Fondée fin 2022 à l’initiative d’acteurs économiques, politiques et sportifs issus de la section sport du Medef Haute-Garonne, la Maison du Sport au Féminin célébrait, ce mardi 9 décembre 2025, trois années d’actions ininterrompues dédiées à l’égalité femmes-hommes dans le sport. En l’espace de trente-six mois, l’association toulousaine est devenue un acteur structurant du territoire, conjuguant accompagnement des sportives de haut niveau, éducation dès l’enfance, visibilité du sport féminin, santé, insertion professionnelle et rayonnement national en devenir.
Initialement ancrée à Toulouse, la Maison du Sport au Féminin prépare désormais son déploiement hors d’Occitanie, signe d’un changement d’échelle stratégique.(Photo Dorian Alinaghi)
À l’origine de la Maison du Sport au Féminin, il n’y a ni opportunisme ni posture. Il y a un choc statistique. Plus de 90 % de la couverture médiatique sportive reste aujourd’hui encore accaparée par les pratiques masculines. À cela s’ajoutent la précarité économique persistante des sportives de haut niveau, des freins culturels puissants, et une reconnaissance institutionnelle longtemps marginale. Face à ces déséquilibres, une décision. Celle de créer à Toulouse une structure capable de faire système, de fédérer, de réparer, mais aussi de projeter.
« Trois ans après sa création, la Maison du Sport au Féminin a clairement dépassé les objectifs initiaux : nous avons porté des actions fortes, soutenu des sportives, sensibilisé, formé et fédéré bien au-delà de nos espérances », affirme aujourd’hui Maguelone Pontier, présidente de l’association.
Quand l’égalité commence dans la cour d’école
C’est dans l’enfance que se forgent les représentations les plus durables. La Maison du Sport au Féminin l’a compris dès ses premières actions. Entre 2023 et 2024, plus de 750 enfants ont été sensibilisés aux stéréotypes de genre liés à la pratique sportive, au sein des établissements scolaires toulousains. Une génération entière à qui l’on apprend que la performance n’a pas de genre et que l’audace n’a pas de frontière.
Cette transmission s’est également incarnée dans l’édition du livre « Battantes, elles rêvent en grand », fruit d’un travail collectif mené avec des bénévoles et des lycéens. Neuf sportives d’Occitanie y livrent leurs parcours, leurs combats, leurs doutes et leurs élans. Sur les 1 000 exemplaires imprimés, 900 ont déjà trouvé lecteurs, signe d’un besoin profond de récits inspirants.
Dans le prolongement, le podcast NIKE.ES explore aujourd’hui, à travers 30 épisodes, les zones souvent tues du sport féminin, de la grossesse aux menstruations, des violences sexuelles à la pression du très haut niveau à l’adolescence.
Rendre le sport féminin visible, durablement, dans la ville
La reconnaissance passe aussi par l’espace public. En lien avec la mairie de Toulouse, un projet de féminisation des équipements sportifs a été engagé, avec un objectif clair : faire passer la part d’équipements portant un nom de femme de 1 % à 20 % en quatre ans, à raison de quatre nouvelles nominations par an. Trois infrastructures ont déjà changé de nom, ancrant symboliquement les figures féminines dans le quotidien urbain.
Sur le terrain numérique, la dynamique est tout aussi tangible. La Maison du Sport au Féminin rassemble aujourd’hui 2 000 abonnés sur Instagram et LinkedIn, soutenue par des ambassadeurs engagés tels que François Cros, Frédérique Jossinet, Madelon Catteau ou Clémence Vieira, qui prêtent leur notoriété à une cause qui dépasse largement le cadre sportif.
UNISPORTIVES, la colonne vertébrale de l’accompagnement des athlètes
C’est souvent après les podiums que commence le véritable combat. Avec la plateforme UNISPORTIVES, la Maison du Sport au Féminin a bâti un outil unique de mise en relation entre sportives et entreprises. L’objectif est clair : sécuriser les parcours, préparer l’après-carrière, sortir les athlètes de l’isolement.
Aujourd’hui, 110 sportives sont référencées, 42 sont accompagnées directement et plus d’une centaine de mises en relation ont été opérées autour de l’emploi, du droit, de la nutrition, de la reconversion, de l’aide alimentaire ou de l’accompagnement financier.
Jessica Chavanne, double championne du monde et d’Europe de jet-ski, a elle aussi bénéficié de cet accompagnement global, qu’elle est venue incarner lors de la conférence organisée au Stade Toulousain.
Sport, santé, reconstruction : lorsque l’engagement devient refuge
L’action de la Maison du Sport au Féminin dépasse la seule performance. Des cours de sport mensuels sont dispensés à l’Oncopole de Toulouse, mais aussi au sein de l’association Le Touril, qui accueille des femmes victimes de violences. Le corps, ici, redevient un espace de reconstruction.
Une campagne dédiée à l’activité physique pendant la grossesse a également été déployée, alors que 75 % des femmes cessent toute pratique dès qu’elles sont enceintes. La Maison du Sport au Féminin agit aussi sur les enjeux de troubles alimentaires, de santé hormonale, d’accès aux soins spécialisés et de sécurisation psychologique du haut niveau.
Trois ans après sa création, la Maison du Sport au Féminin dispose d’un modèle économique structuré qui lui permet d’employer deux salariés à temps plein, Noémie Sans, directrice adjointe, et Damien Trastet, directeur. Soutenue par ses membres fondateurs, par des financeurs publics et par un écosystème d’acteurs engagés, l’association est aujourd’hui perçue comme un référent national sur l’égalité femmes-hommes dans le sport.
Des freins toujours massifs, malgré les avancées
Le rapport 2025 du Haut Conseil à l’Égalité rappelle la violence des écarts. Moins de 5 % des unes de L’Équipe concernent les sportives. Entre 2018 et 2021, 71,5 % des retransmissions portaient sur le sport masculin, contre 4,5 % pour le sport féminin.
Sur le terrain amateur, certaines équipes féminines disparaissent encore faute de moyens. Une fille sur deux abandonne le sport à l’arrivée de ses règles, et seulement 35 % des 16-24 ans pratiquent en compétition.
De Toulouse à la scène nationale, le prochain chapitre s’ouvre
Forte de sa légitimité acquise en Occitanie, la Maison du Sport au Féminin prépare désormais son déploiement, début 2026, en région PACA Sud et en Île-de-France, là où se concentrent fédérations, institutions et clubs majeurs. L’association annonce également un renforcement de ses actions dans les zones rurales et les quartiers prioritaires de la métropole toulousaine.
« Notre engagement résolument féministe nous permet aujourd’hui de franchir un cap. Notre maison s’agrandit. Les ambitions aussi », conclut Daniel Capeller-Arnaud, co-président de la Maison du Sport au Féminin.