Béziers. L'ancienne prison est réhabilitée en hôtel trois étoiles : un projet unique en France

A partir du jeudi 1er juin 2023, à Béziers (Hérault), l’Hôtel la Prison sera ouvert au grand public. L’hôtelier Mando et l’agence A+ Architecture ont métamorphosé l’ancienne maison d’arrêt fermée depuis 10 ans en un hôtel de luxe atypique. Un projet unique en France.

 

Des expositions d'artistes seront prévues dans différents endroits de l'Hôtel la Prison deux fois par an. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Des expositions d'artistes seront prévues dans différents endroits de l'Hôtel la Prison deux fois par an. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

Envie d’une grande évasion ? Séjournez à l’Hôtel la prison ! C’était l’idée folle de l’hôtelier Mando accompagné de l’agence A+ Architecture. Durant plusieurs mois de travaux, ils se sont efforcés de conserver la mémoire dans l’ancienne maison d’arrêt, le transformant en un espace multifonctionnel.

"Exprimer notre perception du monde"

Ainsi, l’ancien chemin de ronde, la cour dédiée à la promenade et les cellules ont été repensées pour accueillir un lieu de vie de 50 chambres composé d’un restaurant, d’une terrasse panoramique, de salles de séminaires, d’une boutique et d’un couloir de nage de 12 mètres. Un investissement de huit millions d’euros, soutenu par la Fonds Tourisme Occitanie, la BPI, la ville de Béziers, la caisse d’épargne, le Crédit Agricole et la Région Occitanie, s’insère dans l’aménagement d’une nouvelle promenade touristique reliant les écluses de Fonséranes et la Cathédrale de Béziers (Hérault).

« Métamorphoser un tel monument nous a ainsi offert la possibilité d’exprimer notre perception du monde, tant architecturale que humaine tout en respectant ce chargé d’histoire. Nous avons souhaité combiner un art de vivre et une façon d’être, pour y mêler architecture, décoration, art, savoir-faire des artisans, gastronomie, vin et bien-être », souligne Philippe Bonon, fondateur de l'agence A + Architecture.

Une prison de luxe

On accède à l'Hôtel la Prison par le haut, depuis le parvis de la cathédrale Saint Nazare. Passé la porte, on arrive directement au 4e étage du bâtiment principal pour découvrir le vide sur le hall emblématique dont les coursives métalliques desservent les cellules maintenant transformées en chambres.

Toutes les trois cellules, deux chambres se sont installées, les fenêtres ont été agrandies pour voir la Cathédrale Saint Nazaire ou la plaine du Narbonnais, la cellule au centre a été divisée en deux pour offrir à chacune une grande salle et les plafonds voûtés ont été conservés. Des chambres plus modestes se situent dans d’autres locaux, anciens bureaux des employés.

Terrasse panoramique

Plus bas, émerge la seule construction neuve, la « demi-lune » du restaurant. Elle a été construite sur les murs des cours de promenade. Sa toiture métallique se pose sur de vastes baies vitrées qui s’ouvrent sur sa terrasse panoramique, l’ancien tour de ronde. Concernant l’ensemble des meubles, ils ont été tous chinés ce qui procure un charme tout à fait original.

L'ensemble des acteurs ayant participés à la réhabilitation de l'ancienne prison. (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)
L'ensemble des acteurs ayant participé à la réhabilitation de l'ancienne prison... avec notamment l'acteur Christophe Lambert ! (Photo : Dorian Alinaghi - Entreprises Occitanie)

De la guillotine au cinéma

Pour comprendre les lieux, faisons un peu détour vers le passé. Avec l’apparition au XIXe siècle de textes législatifs instaurant une distinction entre maison d’arrêt et maison centrale, la Ville de Béziers prend conscience d’avoir un établissement plus spacieux et plus sûr. Le projet de construire un nouveau centre pénitencier voit le jour. C’est en 1843 que la famille Marc souhaite vendre un terrain de 3200 hectares situé près de l’ancien évêché.

En raison du surpeuplement des prisons de l’Hérault et des bagnes de France (Toulon, Brest, Rochefort) la révolution de 1848 va bouleverser et accélérer le projet. L’acte de vente du terrain est en 1850 (57 500 francs) par le Conseil municipal et le Conseil général. Après les devis de constructions acceptés par le Ministère de l’Intérieur, de l’Agriculture et du Commerce, la démolition des bâtiments qui se trouvaient sur le terrain débute en 1850. C’est en 1857 que l’aménagement se termine.

Prison désaffectée en 2009

La prison sera mise en service dix ans plus tard pour les détenues et le personnel. La maison d’arrêt prit de l’importance en 1939 car elle dispose de la guillotine. Neuf exécutions ont eu lieu dont celles de deux jeunes garçons René-Antoine Fournial et Elie Hubert Bébes en 1949. Initialement prévue pour 48 prisonniers, la prison est victime de son surpeuplement, qui prend une ampleur considérable. On pouvait y compter jusqu’à 300 détenus.

Elle fut désaffectée en 2009 à la suite de l’ouverture de la nouvelle prison sur un autre site. Par la suite, Roschdy Zem y a tourné son film « Omar m’a tuer ». D’ailleurs, lors de l’ouverture de l’établissement, le réalisateur Claude Lelouch séjournera à l’Hôtel la Prison, étant donné qu’il réalise son prochain film dans les environs.

De 77 à 295 euros

Pour séjourner dans la prison, les tarifs, selon le type de cellule, varient de 77 à 295 euros. De plus, le maire de Béziers, Robert Ménard, a voulu rassurer les premiers visiteurs. « Un magnétiseur est venu sur les lieux et il n’y a aucun mauvais esprit. Que des ondes positives ! Et s’il y a des esprits, ils sont gentils », dit-il en ricanant. Bon séjour !

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