Polytech : l’injection plastique haute performance dans l’aéronautique

Laurent Périer, dirigeant de Polytech

Laurent Périer, dirigeant de Polytech

« Les objectifs du plan de reprise de  Gilbert Polytech ont bien été atteints et au-delà » commente Laurent Perier son président qui a pris les commandes de cette PME en 2014, dédiée à la fabrication de moules, l’injection plastique et l’usinage. Avec de nouveaux moyens industriels, Gilbert Polytech veut franchir une nouvelle étape notamment en développant des solutions d’injection plastique haute performance pour le monde aéronautique.

Avec l’obtention de l’ISO 9001 et EN9100 à la mi 2015, elle s’est ouverte la  porte des équipementiers de 1er rang avec des pièces complexes en injection plastique. La filière aéronautique représente désormais 30% du chiffre d’affaires qui est passé de 2 à 2,4M€. L’activité fabrication  de moules a progressé comme l’usinage en sous-traitance « qui contribue à lisser la charge entre nos trois métiers ». Côté gestion, Gilbert Polytech est bien outillée avec Sylob. L’ERP de l’éditeur tarnais est implanté depuis une vingtaine d’années, « Nous avons un système informatique robuste qui couvre tout le cycle,  du devis, aux ordres de fabrication jusqu’à la facture et la comptabilité de l’entreprise ».

Afin d’accompagner la croissance,  Laurent Perier a lancé un plan d’investissement à trois ans de près d’1,3 M€. Y figurent notamment, le remplacement de la tridimensionnelle, des moyens de marquage, un tour fraiseur 5 axes Mazak version Smooth doté  d’un embarreur pour la production série, une 2ème machine de découpe électroérosion fil, un système d’aspiration dans l’atelier d’injection, deux nouvelles presses robotisées, un système de refroidissement en boucle fermée pour le parc des presses à injecter… Respectueuse de l’environnement, la société n’utilise en outre que de l’énergie électrique issue de sources renouvelables.

Le projet phare de l’entreprise est d’introduire davantage de plastique   à la place du métal dans les pièces et systèmes aéronautiques au moment où la filière, faute de programmes neufs, cherche des solutions incrémentales pour répondre aux objectifs de réduction des coûts à deux chiffres imposés par les avionneurs tout en diminuant la masse. «Nous avons des solutions pour  répondre. Gilbert Polytech  souhaite travailler en partenariat avec ses clients dans le cadre des processus de modifications avions et d’amélioration en continu des programmes. Trois applications sont en cours de développement avec nos clients pour aboutir fin 2017-2018 ».

Dans cette optique, Laurent Perier s’appuie sur des compétences extérieures susceptibles de renforcer l’expertise de l’entreprise en injection plastique.  Gilbert Polytech collabore avec un fournisseur de matière plastique pour notamment valider de nouvelles nuances, un bureau d’études en rhéologie en intégrant la simulation, des fabricants de machines. La maîtrise de la production des moules en interne constitue un atout dans les phases de mise au point avec les bureaux d’études. L’injection plastique convient bien là où il y a suffisamment de volumes de production. Concernant l’impression 3 D : « Il n’y a pas encore de solutions vraiment industrielles pour la série. Elle convient bien pour les petites séries avec des designs complexes ». 

La réactivité va rester la culture de base de l’entreprise. L’essentiel de sa clientèle est régionale ainsi que son propre réseau de sous-traitance. Pour les moules les moins complexes, le délai standard est de 4 semaines alors que pour de l’usinage de pièces mécaniques, des commandes peuvent être livrées le jour même pour les clients les plus fidèles ! « On sera toujours plus cher que les opérateurs étrangers mais avec la rapidité et la qualité, l’écart est largement acceptable ». L’OTD atteint 97% pour un taux de non qualité entre 0,2 et 0,3%. « C’est compliqué chez nous de faire de la planification avec de nombreuses pièces unitaires et petites séries ».

Laurent Perier table sur une nouvelle phase de croissance en 2017. «10% du chiffre d’affaires doit provenir chaque année de nouveaux clients ».  Les opportunités  de croissance externe  sont aussi dans le viseur avec des unités de production complémentaires.

Un an pour trouver un fraiseur !

Un an pour trouver un fraiseur, 8 mois pour un tourneur ! Le recrutement  constitue bien un gros défi pour cette PME installée à Reyniès, entre Fronton et Montauban. Elle  essaie d’embaucher entre autres  parmi les 5 à 6  jeunes apprentis accueillis chaque année. « On ne cherche pas des pousses-boutons mais des gens compétents » résume Laurent Perier. Gilbert Polytech emploie 21 salariés. Trois personnes ont été recrutées. Un nouveau chef d’atelier arrive en janvier 2017. La polyvalence est systématiquement recherchée dans les ateliers, chaque poste doit pouvoir être occupé par deux compagnons. Le budget formation dépasse largement l’obligation légale.

 

Jean Luc Bénédini

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