Water Horizon. Une solution innovante de redistribution de chaleur fatale qui se concrétise

Le processus nécessite un cycle défini entre industriel et consommateur

Le processus nécessite un cycle défini entre industriel et consommateur

Grâce à une solution brevetée de batterie mobile, WaterHorizon ambitionne de récupérer la chaleur industrielle perdue et de la redistribuer sous forme d’énergie à d’autres consommateurs. Bénéficiant notamment d’un partenariat avec Dalkia, la start-up espère être sur le marché pour 2023.

« Chaque année en Europe, les industriels perdent en chaleur l’équivalent de l’énergie produite par 100 réacteurs nucléaires » s’étonne toujours autant Jean-Emmanuel Faure, fondateur de WaterHorizon. Alors, durant ses études en mécanique des fluides à l’INP-Enseeiht Toulouse, il imagine une solution pour récupérer et redistribuer cette chaleur fatale. Une idée survenue après un premier échec entrepreneurial qui vit toujours dans le nom de la startup : « au départ l’idée était de désaliniser l’eau de mer, mais ça n’a pas marché » ironise l’ingénieur.

Une même batterie pour récupérer et redistribuer
Pour pallier la perte de cette chaleur liée au manque de solutions des industriels, Water Horizon a mis au point des batteries mobiles (embarquées sur des camions à l’image de containers) qui peuvent aller chercher l’énergie et la redistribuer dans les 10/20/30 kilomètres à la ronde. Le procédé technique permettant ce cycle est une réaction thermochimique, comme l’explique le fondateur : « nous avons deux composés :  A et B. Si on les mélange, cela fait un composé AB qui va être soudé, et cette réaction va libérer de la chaleur. Et c'est réversible : si on sépare le composé AB, on aura aussi de l’énergie libérée. Cela ressemble un peu à la bonbonne de gaz : j'ai tant d'énergie potentielle, mais tant que je ne la brûle pas elle est stockée ».

Ne pas payer l’énergie récupérée chez l’industriel
Si la jeune pousse toulousaine serait « techniquement capable » de stocker la chaleur sur le long terme, elle se refuse à « tout miser sur un cycle d’énergie » qui serait une aberration économique selon Jean-Emmanuel Faure. Le modèle qu’a choisi Water Horizon est un cycle court où l’énergie récupérée chez l’industriel est ensuite redistribuée dans les heures suivantes chez le consommateur, avec un minimum de 2 batteries par projets pour garantir une continuité de service : « il n’y aura jamais de temps où rien ne sera branché ». Agile sur les projets, la start-up vise principalement les consommateurs de froid : « les data center, supermarchés ou centre d’affaires ont besoin de refroidissement en permanence, et nous pouvons parfaitement remplacer les groupes frigorifiques, comme les chaudières à gaz classiques » explique le fondateur. Annonçant être compétitif sur les prix dès sa mise sur le marché, Water Horizon propose comme contrepartie aux industriels de « verdir leurs images » en réduisant leurs pertes énergétiques, et en conséquent de réduire leur potentielle taxe carbone.

Un déploiement sur le marché d’ici 2023
Hébergé à l’incubateur régional Nubbo, Jean-Emmanuel Faure profite d’un partenariat de développement signé avec Dalkia pour mettre au point ses prototypes, en échange de quoi la filiale d’EDF deviendra un de ses exploitants et clients une fois la solution prête. Créée en 2017, Water Horizon emploie actuellement 10 personnes, et possède déjà 2 pilotes capables d’alimenter une maison de 200m². Pour financer la commercialisation prévue en 2023 et entamer son programme de 18 mois de mise à l’échelle industrielle, la start-up est en période de finalisation de levée de fonds, prévue pour début octobre 2021. Avec une solution permettant d’économiser « plusieurs milliers de tonnes de Co2 par an », Water Horizon est confiante quant à la demande future, et ambitionne de faire de sa solution doublement brevetée une référence en matière d’énergie renouvelable.

Thomas Alidières

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