À Toulouse, Anaïs Magnabal sacrée au Prix des Femmes Architectes 2025 pour son œuvre sensible et climatique

L’architecte toulousaine a reçu le 15 décembre le Prix Œuvre Originale 2025, décerné par l’ARVHA, lors de la 13ᵉ édition du Prix des Femmes Architectes. Une reconnaissance nationale pour son projet Maison COB, une maison de ville expérimentale située au cœur de Toulouse, saluée pour sa matérialité, sa démarche environnementale et sa finesse d’insertion urbaine.

Anaïs Magnabal, architecte. (Photo Agence Magnabal)

Anaïs Magnabal, architecte. (Photo Agence Magnabal)

Soutenu par le ministère de la Culture et la Ville de Paris, le Prix des Femmes Architectes s’est imposé au fil des années comme une distinction majeure dans le paysage architectural français. Il met en lumière des parcours féminins engagés et des œuvres qui renouvellent le regard sur l’architecture contemporaine. En 2025, pas moins de 250 candidatures ont été examinées, représentant plus de 1 000 projets issus de toute la France. Parmi les six distinctions attribuées cette année, le Prix Œuvre Originale distingue une réalisation singulière par sa qualité constructive, sa portée environnementale et sa lecture sensible du contexte urbain.

C’est dans ce cadre que Anaïs Magnabal, architecte installée à Toulouse depuis 2019, a été choisie par le jury pour son projet Maison COB, livré en plein tissu urbain toulousain. Une consécration nationale qui vient saluer un travail patient, exigeant et profondément ancré dans la matière.

Maison COB, une façade climatique entre artisanat, lumière et performance

Réalisée entre 2019 et 2022, la Maison COB est une maison de ville de 100 m² conçue comme une réinterprétation contemporaine de l’architecture toulousaine. Insérée dans un environnement urbain dense, elle développe une réponse précise aux enjeux de confort d’été, de densification et de relation au paysage proche.

Le projet se distingue notamment par sa façade climatique modulaire, composée de modules de béton coloré formant un moucharabieh contemporain. Ce dispositif inédit, conçu et fabriqué par l’architecte elle-même après deux années de recherche, agit comme un filtre urbain. Il module la lumière, protège l’intimité, limite les surchauffes estivales et participe activement au confort thermique du bâti. Inspiré d’un voyage au Brésil et du travail de l’artiste Athos Bulcão, ce système articule savoir-faire artisanal et performance climatique.

À l’intérieur, la distribution s’inscrit dans une logique bioclimatique. Le rez-de-chaussée semi-enterré, ouvert sur un patio végétal, protège les espaces de vie des nuisances urbaines tout en favorisant la ventilation naturelle. L’étage, plus léger, accueille les chambres baignées d’une lumière naturelle filtrée par la façade climatique. L’ensemble privilégie la précision constructive, la qualité lumineuse et une relation directe au vivant, loin de toute recherche d’effet spectaculaire.

Une expérimentation architecturale à échelle réelle

Plus qu’un projet résidentiel, la Maison COB s’inscrit dans une véritable démarche de recherche appliquée. L’expérimentation du moucharabieh fait partie d’un travail transversal conduit sous la direction de l’ENSA Toulouse et de l’INSA, avec le soutien du Laboratoire de recherche en architecture de Toulouse. Cette recherche explore la façade climatique comme interface entre architecture, climat et ingénierie, dans une logique de sobriété constructive.

Dans cette maison manifeste, l’architecte exprime une posture claire : produire moins, mais produire mieux, en s’appuyant sur la matière, la lumière, le climat et l’intelligence du site.

« Au travers de la Maison COB, j’ai mené une expérimentation à échelle 1 qui illustre parfaitement la posture que je défends en tant qu’architecte : croiser la pratique, la recherche et la transmission afin de répondre avec justesse aux enjeux environnementaux et urbains, et contribuer à une architecture qui fasse moins, mais mieux. », explique Anaïs Magnabal.

Un parcours toulousain fondé sur le terrain, la fabrication et la transmission

Avant de créer son agence à Toulouse en 2019, Anaïs Magnabal a exercé pendant cinq années comme cheffe de projet au sein d’une agence spécialisée dans les équipements publics d’envergure. Une expérience structurante qui a forgé sa rigueur constructive et son sens du détail.

Fille d’un artisan maçon-plâtrier, elle revendique aujourd’hui une approche de terrain, où la conception architecturale ne se sépare jamais de la fabrication. Cette culture de la matière irrigue l’ensemble de ses projets et alimente une architecture attentive aux usages, aux gestes, aux assemblages et aux savoir-faire.

Depuis 2020, elle enseigne également la conception architecturale à l’ENSA Toulouse, inscrivant son travail dans un dialogue constant entre théorie, expérimentation et pratique professionnelle. La Maison COB devient ainsi un support d’enseignement autant qu’un démonstrateur à l’échelle réelle.

Une reconnaissance nationale pour une architecture juste et engagée

Avec l’attribution du Prix Œuvre Originale 2025, le parcours de Anaïs Magnabal s’inscrit désormais au premier plan de la scène architecturale française. À travers la Maison COB, le jury consacre une architecture de contexte, attentive aux usages, au climat et à la ville existante, capable de proposer des réponses concrètes aux défis environnementaux contemporains, sans renoncer à l’exigence esthétique.

La remise officielle du prix s'est tenue le 15 décembre 2025, lors de la 13ᵉ édition du Prix des Femmes Architectes, marquant une étape majeure dans le parcours de cette architecte toulousaine dont le travail conjugue matière, recherche, sobriété constructive et engagement territorial.

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