers de la restauration, traiteurs, hôtellerie qui ont besoin de l'eau pour leur activité et le maintien en hygiène de leurs établissements, linge et matériels". 

Un prochain comité de l'eau se tiendra le vendredi 7 avril 2023.

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