Le port de Sète-Frontignan a célébré, ce mardi 25 novembre, une journée décisive pour son avenir industriel et environnemental avec le baptême d’Hydromer, la première électrification à quai des ferries et cargos, ainsi que l’inauguration du nouveau terminal ferroviaire. Trois réalisations qui marquent un basculement vers un modèle portuaire multimodal, décarboné et souverain, fruit de plus de 600 M€ d’investissements engagés depuis 2007 par la Région Occitanie et ses partenaires.
Carole Delga, présidente de la Région Occitanie / Pyrénées-Méditerranée et Jean Castex, PDG du groupe SNCF. (Photo région Occitanie)
Depuis le transfert de propriété du port de Sète-Frontignan à la Région en 2007, l’ambition politique est restée constante : faire de cette place méditerranéenne un port performant, moderne et engagé dans la transition énergétique. Georges Frêche avait posé les fondations, et Carole Delga en a prolongé la trajectoire, en y intégrant des objectifs écologiques et industriels structurants.
La présidente de Région rappelle que les résultats sont à la hauteur de l’effort consenti, avec un trafic multiplié par deux, plus de 2 300 emplois directs créés et une dynamique commerciale en pleine expansion. Pour elle, « le Port de Sète-Frontignan est au service de nos emplois, de notre souveraineté industrielle et de la transition écologique ». Elle ajoute que ces projets illustrent une conviction simple : « il n’y a pas de souveraineté sans ports forts et pas de transition écologique sans investissement public ».
L’établissement public régional Port de Sète Sud de France, aujourd’hui présidé par Philippe Malagola, incarne cette politique d’aménagement durable. Il souligne que ces infrastructures nouvelles démontrent qu’un port « peut être à la fois performant, innovant et respectueux de son environnement »
Hydromer : une drague innovante, vitrine du savoir-faire français et future pionnière de l’hydrogène vert
Arrivée à Sète le 5 mars 2024, Hydromer a déjà confirmé ses performances. Après une période d’essai, le navire fonctionne désormais du lundi 7h au jeudi 19h sans interruption, permettant de rattraper une année complète sans dragage. Depuis septembre 2024, 440 000 m³ de sédiments ont été extraits, soit l’équivalent de 150 piscines olympiques.
Longue de 70 mètres, dotée d’une propulsion entièrement électrique et d’un puits de 1 500 m³, la drague est conçue pour réduire significativement les émissions acoustiques et l’impact environnemental. Elle représente 30 M€ d’investissement, financés par la Région, l’État et l’Ademe. Hydromer accueille un équipage de dix marins et intègre un dispositif innovant limitant la production d’eaux usées.
La drague deviendra prochainement le premier navire au monde à fonctionner avec 4 conteneurs d’hydrogène marinisés, soit plus de 1,6 tonne d’hydrogène vert produit localement. La mise en service de la technologie hydrogène est prévue pour septembre 2026, en parallèle de la montée en puissance de l’usine Hyd’Occ de Port-La Nouvelle. Ce fonctionnement permettra 20 % de CO₂ en moins et une absence totale d’émissions à quai ou au mouillage, soit 700 tonnes de CO₂ évitées chaque année.
Pour accueillir ce navire, le quai Richelieu a été entièrement rénové et prolongé, un chantier mené par la Région pour 1,1 million d'euros.
Une première électrification à quai pour des escales sans émissions
Le port de Sète-Frontignan rejoint désormais les ports européens engagés dans la décarbonation des escales. Les ferries et cargos peuvent couper leurs moteurs grâce à un branchement électrique direct au réseau terrestre, déployé sur le quai H, le quai G et le môle Masselin.
Ce dispositif, d’une puissance totale de 6,3 MW (équivalente à la consommation de 4 000 à 5 000 foyers), permet de réduire les émissions de CO₂, de particules fines et les nuisances sonores. La première escale décarbonée a eu lieu en mai, avec le ferry Danielle Casanova de Corsica Linea.
Grâce à cette infrastructure, 4 800 tonnes de CO₂ seront évitées chaque année, soit l’équivalent des émissions de 1 800 foyers. Les travaux, d’un coût de 7 M€, ont été financés à 80 % par le FEDER et 20 % par le port.
Le port prévoit déjà une extension à l’horizon 2028, notamment pour raccorder le quai d’Alger, en lien avec un futur déploiement d’ombrières photovoltaïques en autoconsommation.
Un nouveau terminal ferroviaire pour renforcer la souveraineté logistique et le report modal
Autre infrastructure majeure inaugurée ce 25 novembre : le nouveau terminal ferroviaire de VIIA, plateforme de plus de 6 hectares, dédiée au chargement horizontal des semi-remorques sans grue grâce à la technologie Modalohr.
Financé par 19,4 M€, avec une contribution notable de VIIA (10 M€), de la Région (5,4 M€) et du port (4 M€), ce terminal renforce la liaison ferroviaire entre Sète et Calais. Dès 2026, il permettra de transporter 22 500 semi-remorques, contre 15 000 actuellement, avec un objectif de 40 000 unités par an à terme.
Cette montée en cadence représente 22 500 camions en moins sur les routes et une économie de 30 000 tonnes de CO₂ chaque année. La présidente de VIIA, Bénédicte Colin, estime que cette infrastructure incarne un transport « plus vert, créateur d’emplois et attractif pour les acteurs logistiques tout en restant compétitif »
Un projet 2026-2030 déjà engagé : vers un port entièrement décarboné et multimodal
L’horizon 2030 marque une nouvelle montée en ambition. Le prochain projet stratégique, doté de 150 M€, vise à dépasser 7 millions de tonnes de marchandises traitées par an, atteindre 2 500 emplois directs et doubler la part ferroviaire du trafic en la portant de 10 % à 20 %. La transformation du canal du Rhône à Sète permettra également de renforcer le trafic fluvial, avec une économie potentielle de 70 000 camions par an.
La Région ambitionne également que 30 % des escales soient connectées électriquement d’ici 2030, tout en atteignant l’autonomie énergétique grâce aux ombrières photovoltaïques.
La transformation du port de Sète-Frontignan illustre la cohérence d’une politique régionale portée depuis plus de quinze ans, où infrastructures lourdes, innovation technologique et transition écologique avancent de concert. Le binôme Sète-Frontignan / Port-La Nouvelle, piloté par la Région Occitanie, constitue aujourd’hui un ensemble portuaire complémentaire, pensé pour soutenir la souveraineté énergétique et industrielle du territoire.
Pour Carole Delga, ces réalisations affirment une démarche durable et déterminée : « La transition énergétique n’est pas une contrainte, mais une opportunité pour inventer le port de demain et réindustrialiser notre pays »