Apprentissage en Occitanie : le Medef alerte sur une baisse alarmante des contrats

Alors que l’Occitanie avait doublé son nombre d’apprentis en cinq ans, les nouvelles règles de financement mettent en péril cette dynamique. Le Medef Occitanie dénonce un coup d’arrêt brutal, chiffres à l’appui, et appelle l’État à corriger le tir dans la prochaine loi de finances.

En Occitanie, l’apprentissage marque le pas : –5,3 % de contrats au 1er semestre 2025, une alerte forte pour une filière pourtant essentielle à l’insertion des jeunes. (Photo Pixabay)

En Occitanie, l’apprentissage marque le pas : –5,3 % de contrats au 1er semestre 2025, une alerte forte pour une filière pourtant essentielle à l’insertion des jeunes. (Photo Pixabay)

En Occitanie, l’apprentissage était devenu un levier puissant d’insertion pour les jeunes, avec près de 80 000 apprentis en 2024, soit deux fois plus qu’en 2019. Cette croissance spectaculaire, fruit d’une politique volontariste lancée en 2018, avait contribué à faire reculer le chômage des jeunes et renforcé le lien entre formation et emploi. Mais depuis le début de l’année 2025, les signaux d’alerte se multiplient.

« Les retours du terrain et les remontées des entreprises sur l’ensemble de la région montrent que cette réforme du financement de l’apprentissage va désorganiser durement cette filière, véritable gisement d’emplois pour les jeunes », avertit Samuel Hervé, président du Medef Occitanie.

Des coûts en hausse pour les entreprises

Depuis le 1er juillet 2025, il en coûte 750 euros de plus aux entreprises pour recruter un apprenti en Bac+3 ou Bac+5. À cela s’ajoutent des mesures entrées en vigueur dès le 1er mars, notamment une réduction du taux d’exonération des cotisations salariales — passé de 79 % à 50 % du Smic — et l’imposition de la part de rémunération dépassant ce seuil à la CSG et à la CRDS.

Autre sujet d’incompréhension : la différenciation du montant des aides selon la taille de l’entreprise. Les structures de plus de 250 salariés ne perçoivent plus que 2 000 euros de prime, contre 5 000 pour les plus petites. Un système jugé inéquitable et contre-productif par de nombreux chefs d’entreprise.

Chute des contrats dans plusieurs secteurs clés

Les premiers effets de ces réformes ne se sont pas fait attendre. Au premier semestre 2025, la région enregistre une baisse de 5,3 % des contrats d’apprentissage, soit près de 7 000 jeunes en moins engagés dans ce type de formation. Certains secteurs sont particulièrement touchés.

Le bâtiment prévoit une réduction de 10 % de ses recrutements. La banque, entre 15 et 20 % de moins. L’Éducation nationale, acteur majeur du dispositif, enregistre déjà une chute de 50 % des contrats à date. Le secteur de la santé subit également une baisse de moitié, un signal particulièrement inquiétant au regard des besoins croissants de ce domaine.

Un modèle menacé malgré son efficacité prouvée

L’apprentissage a pourtant démontré sa capacité à répondre à la fois aux besoins économiques et aux enjeux sociaux. Entre 2019 et 2022, un tiers des 1,2 million d’emplois créés en France provenait des contrats en alternance. Le taux d’insertion des jeunes est lui aussi significatif : 71 % des apprentis trouvent un emploi dans les six mois suivant l’obtention de leur diplôme.

Le dispositif contribue également à une forme d’égalité des chances. Les jeunes issus de milieux modestes y sont deux fois plus représentés que dans les filières classiques. En s’attaquant à cette filière, c’est tout un cercle vertueux qui risque de s’effondrer.

Un appel clair au gouvernement

Pour Samuel Hervé, la voie est toute tracée : « l’État doit urgemment revoir sa copie, car, en plus de créer de l’emploi et de la confiance pour nos jeunes, un euro investi dans l’apprentissage rapporte 1,09 euros aux finances publiques. »

Le Medef Occitanie milite pour une aide unique et équitable à hauteur de 4 500 euros pour toutes les entreprises, quel que soit leur effectif, et quel que soit le niveau de diplôme de l’apprenti. Le syndicat patronal régional attend que cette alerte soit prise en compte dans la prochaine loi de finances. À défaut, c’est une génération entière d’apprentis et d’entreprises formatrices qui pourrait payer le prix de décisions jugées court-termistes.

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