Fermé depuis plus de six ans pour une rénovation d’ampleur inédite, le musée des Augustins rouvre au public à partir du 19 décembre 2025. Nouvelle entrée monumentale, parcours muséographique entièrement repensé, accessibilité universelle, identité visuelle renouvelée et mise en valeur ambitieuse des collections permanentes : le musée des beaux-arts de Toulouse engage une transformation profonde, pensée comme une réouverture évolutive, au croisement du patrimoine, de la création contemporaine et des enjeux sociétaux.
Une Nuit des musées au musée des Augustins. (Photo Mairie de Toulouse, musée des Augustins, Patrice Nin)
Blanche, monumentale, lumineuse, la nouvelle façade du musée des Augustins incarne visiblement le renouveau de l’institution. Après plus de six années de fermeture, l’établissement rouvre ses portes avec la volonté affirmée de se rendre plus lisible, plus accessible et plus visible au cœur du centre historique de Toulouse. Cette transformation marque l’aboutissement d’un chantier d’envergure engagé dès 2018, portant à la fois sur la restauration patrimoniale, l’architecture, les circulations, la scénographie et le projet culturel.
Pour Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, cette renaissance dépasse le simple cadre muséal : « par sa rénovation patrimoniale d’une ampleur inédite, son parcours muséographique repensé, le musée des Augustins qui rouvre aujourd’hui ses portes offre au visiteur une expérience culturelle et émotionnelle nouvelle. Accessible, inclusif et fier de son héritage, le musée des Augustins, à l’instar de la métropole toulousaine, place la culture au cœur de son identité. »
Sous la direction de Laure Dalon, nommée à la tête du musée en octobre 2022, l’ancien couvent des Ermites de saint Augustin redéfinit ainsi sa place dans la ville, en assumant pleinement sa dimension de lieu patrimonial vivant, capable de dialoguer avec les attentes contemporaines.
Une nouvelle entrée pour réinscrire le musée dans la ville
L’un des gestes architecturaux majeurs de cette réouverture réside dans la création d’un nouvel accueil de 222 m², conçu par l’agence d’architecture portugaise Aires Mateus. Cette nouvelle entrée, située entre la rue de Metz et le cloître, remplace l’ancien accès devenu inadapté, notamment pour les personnes à mobilité réduite.
Précédée d’un parvis végétalisé de près de 1 000 m², la nouvelle entrée offre une pente douce compensant un dénivelé d’environ 1,30 mètre, garantissant un accès de plain-pied pour tous les publics. Le choix de la pierre de Dordogne, en écho à l’histoire architecturale toulousaine, confère à cette façade blanche une dimension à la fois symbolique et urbaine.
Comme l’explique Laure Dalon : « le choix de la pierre répond à l’histoire de la ville et donne une importance symbolique à cette nouvelle entrée. »
Cette nouvelle aile permet également de reconstituer l’aile sud du cloître, détruite à la fin du XIXe siècle, sans altérer les parties médiévales classées monument historique depuis 1840.
Restaurer cinq siècles d’histoire tout en préparant le musée du XXIe siècle
Fondé en 1274, transformé en musée dès 1795, le musée des Augustins est l’un des plus anciens musées de France, ouvert seulement deux ans après le Louvre. Installé dans un ancien couvent, le bâtiment n’avait jamais été conçu pour un usage muséal continu, rendant indispensable une restauration en profondeur de ses espaces.
Les travaux menés ont concerné à la fois la structure, les circulations, les verrières, les dispositifs techniques, la sécurité et les services aux visiteurs. Ils ont également permis de restituer la richesse architecturale du site, du cloître du XIVe siècle à l’église gothique méridionale, en passant par les salons du XIXe siècle et les interventions de Viollet-le-Duc.
Le montant total des travaux réalisés entre 2018 et 2025 s’élève à 25 millions d’euros, financés par la mairie de Toulouse, avec le soutien de la DRAC à hauteur de 587 630 euros et de la Région Occitanie Pyrénées Méditerranée à hauteur de 581 899 euros.
Une accessibilité universelle pensée comme un principe fondateur
Dès le lancement du chantier, l’accessibilité a été posée comme un enjeu central du projet. L’ensemble des espaces ouverts au public est désormais accessible aux personnes à mobilité réduite, grâce à la création de deux ascenseurs, de rampes intégrées, d’un traitement spécifique des escaliers et d’un éclairage repensé.
L’objectif affiché par la Ville et le musée est clair : offrir une seule et même entrée pour tous, sans parcours différencié. Cette accessibilité architecturale est renforcée par des dispositifs de médiation inclusifs, incluant parcours multisensoriels, documents en Facile à Lire et à Comprendre (FALC), visites en langue des signes française et audiodescription.
Un parcours muséographique repensé autour des collections permanentes
Pour accompagner la livraison échelonnée des différents chantiers, le musée a fait le choix stratégique de mettre au premier plan ses collections permanentes, riches de près de 4 000 œuvres. La scénographie, conçue par Valentina Dodi et l’agence Scénografiá, privilégie une approche respectueuse de l’existant, tout en clarifiant les parcours et les perspectives.
« Le projet allie une volonté de contemporanéité au respect des enjeux historiques. Il crée un langage uniforme qui devient le fil rouge du nouveau parcours », souligne la scénographe.
L’accrochage adopte une lecture chronologique, tout en proposant des mises en regard audacieuses, interrogeant les stéréotypes, les figures de pouvoir, les représentations du corps et les évolutions de la société à travers l’histoire de l’art. Cette approche, testée dès 2023, est désormais généralisée à l’ensemble du parcours.
Le ciel, fil conducteur d’une réouverture évolutive
Pour l’année de réouverture, le musée a choisi la thématique du ciel comme fil conducteur, explorée jusqu’à l’achèvement de la première phase des travaux au printemps 2027. Ce thème, à la fois spirituel, poétique et contemporain, permet de tisser des liens entre art ancien et création contemporaine, tout en résonnant fortement avec l’identité toulousaine et son lien historique avec l’aéronautique et l’aérospatial.
À travers œuvres de la collection, prêts institutionnels et interventions d’artistes contemporains, le musée affirme ainsi sa volonté de devenir un lieu fédérateur, capable de relier passé, présent et futur, culture et vie économique.
Une identité visuelle renouvelée pour un musée vivant
Cette transformation s’accompagne d’une nouvelle identité visuelle, conçue par l’agence Thomas Dimetto & Supernice. Fondée sur les valeurs de convivialité, de responsabilité et de liberté, elle s’exprime à travers une charte graphique contemporaine, généreuse et accessible, pensée pour dialoguer avec la monumentalité du lieu.
Pour Thomas Dimetto, « le design du musée des Augustins doit faire dialoguer la richesse du patrimoine médiéval avec un langage contemporain, accessible et ouvert à tous, loin d’une approche élitiste ».
La réouverture du 19 décembre 2025 marque une étape décisive, mais non définitive. L’église intégrera le parcours permanent courant 2026, tandis que la restauration complète du grand cloître, unique dans le Sud-Ouest par son intégrité, s’achèvera au printemps 2027, grâce notamment à une campagne de financement participatif.
Pensé comme un chantier en mouvement, le musée des Augustins assume une réouverture évolutive, fidèle à un projet scientifique et culturel en construction, destiné à accompagner la renaissance d’un lieu majeur du patrimoine toulousain.