Airbus, Leonardo et Thales unissent leurs forces pour créer un géant spatial européen

Le 23 octobre 2025, Airbus, Leonardo et Thales ont annoncé la signature d’un protocole d’accord historique visant à regrouper leurs activités spatiales au sein d’une nouvelle entité commune. Objectif : renforcer l’autonomie stratégique de l’Europe, stimuler l’innovation et peser davantage sur le marché spatial mondial.

Airbus, Leonardo et Thales annoncent la création d’un nouvel acteur spatial européen de premier plan. (Photo Pixabay)

Airbus, Leonardo et Thales annoncent la création d’un nouvel acteur spatial européen de premier plan. (Photo Pixabay)

Ce rapprochement marque une étape déterminante dans la structuration du secteur spatial européen. En réunissant leurs ressources, leurs talents et leurs expertises, les trois groupes ambitionnent de créer un acteur intégré, capable de rivaliser avec les puissances spatiales mondiales. La future société, qui pourrait voir le jour en 2027, regroupera environ 25 000 collaborateurs répartis dans plusieurs pays européens. Elle s’appuiera sur un chiffre d’affaires annuel d’environ 6,5 milliards d’euros (données pro forma fin 2024) et sur un carnet de commandes équivalant à plus de trois années d’activité, garantissant une solidité et une visibilité importantes.

Cette nouvelle entité couvrira un large spectre d’activités : télécommunications, observation de la Terre, navigation par satellite, exploration spatiale, science et sécurité nationale, à l’exception des lanceurs. Elle se positionnera comme un partenaire de confiance pour les programmes souverains européens et nationaux, dans un contexte où la maîtrise technologique et la résilience industrielle deviennent des priorités stratégiques.

Des synergies estimées à plusieurs centaines de millions d’euros

L’union des trois géants devrait générer d’importantes synergies opérationnelles, notamment en matière d’ingénierie, de production et de gestion de projets. Les estimations font état de synergies annuelles de plusieurs centaines de millions d’euros (“mid triple digit”) sur le résultat d’exploitation, cinq ans après la finalisation de l’opération.

Ces gains seront le fruit d’une meilleure intégration des chaînes de production, d’économies d’échelle et d’un partage accru des capacités de recherche et développement. En retour, la nouvelle entité offrira une offre plus compétitive à l’échelle mondiale, tout en renforçant la souveraineté technologique européenne.

 

Une gouvernance équilibrée et un contrôle conjoint

Le capital de la future société sera réparti entre les trois groupes : Airbus détiendra 35 %, Leonardo 32,5 % et Thales 32,5 %. Cette gouvernance équilibrée garantira une direction collégiale et conjointe, reflet d’une coopération industrielle pensée sur le long terme.

Chaque partenaire apportera une partie significative de ses activités spatiales : Airbus transférera ses divisions Space Systems et Space Digital, issues d’Airbus Defence and Space ; Leonardo apportera sa Division Spatial, incluant ses participations dans Telespazio et Thales Alenia Space ; tandis que Thales contribuera par ses participations dans Thales Alenia Space, Telespazio et Thales SESO.

Renforcer l’autonomie et la compétitivité de l’Europe

Pour les dirigeants des trois groupes, cette initiative répond à un double objectif : accroître la compétitivité de l’Europe dans un secteur où les investissements massifs des États-Unis, de la Chine ou de l’Inde redessinent les équilibres, tout en consolidant son autonomie stratégique face aux dépendances technologiques extérieures.

Dans une déclaration commune, Guillaume Faury (président exécutif d’Airbus), Roberto Cingolani (directeur général de Leonardo) et Patrice Caine (président-directeur général de Thales) ont souligné :

« Cette volonté de rapprochement marque une première étape cruciale pour l’industrie spatiale européenne. Elle atteste de notre vision partagée de bâtir un acteur européen fort et compétitif sur un marché mondial de plus en plus dynamique. En mettant en commun nos talents, nos ressources et nos capacités de R&D, nous souhaitons stimuler la croissance, accélérer l’innovation et apporter une plus grande valeur ajoutée à nos clients et parties prenantes. »

Les trois dirigeants ont également rappelé que cette alliance s’inscrit dans une logique plus large de coopération européenne visant à garantir la souveraineté du continent dans les domaines critiques que sont la défense, l’espace et les technologies numériques. 

Des perspectives solides pour l’écosystème spatial européen

En consolidant les activités de production et de services spatiaux au sein d’un même groupe, Airbus, Leonardo et Thales entendent apporter plus de stabilité et de prévisibilité à l’ensemble de la chaîne de valeur, tout en créant de nouvelles opportunités pour les fournisseurs européens.

Cette alliance devrait également favoriser le développement des compétences, en offrant aux ingénieurs, chercheurs et techniciens un accès élargi à de nouvelles technologies et à des projets d’envergure internationale.

La nouvelle société ambitionne d’être à la pointe de la recherche et du progrès technologique, grâce à l’exploitation conjointe des capacités de R&D de ses fondateurs. Elle s’appuiera sur des investissements cumulés dépassant les 4 milliards d’euros par an en recherche et développement, notamment dans des domaines clés tels que l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le quantique et le cloud.

Une mise en œuvre progressive d’ici 2027

Avant de devenir opérationnelle, la nouvelle entité devra obtenir les autorisations réglementaires nécessaires et respecter les procédures d’information et de consultation des représentants du personnel au sein des trois groupes. Une fois ces étapes franchies, la société pourrait être pleinement fonctionnelle à partir de 2027, marquant ainsi la naissance d’un acteur européen de premier plan dans l’industrie spatiale mondiale.

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