Près de Montpellier. Mycea mise sur les champignons pour remplacer les traitements chimiques

La start-up héraultaise Mycea met au point des solutions alternatives aux engrais et fongicides chimiques. Elle mise sur le potentiel de champignons microscopiques présents à l'état naturel dans le sol pour protéger les cultures par le biocontrôle et accélérer la croissance des végétaux par la biostimulation.

En juillet 2022, la jeune pousse Mycea, située près de Montpellier, a été agréée "DeepTech". (Photo : Mycea)

En juillet 2022, la jeune pousse Mycea, située près de Montpellier, a été agréée "DeepTech". (Photo : Mycea)

Son pari : augmenter la production d'une vigne, d’un verger, ou les protéger des maladies grâce aux champignons naturellement présents dans le sol des parcelles cultivées. Ce potentiel de biostimulation et de biocontrôle, la start-up Mycea le teste depuis quatre ans dans son laboratoire de Grabels, près de Montpellier (Hérault). « Depuis 465 millions d'années, des communautés de champignons microscopiques sont associées aux végétaux, à l'intérieur (endomycorhiziens) ou à l'extérieur (exomycorhiziens) des racines », explique Dominique Barry-Etienne, docteure en sciences agronomiques, cofondatrice de Mycea en avril 2018 et directrice générale adjointe auprès de Pierre-Jean Moundy. « Ces mélanges indigènes sont en place parce qu'ils sont adaptés au sol mais aussi au climat. »

La diversité d'espèces implique une diversité de fonctions.

Remplacer les traitements chimiques

La start-up cherche à valoriser cette activité biologique et biochimique naturelle pour remplacer les engrais et traitements chimiques utilisés par les agriculteurs. Elle a choisi de travailler « à façon », en allant prélever sur le terrain, à proximité de la parcelle à fertiliser ou à amender, des champignons de communautés indigènes.

« Nous les multiplions en laboratoire puis nous les ramenons sur la parcelle à traiter, sous forme de poudre ou de formule soluble. Ce que l'on trouve actuellement sur le marché, ce sont des souches isolées reproduites en laboratoires", précise la chercheuse spécialiste du règne fongique.

Dominique Barry-Etienne, directrice générale adjointe de Mycea. (Photo : Mycea)
Dominique Barry-Etienne, directrice générale adjointe de Mycea. (Photo : Mycea)

Les produits de biostimulation mis au point par Mycea sont adaptés à toutes les cultures produisant des champignons endomycorhiziens. « Ils vont s'adresser en particulier aux viticulteurs, aux arboriculteurs, aux maraîchers et aux gestionnaires d'espaces verts », précise Dominique Barry-Etienne.

Des expérimentations ont déjà été réalisées pour biostimuler des ceps de vignes, sous serre ou en champ. « Deux ans après l'application du produit, la production de raisin a été multipliée par deux, c'est conséquent », assure la directrice générale.

Dix essais de biostimulation ont par ailleurs été lancés en 2022 en milieu urbain, dans des parcs et des espaces verts. « Ils ont eux aussi donné des premiers résultats encourageants. »

Levée de fonds

Accompagnée à ses débuts par l’incubateur LRI et le BIC de Montpellier, Mycea a été en 2020 lauréate « Grand Prix » du concours d’innovation i-Lab du ministère de l’Enseignement et de la Recherche.

En juillet 2022, la jeune pousse a aussi été agréée « DeepTech ». « Cela nous permet d'obtenir des financements auprès de Bpifrance notamment », souligne la chercheuse.

Sur ce volet du financement, la jeune pousse d’une vingtaine de personnes a réussi à lever 8 millions d’euros auprès du groupe VOL-V, opération annoncée en janvier 2023. Ce groupe montpelliérain, porteur de projets liés aux énergies renouvelables, investit aussi dans la transition écologique. « Cela va nous permettre d'étendre nos travaux de recherche et développement et d’industrialiser nos procédés », assure la dirigeante.

Commercialiser des solutions en 2024

L'objectif de Mycea est de commercialiser ses solutions de biostimulation en 2024. Des recherches équivalentes sont en cours sur l'activité fongicide du mycellium produit par les champignons, pour traiter le mildiou par exemple. « Nous les mettons en culture dans des fermenteurs en inox. Ces biosolutions fongicides devraient être prêts d'ici 2030 », conclut la directrice générale adjointe.

A lire aussi