Logement social : en Occitanie, les bailleurs amorcent en 2025 un rebond stratégique face à la crise

Alors que la crise immobilière continue de peser lourdement sur la production de logements en France, le logement social confirme en Occitanie son rôle d’amortisseur économique et social. En 2025, les organismes Hlm de la région engagent une nouvelle dynamique de programmation, avec 10 200 logements sociaux annoncés, un niveau inédit depuis trois ans. Un signal fort, au moment où le débat sur le projet de loi de finances 2026 s’ouvre et où les acteurs du secteur appellent l’État à sécuriser cette trajectoire.

À l’heure où s’ouvrent les débats sur le projet de loi de finances 2026, Habitat Social en Occitanie appelle l’État et les parlementaires à sécuriser cette trajectoire, indispensable pour répondre aux attentes de plus de 200 000 demandeurs de logements sociaux dans la région. (Photo Pixabay)

À l’heure où s’ouvrent les débats sur le projet de loi de finances 2026, Habitat Social en Occitanie appelle l’État et les parlementaires à sécuriser cette trajectoire, indispensable pour répondre aux attentes de plus de 200 000 demandeurs de logements sociaux dans la région. (Photo Pixabay)

Dans un contexte immobilier national toujours contraint, l’Occitanie enregistre en 2025 un frémissement de reprise dans la construction de logements. Sur les neuf premiers mois de l’année, la production régionale, logements privés et sociaux confondus, dépasse les 28 600 unités en rythme annuel, soit une progression de 8,2 %, deux fois supérieure à la moyenne nationale. Cette embellie reste toutefois largement tirée par le secteur du logement social, alors que l’immobilier privé continue de subir de plein fouet les effets de la crise, avec des mises en vente en recul de près de 19 % dans le collectif neuf.

Dans ce paysage contrasté, les organismes Hlm confirment leur rôle contracyclique. Sur la période 2019-2024, les mises en chantier globales ont chuté de 42 500 à 27 500 logements par an, soit une baisse de 35 %. Dans le même temps, la production de logements sociaux s’est maintenue autour d’une moyenne de 7 600 livraisons annuelles, limitant l’impact économique et social de la contraction du marché.

Une place croissante du logement social dans la construction régionale

Cette résilience se traduit aujourd’hui par un poids croissant du logement social dans la construction régionale. Alors qu’il représentait moins d’un logement sur cinq au début de la décennie, le logement social compte désormais pour environ un quart des constructions en Occitanie. À horizon de quelques années, cette part pourrait dépasser un tiers, portée par la dynamique de programmation annoncée.

Les projections établies pour 2025 font ainsi état de 10 200 logements locatifs sociaux financés, soit une progression de 33 % par rapport à 2024, année marquée par un point bas à 7 639 logements. Cette hausse représente 2 600 logements supplémentaires sur un an et replace la région à un niveau proche de celui observé en 2022.

Plus de 2 milliards d’euros injectés chaque année dans l’économie régionale

Au-delà de la seule production neuve, l’impact économique du logement social s’apprécie également à travers l’effort de réhabilitation du parc existant. En 2025, près de 6 200 logements sociaux font l’objet d’opérations de rénovation, contre environ 3 400 l’année précédente. Une montée en puissance qui contribue elle aussi au maintien de l’activité dans la filière construction.

Au total, l’investissement annuel des organismes Hlm en Occitanie pourrait dépasser 2 milliards d’euros, en intégrant à la fois les programmes neufs et les opérations de réhabilitation. Une contribution majeure pour l’économie régionale, dans un contexte où le secteur privé peine encore à retrouver une dynamique durable.

Jean-Michel Fabre, président d’Habitat Social en Occitanie, et Michel Calvo, vice-président, soulignent l’ampleur de cet effet levier : « 10 200 logements programmés en 2025, quand on sait que la construction d’un seul d’entre eux génère 166 800 euros pour l’économie régionale, cela représente plus de 1,7 milliard d’euros injectés dans la filière construction au cours des prochaines années. En intégrant les activités de réhabilitation, le montant annuel dépassera 2 milliards d’euros, au bénéfice de plus de 6 000 logements. »

Le rôle contracyclique du mouvement Hlm face à la crise

Alors que la crise immobilière demeure persistante, le mouvement Hlm revendique pleinement son rôle de stabilisateur économique et de soutien à l’emploi. Cette capacité à maintenir l’investissement s’explique en partie par l’allègement de la réduction de loyer de solidarité (RLS) inscrit dans le budget 2025, qui a permis aux organismes de retrouver des marges de manœuvre financières.

Pour Habitat Social en Occitanie, cette dynamique reste néanmoins fragile. À l’approche de l’examen du projet de loi de finances 2026, l’union régionale appelle le gouvernement et les parlementaires à sécuriser les conditions de poursuite de l’effort engagé. L’enjeu porte notamment sur la limitation de la RLS à 900 millions d’euros, contre 1,3 milliard d’euros par an depuis 2018, après des ponctions cumulées proches de 10 milliards d’euros.

« Le mouvement Hlm est au rendez-vous, non seulement pour soutenir l’économie du territoire, mais aussi pour mettre en œuvre les politiques publiques de l’habitat », insistent Jean-Michel Fabre et Michel Calvo. « À l’horizon du vote du budget 2026, il est de la responsabilité de l’État de confirmer ce sursaut, afin d’ouvrir la voie aux logements attendus par plus de 200 000 demandeurs en Occitanie et de préserver l’emploi dans la construction. »

Un enjeu social et territorial majeur

En Occitanie, Habitat Social en Occitanie fédère 67 organismes Hlm répartis dans les 13 départements de la région. L’ensemble représente 331 500 logements sociaux et permet de loger plus de 690 000 personnes, soit plus de 11 % de la population régionale. Un poids structurant, à la croisée des politiques publiques de l’habitat, de la cohésion sociale et du développement économique.

À travers la programmation 2025, les bailleurs sociaux entendent démontrer leur capacité à répondre simultanément à la crise du logement, aux attentes des territoires et aux impératifs économiques. Un équilibre qui, selon eux, ne pourra être maintenu qu’à condition d’une trajectoire budgétaire nationale cohérente et durable

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