La crise dans l'événementiel : "nous avons été les premiers impactés par la crise et nous serons les derniers à en sortir"

Natalie et Jean-François Renac, cofondateurs de Miharu.

Natalie et Jean-François Renac, cofondateurs de Miharu.

L’activité de Jean-François Renac, dirigeant de Miharu, est à l’arrêt. Ce gérant de lieux événementiels en Haute-Garonne et dans l’Aude est le porte-parole de SOS Event 31, le collectif des entreprises locales du secteur événementiel qui s’est créé début mars. Un secteur mis à mal dès le début de la crise et qui sera probablement un des derniers à pouvoir reprendre normalement. 

Ils étaient une dizaine début mars à pressentir un frein de l’activité. Au lendemain de l’annonce du confinement du président Macron, ils étaient une centaine à adhérer à SOS Event 31. Ils sont aujourd’hui 250. Tous sont des chefs d’entreprise haut-garonnais travaillant dans l’événementiel : loueurs d’espaces, hôtels, traiteurs, agences de communication axées sur l’événementiel, prestataires techniques, agences de prestations d’accueil, animateurs, team builders…tous ont éprouvé le besoin de se rassembler et d’échanger sur leurs difficultés.  « Dès fin février, nous avons perçu des difficultés. Au final, nous avons été les premiers  impactés par la crise et nous serons les derniers à en sortir », commente Jean-François Renac, à la tête de Miharu.

La haute saison compromise
Son entreprise gère plusieurs lieux de réception dans et autour de Toulouse (Mas des Canelles, Manoir du Prince, espace événements au Village by CA) et à Narbonne (gestion du Parc des expositions). « A notre échelle, on pense perdre au moins 50 % de notre chiffre d’affaires cette année. La meilleure saison qui va de mi-mai à mi-juillet est compromise et on ne s’est pas comment la reprise prendra forme. » Le manque de visibilité sur la reprise d’activité et ses conditions paralyse la plupart des entreprises du secteur. Lucides, elles ont aussi conscience qu’un retour à la normale ne va pas sauver toutes les situations : la crise économique aura impacté leurs clients et ceux-ci seront peut-être moins pressés d’organiser de grands événements…

Deux à trois millions d’euros de perte chaque semaine
« Depuis fin mars, les entreprises du secteur sur Toulouse et l’agglomération toulousaine perdent en moyenne 2 à 3 M€ par semaine. Nous serons à plus de 115 M€ de perte de CA de mars à fin juin. Les entreprises les plus fragiles souffrant déjà d’un très faible niveau de trésorerie sont menacées : « si 70 % de nos entreprises sont encore là en juin 2021, c’est que l’on aura réussi à gérer au mieux la crise. Les aides et l’appui de l’Etat sont essentiels. Et sur ce plan, nous avons été écoutés.»  En lien étroit avec les fédérations et associations nationales, le collectif SOS Event 31 souhaite que les appuis se renforcent au fur et mesure du temps écoulé sans activité. Rallongement du temps de remboursement des crédits, prolongation du dispositif d’activité partielle, exonération de la CET (CVAE et CFE) pour les entreprises du secteur événementiel pour 2020 et 2021, exonération de la totalité des charges sociales patronales jusqu’en décembre 2021…
A côté de ces conditions d’aide, les entreprises réfléchissent aussi aux possibilités de se diversifier à travers par exemple des e-événements avec de petits groupes invités dans les plus grandes salles (pour respecter les distances entre les personnes) et des retransmissions en direct. Autre idée : transformer les salles d’événements en restaurants… avec son épouse et cofondatrice Natalie, Jean-François Renac étudie ces possibilités. 

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