Ga Smart Building veut transformer les bureaux en « facteurs de performance »

Sébastien Matty (crédits Bruno Levy)

Sébastien Matty (crédits Bruno Levy)

Réalisant plus de la moitié de son activité dans l’immobilier tertiaire, le groupe GA Smart Building a été touché par la crise sanitaire. Toujours confiant, le bâtisseur toulousain prend avec dynamisme le cap du « bureau de demain ». Son futur siège en construction quartier Montaudran sera une vitrine de ses savoir-faire en matière environnementale, de bien-être, d’agencement en flex office…

« L’immobilier d’entreprise est en train de prendre un tournant historique » soutient Sébastien Matty, président du groupe GA Smart Building. Installée à Toulouse cette société de promotion-construction, qui emploie 750 personnes et réalise entre 100 000 et 150 000 m² de bâtiments chaque année, utilise un procédé dont elle se qualifie de « chef de file » : la pré-construction hors-site dans une de ses 13 usines françaises, pour ensuite assembler le bâtiment directement sur place. Également spécialisée dans le BIM, outil de modélisation 3D propre au BTP, la société intervient sur les marchés du neuf et de la rénovation dans les secteurs résidentiels depuis peu, mais l’immobilier tertiaire reste son domaine d’activité majeur.

Un chantier sur deux reportés

Avec plus de la moitié de son chiffre d’affaires réalisé dans l’immobilier de bureau (CA 2020 : 300 M€), GA Smart Building a directement subi le recours au télétravail par les entreprises pour lutter contre la crise sanitaire. Une année où « 40% à 45% » des projets de nouvelles implantations d’entreprises ont été mis de côté selon Sébastien Matty, qui reste néanmoins confiant pour le futur : « évidemment qu’actuellement ce n’est pas très dynamique, avec une prise à bail de nouveaux locaux sur deux qui a été reportée. Mais c’est ça la bonne nouvelle : les projets ont été mis en standby, ils ne sont pas annulés. Les entreprises ont conscience qu’elles vont avoir besoin d’avancer, et j’y vois là le signe de l’intervention réussie des dispositifs de soutien aux entreprises ».
Malgré l’arrêt total des chantiers et des usines lors du premier confinement, le président du groupe reste confiant dans la capacité du marché à surmonter la crise, avec une prévision d’un retour à une activité d’avant-crise pour 2022.

« Cette crise a changé le rapport à l’entreprise »

Les entreprises ont-elle toujours besoin de bureaux, et combien de m² ?
Un grand nombre de questions que le président de GA Smart Building s’est également posé en tant que promoteur, et qu’il estime bénéfique : « cette crise a engendré un impact énorme sur la manière de percevoir l’espace de bureau. Maintenant, il faut de bonnes raisons pour y aller, il faut un environnement qui permet de faire ce que l’on ne peut pas faire ailleurs : les rencontres, les services, le bien-être … ce lieu de travail va devoir apporter un niveau de qualité d’usage supérieur et va devenir, encore plus qu’avant, un facteur de performance. Il devra y avoir une transformation du parc tertiaire, car le marché est obsolète d’un point de vue environnemental, bien-être et dans ses usages. D’autant plus que les entreprises ne sont pas parties pour se passer du télétravail, c’est une tendance structurelle de fond qui met à mal le principe des bureaux attitrés. Désormais la tendance ira au flex office, à nous de trouver des solutions. ».

 

Un nouveau siège social pour ouvrir la voie

Installé depuis 2015 dans le quartier La Terrasse, GA Smart Building construit son nouveau siège dans un immeuble de 6 000 m² quartier Montaudran, à proximité de la Halle des machines. L’installation est prévue pour début 2023. Ces nouveaux bureaux qui « matérialisent cette volonté d’aller de l’avant » selon Sébastien Matty, seront un exemple pour la filière : « il faut que ce soit un signe visible de notre vision de l’immobilier tertiaire de demain. Il y aura tout une logique autour des services pour développer un bâtiment vivant et permettre aux gens de se rencontrer. Au niveau santé et bien-être, des dispositifs de qualité de l’air et de gestion de la lumière vont être mis en place, tandis que l’immeuble se veut être un manifeste d’un immobilier bas carbone avec un profil E3C2, soit une réduction de 30 % de l’impact carbone par rapport à un immeuble récent. Pour l’implantation, on a été assez convaincu par le caractère vivant du quartier qui sera un véritable écosystème. »

D’ici peu, GA Smart Building devrait également poser la première brique d’un campus urbain de 30 000m² autour de son nouveau siège social, avec d’autres immeubles du genre proposés à différentes entreprises.

 

Un positionnement à contre-courant sur la future RE2020

La future réglementation environnementale, dite RE2020, inquiète de nombreux acteurs de l’immobilier : prévue pour entrer en vigueur le 1er janvier 2022, cette norme impose aux constructeurs neufs d’utiliser des matériaux pouvant stocker le carbone, comme des matières biosourcées d’origine renouvelable. Seulement cette démarche coûterait au moins 10 % plus cher qu’un programme de construction « classique », paramètre que craignent un grand nombre d’investisseurs. Sébastien Matty, président du groupe GA Smart Building, se réjouit de cette initiative malgré le surcoût du mètre carré qu’elle provoquera : « c’est un levier de transformation de notre industrie, et elle est indispensable pour le futur de notre planète ! Nous, nous aimerions qu’elle aille plus vite (son entrée en vigueur ayant été repoussée d’un an en raison du mécontentement de la majorité des acteurs de l’immobilier), car plus on tarde et plus ce sera douloureux. Il faut s’y lancer pour trouver des solutions et arriver à cet immobilier abordable et vertueux. Si on ne s’y plonge pas, on ne trouvera pas de solutions ».

 

Thomas Alidières

 

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