Transition climatique et dialogue social: le rôle fondamental des corps intermédiaires

Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.

Pierre-Olivier Nau, président du Medef Haute-Garonne.

Dans son dernier édito pour le magazine Entreprises Occitanie du mois d'avril, le président du Medef Haute-Garonne Pierre-Olivier Nau pointe l'importance de la consultation des corps intermédiaires sur l'ensemble des sujets de société et économiques, et notamment sur les propositions de loi sur le climat. D'après lui, "la capacité de dialogue sain et apaisé entre corps responsables et capables d’échanger dans l’entreprise et au niveau du pays" n'est plus à prouver, notamment avec le récent Accord National Interprofessionnel (ANI) sur le télétravail ou l’avènement du CSE. 

 

La Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) a remis ses 149 propositions au Président de la République en juillet 2020.
Le groupe de 150 Citoyens Français tirés au sort a travaillé pendant 10 mois, sous la coprésidence de deux experts, et sous la responsabilité du Conseil Economique, Social et Envrionnemental.

Le Président de la République a retenu 146 idées, qui sont désormais soumises au Parlement qui, après audition des divers corps, devra légiférer. Cette méthode de travail et son résultat appellent deux réactions :

1 - Sur le fond, la consultation directe des citoyens est un risque qui néglige les corps intermédiaires, l’expertise et l’objectivité du terrain. C’est donc une fausse bonne idée.

2 - Sur la forme, de nombreuses idées portent en elles une absence singulière d’échanges avec les entrepreneurs. Par exemple  :

- Limiter l’étalement urbain afin de stopper l’artificialisation des sols (qui elle est en soi une idée forte): comment limiter l’espace auquel aspirent nos concitoyens en accédant à la propriété. C’est souvent le projet d’une vie, que le chef d’entreprise ne peut qu’encourager, qui plus est à un moment où le télétravail devient un ingrédient important de la qualité de vie au travail.

- Créer la notion d’Ecocide, qui met l’entrepreneur « au rancard », nous soumet à un risque pénal invraisemblable, tout en l’infantilisant et le culpabilisant. A un moment où la prise de conscience est bien plus forte chez nous que dans la moyenne de la population.

- Réhabiliter l’idée d’écotaxe, adaptée à l’échelle des régions, ou comment créer une nouvelle distorsion entre transporteurs français et internationaux. C’est aussi oublier que  le ferroutage à grande échelle est un mythe pour la France, et que les entreprises de transport multiplient les efforts et investissent avec les constructeurs pour polluer moins.

- Freiner fortement le déplacement en avion par divers moyens, en oubliant que les émissions sont parmi les plus faibles, que les investissements des avionneurs sont gigantesques, et que cette industrie, du premier sous-traitant aéronautique au dernier touriste en famille occupe plusieurs millions d’emplois en France, tous conscients du risque climatique.

Le Medef suit donc les discussions de près au Parlement, pour le respect des entrepreneurs et de la démocratie paritaire.Le paritarisme est notre fondement. L’état économique de notre pays est issu de discussions et compromis entre entrepreneurs et salariés. La loi - notamment PACTE -  crée les conditions d’un dialogue sain et apaisé entre corps responsables et capables d’échanger dans l’entreprise et au niveau du pays. Le récent Accord National Interprofessionnel (ANI) sur le télétravail l’a parfaitement montré. L’avènement du CSE en est aussi la preuve criante. C’est dans cette logique et ce sillon que le Medef a proposé de reprendre le dialogue à l’ensemble des organisations patronales et syndicales. La plupart ont accepté. 

Les sujets sont nombreux: formation, prud’hommes, climat, numérique, santé sont notamment à mettre à l’ordre du jour de ce dialogue à reprendre très rapidement. La crise du Covid nous apporte une expérience fondamentale, tant nous avons été productifs en dialoguant davantage en une année que pendant les dix dernières.

 

 

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