Au Fousseret, la résidence autonomie Léontine Naves devient le premier foyer senior de Haute-Garonne à se chauffer et à se rafraîchir grâce à la géothermie. Un choix stratégique qui allie confort des résidents, maîtrise des coûts et engagement environnemental.

Emeric Lazard, président de Bio Energies Diffusion et François G. Dauphin, directeur des établissements du CCAS. (Photo Bio Energies Diffusion)
À une époque marquée par l’augmentation du prix de l’énergie et par l’urgence climatique, la résidence autonomie Léontine Naves a franchi une étape décisive. L’établissement du Centre communal d’action sociale (CCAS) du Fousseret est désormais intégralement alimenté par la géothermie, devenant ainsi le premier foyer senior du département à adopter ce mode de production énergétique. Construit en 1984, à une période où EDF soutenait fortement l’électrification, le bâtiment s’inscrit désormais dans une trajectoire résolument tournée vers les énergies renouvelables.
Le projet a été mené en site occupé, une opération délicate compte tenu de la présence des résidents et du personnel. François G. Dauphin, directeur des établissements du CCAS, a souligné l’importance d’une telle démarche : « quand on engage des travaux dans un lieu de vie, il faut être prêt à tout gérer. Les résidents, les équipes, les familles, mais aussi les voisins, chacun est concerné et vit le chantier à sa manière. C’est un quotidien qui demande beaucoup d’écoute, d’adaptation et parfois de patience. Mais au bout du compte, l’effort en vaut largement la peine. Voir les résidents profiter d’un meilleur confort et savoir que nous avons préparé l’avenir avec une énergie plus durable, c’est une vraie fierté collective. »
Un dispositif technique ambitieux
La réalisation a été confiée à Bio Energies Diffusion, acteur de référence de la géothermie dans le sud-ouest. Le chantier a mobilisé un champ de onze forages de 200 mètres de profondeur, reliés à une chaufferie géothermique de nouvelle génération équipée de pompes à chaleur Viessmann. Ce dispositif couvre à la fois le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire et le rafraîchissement estival par géocooling, une technologie permettant de maintenir des températures agréables l’été sans recourir à la climatisation traditionnelle, particulièrement énergivore.
Pour Emeric Lazard, président de Bio Energies Diffusion, l’opération marque un tournant : « ce projet marque une étape importante. Nous pouvons désormais offrir une chaleur stable en hiver et un confort naturel en été, sans dépendre de systèmes de climatisation énergivores. Au-delà de la performance technique, c’est surtout une amélioration concrète pour le quotidien des résidents et des équipes. J’espère que cette réalisation pourra inspirer d’autres EHPAD et résidences autonomie à s’engager dans cette voie, car les bénéfices se font ressentir immédiatement. »
Résilience énergétique et souveraineté locale
Au-delà du confort thermique, la démarche traduit une volonté de renforcer la résilience énergétique du site. Dans un contexte géopolitique incertain et face à la volatilité des prix mondiaux, le recours à une ressource locale, continue et décarbonée permet de sécuriser durablement l’approvisionnement. L’installation offre des coûts plus prévisibles, une moindre dépendance aux fluctuations des marchés et ouvre la voie à une future combinaison avec du photovoltaïque et du stockage pour tendre vers une autonomie énergétique totale.
Ce choix s’inscrit également dans la stratégie portée par la région Occitanie et sa présidente Carole Delga, visant à faire du territoire une « région à énergie positive ». L’opération s’aligne ainsi avec un modèle de sobriété, d’efficacité et de valorisation des ressources renouvelables locales.
La mise en œuvre du chantier a nécessité la mobilisation de plusieurs acteurs locaux. Outre Bio Energies Diffusion, le projet a impliqué Ecovitalis comme maître d’œuvre, Pyretherm pour la plomberie, ECD pour l’électricité et Gallart Bâtiment pour le gros œuvre. Cette synergie illustre la capacité du territoire à faire émerger des solutions concrètes face aux défis énergétiques et climatiques.
Le projet a bénéficié du soutien de plusieurs dispositifs financiers. L’Agence de la transition écologique (ADEME), via son Fonds Chaleur, ainsi que la Dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), ont contribué à réduire le coût global et à accélérer la mise en œuvre. Ces subventions représentent un levier essentiel pour permettre aux collectivités d’investir dans des solutions énergétiques durables tout en maîtrisant leur budget.