À un peu plus d’un an des élections municipales, le Medef Haute-Garonne a présenté, lors d’une conférence de presse, un document de contribution au débat public intitulé Municipales 2026 : les entreprises s’engagent pour Toulouse. Fruit de plusieurs mois de travail et d’une large consultation de ses adhérents, ce texte entend replacer l’entreprise au cœur des décisions locales, dans un contexte économique national jugé instable et anxiogène.
De gauche à droite : Stéphane Carcenac, trésorier, Thomas Fantini, vice-président, Pierre-Olivier Nau, président du Medef 31, et Céline Bon, membre du conseil d'administration. (Photo Dorian Alinaghi)
Les élections municipales de 2026 s’inscrivent dans un moment charnière. Jamais les décisions prises à l’échelle locale n’ont eu un impact aussi direct sur la capacité des entreprises à investir, recruter et se projeter. Fiscalité, logement, mobilités, formation, attractivité : pour les dirigeants, le niveau municipal est devenu un levier stratégique, parfois plus déterminant que les politiques nationales.
C’est à partir de ce constat que le Medef Haute-Garonne a souhaité formaliser sa parole. Non pas pour défendre un programme ou soutenir une candidature, mais pour apporter une contribution structurée au débat démocratique, fondée sur l’expérience du terrain et la réalité économique vécue par les entreprises.
« Ce document n’est ni un programme, ni une prise de position partisane. C’est une contribution et un appel à un pacte de gouvernance entre les élus et les entreprises », a souligné Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne, lors de la conférence de presse.
Un territoire puissant, mais confronté à des tensions structurelles
La Haute-Garonne affiche des fondamentaux solides. Le département génère près de 77 milliards d’euros de PIB, ce qui en fait le 4e département de France. Il compte 1,5 million d’habitants, dont environ 850 000 au sein de la métropole toulousaine, et concentre 720 000 emplois salariés, dont près de 400 000 dans le secteur privé métropolitain.
Le tissu économique repose sur plus de 30 000 établissements dans la métropole, représentant plus de 500 000 salariés. Le Medef Haute-Garonne, première organisation patronale interprofessionnelle du département, fédère 3 000 entreprises, plus de 100 000 salariés et plus de 300 mandataires engagés dans les instances représentatives.
Pour autant, cette réussite masque des fragilités. Dépendance à l’aéronautique et au spatial, saturation des mobilités, tension croissante sur le logement, rareté du foncier économique, difficultés à retenir les talents formés localement : autant de signaux qui, selon le Medef, appellent une réorientation stratégique.
« Toulouse donne parfois l’illusion d’une prospérité acquise. Or, comme le reste de l’Europe, notre métropole doit aujourd’hui retrouver la confiance », analyse Thomas Fantini, vice-président du Medef Haute-Garonne.
La confiance, capital immatériel à reconstruire
Au cœur du document présenté, la notion de confiance occupe une place centrale. Confiance des investisseurs, des entrepreneurs, des salariés, mais aussi confiance entre les entreprises et les collectivités locales. Pour le Medef Haute-Garonne, cette confiance se construit à l’échelle locale, par des décisions lisibles, une trajectoire assumée et un dialogue sincère.
Dans ce cadre, le rôle du maire est perçu comme déterminant. « Le maire devient un acteur stratégique de la confiance retrouvée », souligne le document, rappelant que la capacité d’un territoire à offrir visibilité et stabilité conditionne directement l’investissement et l’emploi.
Une consultation large pour identifier les priorités des entreprises
Pour élaborer sa contribution, le Medef Haute-Garonne a mené, à l’été 2025, une consultation de ses adhérents. Les réponses recueillies traduisent une attente claire : des politiques publiques pragmatiques, fondées sur la compétitivité, l’emploi et les conditions concrètes d’implantation.
Quatre grandes priorités se dégagent. D’abord, la dynamique économique, avec un enjeu majeur de diversification afin de réduire la dépendance à un nombre limité de filières. Ensuite, la fiscalité locale et la gouvernance économique, jugées trop instables et insuffisamment concertées. Viennent ensuite l’urbanisme et l’aménagement du territoire, notamment sur le logement et les mobilités, et enfin l’attractivité et le rayonnement, tant à l’échelle nationale qu’européenne.
« Les attentes des chefs d’entreprise sont avant tout pragmatiques : emploi, compétitivité, cadre fiscal, conditions d’implantation, logement et mobilités », résume le document.
Fiscalité locale : des comparaisons qui interrogent
L’un des points saillants de la contribution concerne la fiscalité. À Toulouse, la fiscalité brute par salarié atteint 1 682 euros, un niveau supérieur à celui observé dans plusieurs grandes métropoles comparables. Cette pression fiscale est perçue comme un facteur de fragilisation, d’autant plus dans un contexte national où la France figure déjà parmi les pays les plus taxés de l’OCDE.
« Sans visibilité fiscale, il n’y a ni investissement, ni emploi », alerte Stéphane Carcenac, trésorier du Medef Haute-Garonne, rappelant que toute hausse de charges se traduit mécaniquement par des arbitrages défavorables aux salaires, aux recrutements ou à l’innovation.
Former, loger, déplacer : des leviers économiques majeurs
Au-delà de la fiscalité, le Medef Haute-Garonne insiste sur des leviers souvent perçus comme techniques, mais profondément économiques. Le logement, en particulier, est identifié comme un moteur insuffisamment pris en compte. La métropole connaît une croissance démographique soutenue, avec près de 7 000 nouveaux arrivants par an, sans que l’offre de logements adaptés aux actifs ne suive au même rythme.
Les mobilités constituent un autre point de tension. Saturation des axes, difficultés d’accès aux zones d’activité, manque de solutions inter-quartiers : autant de freins qui pèsent sur la productivité et l’attractivité du territoire.
La formation et l’enseignement supérieur sont également au cœur des préoccupations. Si Toulouse bénéficie d’universités et d’écoles reconnues, le Medef souligne la difficulté à retenir les talents une fois diplômés. « Près de 60 % des diplômés quittent Toulouse après leurs études », rappelle Céline Bon, membre du conseil d'administration du Medef Haute-Garonne, appelant à mieux connecter formation, emploi et projets économiques.
Capitale européenne de la croissance responsable
L’ambition affichée par le Medef Haute-Garonne est claire : faire de Toulouse une capitale européenne de la croissance responsable. Une métropole capable de conjuguer développement économique, durabilité, inclusion sociale et qualité de vie.
Cette ambition suppose, selon l’organisation patronale, une vision de long terme, inspirée de métropoles européennes ayant su diversifier leur modèle économique et associer étroitement les acteurs privés à la gouvernance publique.
« Nous voulons une métropole qui ose se comparer aux meilleures d’Europe, avec une ambition assumée, car l’ambition est un moteur puissant », affirme Pierre-Olivier Nau.
Un dialogue déjà engagé avec les candidats
Dans le prolongement de cette démarche, le Medef Haute-Garonne a déjà rencontré Jean-Luc Moudenc, maire sortant de Toulouse et candidat à sa réélection, ainsi que François Briançon, candidat de la gauche unie (hors LFI). Ces échanges ont permis de présenter le document et d’ouvrir un dialogue sur les attentes du monde économique.
L’organisation se refuse toutefois à toute lecture prématurée. « À ce stade, il n’y a ni inquiétude particulière ni enthousiasme excessif. Les projets seront analysés sur leur cohérence et leur capacité à répondre aux réalités économiques », a précisé le président du Medef Haute-Garonne.
D’autres rencontres avec l’ensemble des candidats se poursuivront au début de l’année 2026, dans un esprit revendiqué de dialogue ouvert, exigeant et non partisan.
Un appel à un pacte de gouvernance
En conclusion, le document présenté lors de la conférence de presse se veut une invitation. Une invitation à dépasser la gestion du quotidien pour bâtir une trajectoire partagée. Une invitation adressée aux candidats à formuler une véritable profession de foi économique, à afficher des priorités claires et à reconnaître pleinement la place des entreprises et de leurs salariés dans le projet municipal.
« Nous ne voulons pas d’un débat clos entre partis. Nous voulons une démocratie vivante, ouverte, où les acteurs économiques assument leur part de responsabilité », affirme Thomas Fantini, vice-président du Medef Haute-Garonne.
À un an des municipales, l’organisation patronale pose ainsi les bases d’un dialogue qu’elle souhaite structurant pour l’avenir économique de Toulouse. Aux candidats désormais de s’en saisir.