À l’occasion d’une conférence de presse organisée le mardi 16 décembre 2025, le Grand Marché de Toulouse – Marché d’Intérêt National a présenté ses chiffres 2024, un bilan consolidé sur huit années, ainsi que ses perspectives de développement à l’horizon 2035. Porté par une croissance continue depuis 2017, le site s’impose désormais comme un acteur central des enjeux alimentaires, économiques, sociaux et environnementaux du territoire, tout en ouvrant une nouvelle phase d’investissements structurants, marquée par la prolongation de sa délégation de service public, une extension foncière de 16 % et des projets d’envergure pour les années à venir.
Maguelone Pontier, directrice du Grand Marché, entourée des dirigeants des nouvelles entreprises entrant au marché. (Photo Dorian Alinaghi)
Dans un environnement économique et agricole marqué par les incertitudes, le Grand Marché de Toulouse confirme en 2024 sa capacité à tenir le cap. Le site rassemble désormais 233 entreprises, témoignant d’une attractivité qui ne se dément pas. Le nombre de producteurs référencés atteint 263, tandis que celui des acheteurs progresse à 24 430, traduisant le maintien de flux commerciaux dynamiques dans un contexte pourtant exigeant pour l’ensemble de la filière alimentaire.
L’emploi direct, avec 1 491 postes, progresse lui aussi, dans une proportion cohérente avec l’évolution du tissu économique du site. Le chiffre d’affaires global généré par les entreprises et producteurs s’établit à 566 millions d’euros. Une performance significative, analysée volontairement à périmètre constant, afin de refléter la réalité économique du site et non des variations conjoncturelles ou méthodologiques.
Cette rigueur dans la lecture des chiffres n’est pas anodine. Elle traduit une posture assumée par la direction : celle d’un pilotage lucide, qui refuse les effets d’annonce au profit d’une compréhension fine des dynamiques à l’œuvre. « Ce qui nous importe, ce n’est pas la croissance pour la croissance, mais la capacité du Grand Marché à rester solide, utile et pertinent dans la durée », a souligné Maguelone Pontier, directrice du Grand Marché.
Huit années de mutation profonde
Le bilan dressé sur les huit dernières années illustre l’ampleur de la transformation engagée depuis 2017. En moins d’une décennie, le nombre d’entreprises implantées a progressé de 57 %, celui des acheteurs de 36 %, tandis que le chiffre d’affaires global a enregistré une hausse de 70 %. L’emploi direct, en augmentation de 69 %, confirme que cette croissance s’est traduite par des retombées économiques concrètes pour le territoire.
Au fil des années, le Grand Marché a progressivement dépassé son rôle historique de place de gros pour devenir un véritable écosystème alimentaire, capable d’accueillir des entreprises matures comme des projets émergents, d’accompagner l’innovation et de structurer de nouvelles filières. Le concours Les Pépites de la Food, qui a permis l’incubation de plusieurs jeunes entreprises, illustre cette volonté de préparer l’alimentation de demain tout en ancrant les initiatives sur le territoire.
Un site qui s’ouvre, se transmet et se raconte
L’une des évolutions majeures du Grand Marché réside dans son ouverture progressive au grand public. Formation, pédagogie, événementiel et restauration participent désormais pleinement à son identité. Le site accueille aujourd’hui douze structures dédiées à la formation et à l’emploi, représentant 1 500 apprenants par an, contribuant à la transmission des savoir-faire et à l’attractivité des métiers de l’alimentaire.
Cette ouverture se traduit également par une fréquentation en forte hausse. En agrégeant les visiteurs non professionnels, le Grand Marché reçoit près de 140 000 personnes chaque année, devenant le site industriel le plus visité d’Occitanie. Une fréquentation soutenue par une politique événementielle dense, avec près de 130 événements organisés en 2025, notamment au FoodLab, espace devenu emblématique de l’hybridation entre innovation, formation et expérimentation culinaire.
Innovation alimentaire et végétal : une orientation stratégique assumée
Les perspectives présentées pour 2026 confirment une orientation claire : le Grand Marché entend se positionner comme un lieu de référence de l’innovation alimentaire, avec une attention particulière portée au végétal, aux nouvelles pratiques agricoles et aux modèles plus durables.
Cette stratégie se traduit par l’accueil de nouveaux projets, par le renforcement de dispositifs existants et par l’émergence de nouvelles marques collectives, conçues pour permettre aux opérateurs du site d’accéder à de nouveaux marchés et de mutualiser leurs forces. Le Grand Marché assume pleinement son rôle de facilitateur, créant les conditions d’un développement économique compatible avec les attentes sociétales et environnementales contemporaines.
Au-delà des performances économiques, le discours porté lors de la conférence a mis en lumière une conviction forte : la réussite d’un site comme le Grand Marché ne peut être dissociée de son impact social et environnemental. Accueil d’associations solidaires, partenariats en faveur de l’insertion, soutien au don alimentaire, actions auprès de publics fragilisés ou encore initiatives en faveur du sport et de l’égalité des chances : ces engagements s’inscrivent dans une stratégie cohérente et structurée.
Cette démarche sera prochainement reconnue par l’obtention de la labellisation LUCIE 26000, attendue début 2026, venant formaliser un engagement RSE déjà largement opérationnel. Parallèlement, un plan de transition énergétique de 5 millions d’euros est déployé afin de répondre aux exigences réglementaires, tout en visant une réduction durable des consommations énergétiques pour les entreprises du site.
Un tournant historique : le cap 2046
Moment clé de la conférence, l’annonce de la prolongation de la délégation de service public jusqu’au 1er juillet 2046 marque un tournant stratégique majeur. Depuis 2017, 19 millions d’euros ont déjà été investis sur le site. Cette prolongation s’accompagne d’une extension foncière de 16 %, ouvrant la voie à un vaste programme de développement.
À l’horizon 2028–2029, ce sont 64 millions d’euros supplémentaires qui devraient être mobilisés pour créer de nouvelles infrastructures, accompagner la croissance des opérateurs et répondre aux besoins logistiques et alimentaires du territoire. Cette visibilité de long terme offre au Grand Marché une capacité d’anticipation inédite, lui permettant de penser son développement à l’échelle de plusieurs décennies.
Une croissance qui revendique le sens et la responsabilité
En filigrane, le message porté par la direction est clair : la croissance n’est pas une finalité en soi. Elle n’a de valeur que si elle s’inscrit dans un projet collectif, responsable et durable. « La performance économique sans solidarité n’a pas de sens », a rappelé Maguelone Pontier, appelant à une lecture plus exigeante des trajectoires d’entreprise, intégrant pleinement les enjeux humains, environnementaux et territoriaux.
À la croisée de la souveraineté alimentaire, de l’innovation, de la transition écologique et de la cohésion sociale, le Grand Marché de Toulouse s’affirme aujourd’hui comme bien plus qu’un outil économique. Il devient un lieu de référence, capable de fédérer les acteurs, d’anticiper les mutations et de porter une vision alimentaire à la hauteur des enjeux du territoire.
La dynamique du Grand Marché se traduit également par l’arrivée et l’ancrage de nouvelles entreprises aux profils complémentaires montrant la diversité des activités désormais présentes sur le site. En 2025, Calycé Sun a rejoint le Grand Marché avec une expertise dédiée à l’agrivoltaïsme, conciliant production agricole et énergétique dans une logique de projets de territoire concertés. L’entreprise Fego incarne quant à elle l’innovation alimentaire végétale, avec le développement d’alternatives protéinées à base de légumineuses locales, issues d’un procédé de fermentation naturelle, et une ambition affirmée de structuration d’une filière tempeh ancrée dans le Sud-Ouest. Le Grand Marché accueille également Ingaged, spécialiste du management de transition, qui accompagne les entreprises confrontées à des phases de transformation stratégique, ainsi que Oh La La Conseil, cabinet de conseil en stratégie marketing engagé, dédié aux structures souhaitant concilier impact positif, performance économique et montée en autonomie. Enfin, Stradi Consulting complète cet ensemble avec Ren-table, une solution pensée pour renforcer durablement la rentabilité des restaurants traditionnels, sans altérer leur identité ni leur savoir-faire.