Kinéis. L’IoT spatial made in France, c’est pour demain

Avec le lancement de la constellation Kinéis annoncée pour l’été 2023, c’est une solution nationale pour l’internet des objets qui se renforce. Pour démarrer cette aventure portée par Kinéis, jeune filiale de CLS, une levée de fonds de 100 M€ a été mobilisée. La production des 25 nanosatellites est sur le point de démarrer.

Alexandre Tisserant, dirigeant de Kineis.  HD©Nuuk-photographies-Kinéis.

Alexandre Tisserant, dirigeant de Kineis. HD©Nuuk-photographies-Kinéis.

 

« On sort du papier et on démarre dans le dur », annonce Alexandre Tisserant, président de Kinéis qui fait le point sur le calendrier de sa future constellation. Un timing qui suit son cours, malgré la crise sanitaire qui ne retarde finalement que de quelques mois le déroulé du projet. Après la phase d’ingénierie, Kinéis peut donc passer à la production de ses futurs 25 nanosatellites. Kinéis maître d’peuvre système, réalise l’ensemble des infrastructures au sol y compris le réseau mondial de stations, et s’appuie sur Thales Alenia Space pour les charges utiles et le centre de mission, ainsi que sur Hemeria pour la réalisation des plateformes et l’intégration des satellites. Ce prestataire vient d’ailleurs d’aménager deux lignes de production dédiées à cette mission dans ses salles blanches toulousaines.

Champion de la croissance
Kinéis levait 100 millions d’euros en février 2020 pour mener à bien son projet de constellation de 25 nanosatellites dédiés à l’internet des objets (IoT). Un tour de table qui a associé des acteurs variés : CLS 32 %, Cnes 26 %, Bpifrance 20 %, Ifremer, Thales, Hemeria, Celad, BNP Paribas Développement, Ethics Group, MJKD, Consuls Développement, Invest Marel, et d’autres. Cette levée de fonds avait hissé la start-up dès 2021 dans le Next 40, sélection annuelle des 40 start-ups les plus prometteuses de France et ayant pour ambition de devenir des leaders technologiques.  La constellation de Kinéis a pour ambition de compléter l’offre de connectivité terrestre en démocratisant la connectivité spatiale. Les données retransmises et collectées intéresseront les agriculteurs, les énergéticiens, les constructeurs, les transporteurs et autres secteurs économiques qui pourront bénéficier de données de maintenance, de surveillance, de tracking (suivi de déplacements de biens), mais aussi du monitoring (ou du suivi de fonctionnement).  EDF, Schlumberger, Orange et Deutsche Telekom ont déjà signé avec Kinéis. Et bien sûr le groupe de solutions spatiales CLS qui va embarquer cette connectivité dans ses produits de gestion et de valorisation de données.

Une offre technique complémentaire à la connectivité terrestre
 « Nous assurons la connectivité là où le terrestre ne suffit pas », explique Alexandre Tisserant qui considère que « le marché de l’IoT spatial n’est pas si concurrentiel : « avec les annonces de lancements de tous côtés, le grand public pourrait croire que c’est une évidence, mais ce n'est pas si facile que cela. Il n’y a pas beaucoup d’opérateurs sur ce créneau, car réussir un projet spatial de bout en bout reste complexe », explique le dirigeant qui met en avant l’expertise de son équipe dans le domaine. Celle-ci compte aujourd’hui 57 salariés et ils seront une soixantaine au moment du prochain lancement prévu en juillet 2023. La spin-off de CLS soutenue par le Cnes a déjà un chiffre d’affaires, issu de ses systèmes déjà lancés comme les 7 satellites Argos en cours d’opération. Son CA a grimpé de 40 % entre 2019 et 2020 et est passé de 7 à 8,6 M€ entre 2020 et 2021.  D’ici le tir de la constellation, deux autres satellites doivent être lancés cette année par ses partenaires américains et indiens, pour compléter la constellation actuelle.

La durabilité, un des défis techniques
En septembre dernier, l’acteur toulousain annonçait le choix du lanceur Rocket Lab qui tire ses fusées depuis la Nouvelle-Zélande. Dès l’été prochain, la nouvelle constellation circulera sur une orbite polaire à 650 km d’altitude et pour une durée de huit ans, ce qui représente une certaine prouesse par rapport à la durée moyenne des rotations des nanosats qui tourne jusqu’à présent autour de 2 à 3 ans. La durabilité est un des défis de ce projet qui impacte tous les acteurs participants.  La suite ? On estime à 30 milliards le nombre d’objets connectés dans le monde à l’horizon 2030… un vaste marché à conquérir pour Kinéis.

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