Occitanie : l’aéronautique et le spatial en hausse de 7 % en 2024, mais l’emploi ralentit

En 2024, la filière aéronautique et spatiale en Occitanie poursuit sa reprise avec un chiffre d’affaires en hausse de 7 %. Toutefois, cette progression ne permet pas encore de retrouver le niveau d’avant-crise de 2019. L’emploi, de son côté, ne croît que faiblement, confirmant un essoufflement après plusieurs années dynamiques.

En 2024, un emploi de la filière sur quatre est occupé par une femme. (Photo Pixabay)

En 2024, un emploi de la filière sur quatre est occupé par une femme. (Photo Pixabay)

Le secteur aéronautique et spatial, pilier économique régional, regroupe aussi bien les grands donneurs d’ordres tels qu’Airbus ou Thales Alenia Space que la chaîne d’approvisionnement composée de centaines de sous-traitants, fournisseurs et prestataires de services. En 2022, la filière comptait 817 entreprises en Occitanie, concentrées pour l’essentiel dans l’ex-région Midi-Pyrénées.

Selon l’Insee, le chiffre d’affaires global des entreprises implantées dans la région a progressé de 7 % en 2024. Une dynamique qui s’ajoute à trois années consécutives de croissance, mais qui laisse le secteur en retrait par rapport au niveau record de 2019. L’épisode du Covid-19 avait provoqué en 2020 une chute brutale de 33 %, dont les effets continuent de se faire sentir.

Dans le détail, les activités tertiaires affichent la plus forte progression (+8 %), dopées par l’ingénierie qui enregistre une hausse notable de 12 %. Les services informatiques, en revanche, ne gagnent que 2 %. Du côté industriel, la progression est similaire (+7 %), avec un dynamisme marqué chez les PME et entreprises de taille intermédiaire (+11 %), supérieur à celui des grands groupes (+6 %).

Un ralentissement net de l’emploi

En matière d’emplois, le contraste est saisissant. Après une progression de 4,4 % en 2023, la filière ne crée que 500 postes nets en 2024, soit une hausse limitée de 0,4 %. L’Insee précise que « malgré ce ralentissement, l’emploi aérospatial reste légèrement plus dynamique que l’emploi régional, qui n’augmente que de 0,2 % ».

Cette stagnation est liée à une évolution contrastée selon les segments. L’industrie reste créatrice de valeur et d’emplois, avec 1 700 postes supplémentaires (+2,5 %), autant chez les constructeurs que chez les sous-traitants. Mais le tertiaire recule nettement, perdant 1 200 emplois, principalement dans l’informatique (-5,3 %). Ce déclin n’est pas propre à l’aérospatial mais trouve une explication supplémentaire dans le recentrage d’Airbus sur la production, au moment où l’avionneur peine à accélérer ses cadences de livraison et doit revoir ses objectifs à la baisse.

Les activités d’ingénierie connaissent également un léger recul (-0,6 %), quand les métiers liés au commerce, à la logistique ou au soutien restent stables. La tendance diffère selon la taille des entreprises : les petites et moyennes structures recrutent (+2,2 %), tout comme les entreprises de taille intermédiaire (+0,9 %), alors que les grands groupes maintiennent leurs effectifs.

La féminisation de la filière progresse

L’aéronautique et le spatial demeurent des univers très masculins, mais la présence des femmes s’affirme peu à peu. En 2024, elles représentent 26,4 % des effectifs en Occitanie, soit une progression de 0,4 point en un an. Les effectifs féminins ont augmenté de 1,9 %, quand ceux des hommes sont restés stables (-0,1 %).

Cette évolution s’accompagne d’un vieillissement des effectifs. Le nombre de jeunes salariés de moins de 30 ans recule de 2,7 %, en particulier dans les services, tandis que celui des seniors de 55 ans et plus progresse de 3,4 %.

Sur le plan des contrats, la part des CDI reste en légère hausse (+0,4 %), les CDD reculent fortement (-4,4 %), et l’alternance poursuit son expansion (+2,9 %), portée principalement par l’industrie.

Une filière sous tension

Les chiffres publiés par l’Insee illustrent la résilience de la filière régionale, moteur de l’économie occitane, mais aussi ses fragilités. Si l’activité poursuit sa reprise, elle reste tributaire de la conjoncture internationale et des contraintes pesant sur les chaînes d’approvisionnement.

Comme le souligne Alan Manchon, chargé de l’étude à l’Insee, « la dynamique actuelle confirme la solidité du socle industriel, mais l’emploi marque un coup d’arrêt en raison de fragilités dans les services, en particulier l’informatique. Le secteur doit à la fois relever le défi de l’innovation et répondre aux tensions persistantes sur les livraisons ».

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