SPATIAL : Agora Industries, stratégie gagnante dans le développement de niches technologiques

 Benoît Moulas

Le groupe Agora Industrie a redressé la barre en 2014. La stratégie de développement technique et industriel mise en œuvre il y a deux ans dans les activités mécaniques et électroniques porte ses fruits. Piloté par Benoit Moulas avec ses deux associés Laurent Gauthier et Christian Saubion, le groupe prévoit de réaliser en 2014 un chiffre d’affaires de près de 17 millions d’euros contre moins de 14 millions d’euros en 2013.

·      Agora Industries emploie au total 210 salariés, au sein du pôle mécanique chez Comat Aerospace (80) et Lafourcade (30) et une centaine dans l’électronique chez Microtec et l’ex-Segula Electronique racheté en 2013. Une dizaine de personnes sont recrutées en 2014. Le vaisseau amiral du pôle mécanique, Comat Aerospace vient d’enregistrer deux commandes significatives. Le Cnes a confié à l’entreprise de Flourens, l’industrialisation du système Tripod pour près de 3 millions d’euros. Airbus Defense & Space a signé pour un mécanisme de scanner d’images embarqué sur IASI pour près de 3,5 millions d’euros à partir d’un brevet développé en commun. Comat Aerospace verra en 2014 son chiffre d’affaires se redresser passant de 4,5 millions d’euros en 2013 à près de 7 millions d’euros, après avoir connu une baisse de régime en 2012. « Nos associés ont soutenu nos activités en continuant à investir, nous permettant ainsi de générer de nouvelles affaires » explique Benoît Moulas. ACE Management détient 25% du capital, c’est la seule participation hors secteur aéronautique de ce fonds spécialisé. « Ils sont très actifs en apportant une expérience industrielle avec un gestion à moyen terme ». Outre le financement des études pour les nouveaux projets, Comat a investi dans son atelier mécanique intégré avec l’achat d’une nouvelle MCN 5 axes pour 300 k€. Le développement d’équipements à forte valeur ajoutée pour le spatial et la Défense, est devenu la cible privilégié de l’entreprise avec moins de services. Le bureau d’études de Comat est spécialisé dans les systèmes mécaniques, la propulsion et les instruments scientifiques. Les liens avec le Cnes, partenaire technique depuis une dizaine d’année se sont renforcés. Des études et développement amont portent sur des nouveaux concepts de vannes, de capteurs de particules, de propulseurs électriques pour nanosat…«Le Cnes joue le jeu pour faire la promotions du développement technologique dans les Pme ». La plupart des produits sont mis en orbite. Comat a participé notamment à la fabrication de la caméra Chemcam du robot Curiosity et du sismographe, à l’instrument Spirou pour l’Observatoire du Pic du Midi destiné à l’observation des exo planètes. La vente à l’export du catalogue produit est envisagée avec l’accord des partenaires. Avec le soutien de la DGA, Comat a développé en R & D un moteur propulsif, un thermoréacteur, pour l’aéronautique et des applications dans la génération électrique et cogénération, dont la consommation est abaissée de 20% par rapport aux turbomachines actuelles. « Nous recherchons des partenaires pour intégrer ce moteur dans des applications civiles en allant jusqu’à l’industrialisation ». Près de Tarbes, Lafourcade, complète Comat sur la production avec une trentaine de salariés. Cette Pme travaille entre autre pour le Creuset sur les aubes du moteur LEAP.

·      Le pôle électronique implanté dans l’agglomération toulousaine avec Microtec et l’ex Segula Electronique repris en 2013, représente une centaine de salariés avec des activités de BE, câblage, montage et test. Les deux entités sont en cours de rapprochement. Microtec a décroché le marché des bancs test de qualification des capteurs pour Continental Worldwide. Le groupe Agora Industrie possède une entité de 4 personnes en région parisienne qui travaille avec le CEA et la Défense sur des équipements. Le puzzle pourrait à terme s’agrandir par croissance externe.

 TRIPOD améliore le pointage des satellites d’observation

 

Le système TRIPOD améliore le pointage des satellites d’observation de la terre permettant d’augmenter leur bande passante. Ce concept de robot à trois degré de libertés avait été proposé au Cnes il y a près d’une dizaine d’année par Comat. La spatialisation du système va s’étaler sur deux ans.

« Pas facile de gérer une Pme »

 

Benoit Moulas évoque les difficultés à gérer une entreprise industrielle française avec l’excès de réglementation, un code du travail préhistorique inadapté, le comportement de certains qui abusent du système de protection, un dialogue social qui se transforme trop souvent en rapport de force… Au final « le coût est énorme pour l’entreprise, c’est un frein à la compétitivité »
Article diffusé le 01/10/2014 par JL Bénédini

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